On en redemande.

Hôtel Carthagène - Tasha's Books
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J’ai embarqué avec ravissement. Le roman alterne entre le huis clos de plus en plus angoissant du bar de l’hôtel River Palace et l’équipée de Henning par-delà les océans, dont se dégage pourtant la même sensation étouffante.

Ah la la ! Toujours cet art de la surprise, de la gifle finale. Il faut dire qu’en dehors de cet incipit qui fleurait bon la tragédie, ça commençait piano. Au bon sens du terme et avec la mélancolie de Chastity. Faller fête son anniversaire, et autour de lui, ce sont ceux qu’on aime, qui nous tordent le cœur depuis le début, exception faite de Stepanovic qui se fait attendre. 

Et vous voyez, beaucoup de romanciers, à partir d’une situation analogue, nous auraient sorti le grand jeu (et certains avec talent) de l’action, du retournement de situation sur fond d’actes héroïques. Mais pas Simone Buchholz. Chastity et ses fidèles acolytes ne sont pas des fous, ce ne sont pas des stéréotypes sur pattes. Et puis oh ! c’est « open bar », ça tombe bien. Quoi de mieux pour supporter une prise d’otages ? [...]

De volume en volume, l’univers de Simone Buchholz se fait plus sombre, plus tragique. Les pointes d’humour sont pourtant présentes, mais elles sont aussi teintées de douleur. [...]

Hôtel Carthagène laisse nos personnages dans l’introspection, parce qu’ils sont dans l’attente. Chastity observe ses amis, ses amants, et les preneurs d’otages. Elle n’éprouve pas réellement de peur, en tout cas pas pour elle-même. Elle mesure l’étendue du désastre, encore et toujours. [...]

Une fois de plus, Simone Buchholz excelle dans l’art du roman noir, dont elle utilise les codes sans cynisme et sans naïveté, nous écrabouillant le cœur avec sa musique si délicate, ses chapitres aux allures de poème de prose. On en redemande. 

Publié le 26 février 2024

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