C’est de l’excellente fantasy. Et c’est un beau conte.

Card - Père-des-pierres - Le Soir (supplément)

L’apprenti sorcier

 

On est dans le monde des mages de Westil, que l’écrivain américain Orson Scott Card a déjà exploré dans La porte perdue et Le voleur de portes. C’est un conte indépendant qui s’adjoint, parallèlement, à la saga. Et c’est un beau conte. Il me fait penser, toute gnangnanterie à part, à ce fameux Apprenti sorcier de Paul Dukas mis en images par Walt Disney dans Fantasia. Car Ruisselet, qui porte un nom d’eau, se découvre des pouvoirs sur la pierre. Il quitte son village de Farzibeck, sans regret, pour gagner la ville. Il arrive à Hetterfery, à côté de Mitherhome, et parvient à se faire engager dans la maison de Briquel, le pierremage. Un mage ? De quoi être fier, non ? Mais la domesticité n’est guère enthousiaste. Un pierremage est nécessaire pour entretenir la cité de Mitherhome mais on le surveille de près : le pouvoir d’un pierremage, qui commande aux minéraux, pourrait abattre la cité. D’ailleurs Ruisselet se rend compte, en espionnant son maître, que d’autres l’espionnent aussi. Qu’il est même quasi en danger. Alors il veut tout faire pour l’aider (et attirer l’attention sur lui, évidemment) et utilise son pouvoir sur la pierre, qu’il découvre bien plus puissant qu’il ne le croyait. Mais patatras, il fait pire que bien et son pouvoir se retourne contre Briquel et contre lui-même. Cette histoire est bien un livre d’Orson Scott Card : il adore les quêtes d’ado confronté à la découverte de son pouvoir, de sa stature, de ses responsabilités. Et qui commet des erreurs qui le font avancer. Comme dans la saga d’Alvin ou celle d’Ender. Il y réussit une fois de plus dans cette fable à la musique sympathique, qui dit beaucoup en ayant l’air de toucher à rien. C’est de l’excellente fantasy.

 

Jean-Claude Vantroyen, auteur de l'article - Supplément du journal "Le Soir", des samedi 25 et dimanche 26 avril 2015

 

 

Publié le 27 avril 2015