Pierre Bordage est sans conteste le meilleur auteur français de "space opera". Encore faut-il prendre l'expression dans son sens le plus moderne, avec l'emphase mise sur le deuxième terme. Il le prouve à nouveau avec ce roman qui a pour protagonistes des chanteurs de l'espace. Soit des bardes cosmiques - ces fameux "griots célestes" du titre - qui ont la difficile mission de tisser un lien symbolique entre les différentes communautés humaines semées à travers la galaxie tout entière par les grandes guerres de la Dispersion et vivant isolées, repliées sur elles-mêmes pour avoir perdu le secret des voyages intersidéraux. Ils représentent la lumière, la liberté, la connaissance, un principe de vie. Il n'est donc pas surprenant que se soit dressé contre eux un principe de mort, une société secrète des adorateurs du Vide, des serviteurs de l'"Enguise", qui les pourchasse et les met à mort. Cette lutte sert de toile de fond au roman de Pierre Bordage, qui a pris le risque d'un récit aussi fragmenté, dans un premier temps, que la civilisation galactique qu'il décrit, changeant d'un chapitre à l'autre les décors et les points de vue.Mais bientôt, après cette entrée en matière kaléidoscopique d'une assez belle virtuosité, le récit adopte un cours moins chaotique, moins elliptique aussi, pour se concentrer autour du tandem formé par le griot Marmat Tchalé et son apprenti, puis disciple, Seke, Celui qui-vient-du-bruit, ainsi que sur leurs missions communes. L'admission de Seke au sein du Cercle des griots a peut-être changé la donne, car chacune de leurs interventions se traduit par de forts bouleversements sur les planètes traversées par le duo. Seke sera-t-il celui qui vaincra l'Enguise ? Le lecteur le découvrira sans doute dans le second volet de l'oeuvre. Le premier, quoi qu'il en soit, lui aura donné l'envie furieuse d'y aller voir...   Le Monde, 12 juillet 2002

Bordage - Griots célestes I - Le Monde

Pierre Bordage est sans conteste le meilleur auteur français de "space opera". Encore faut-il prendre l'expression dans son sens le plus moderne, avec l'emphase mise sur le deuxième terme. Il le prouve à nouveau avec ce roman qui a pour protagonistes des chanteurs de l'espace. Soit des bardes cosmiques - ces fameux "griots célestes" du titre - qui ont la difficile mission de tisser un lien symbolique entre les différentes communautés humaines semées à travers la galaxie tout entière par les grandes guerres de la Dispersion et vivant isolées, repliées sur elles-mêmes pour avoir perdu le secret des voyages intersidéraux. Ils représentent la lumière, la liberté, la connaissance, un principe de vie. Il n'est donc pas surprenant que se soit dressé contre eux un principe de mort, une société secrète des adorateurs du Vide, des serviteurs de l'"Enguise", qui les pourchasse et les met à mort.

Cette lutte sert de toile de fond au roman de Pierre Bordage, qui a pris le risque d'un récit aussi fragmenté, dans un premier temps, que la civilisation galactique qu'il décrit, changeant d'un chapitre à l'autre les décors et les points de vue.Mais bientôt, après cette entrée en matière kaléidoscopique d'une assez belle virtuosité, le récit adopte un cours moins chaotique, moins elliptique aussi, pour se concentrer autour du tandem formé par le griot Marmat Tchalé et son apprenti, puis disciple, Seke, Celui qui-vient-du-bruit, ainsi que sur leurs missions communes.

L'admission de Seke au sein du Cercle des griots a peut-être changé la donne, car chacune de leurs interventions se traduit par de forts bouleversements sur les planètes traversées par le duo. Seke sera-t-il celui qui vaincra l'Enguise ? Le lecteur le découvrira sans doute dans le second volet de l'oeuvre. Le premier, quoi qu'il en soit, lui aura donné l'envie furieuse d'y aller voir...

 

Le Monde, 12 juillet 2002

Publié le 24 août 2009