Dans Abzalon, l'auteur nous entraîne sur un monde du nom d’Ester en proie à des convulsions sociales extrêmes, principalement à cause
de ses religions sanguinaires. Plusieurs populations humaines se déchirent : au Nord, une civilisation technologique brutale qui a déjà épuisé les ressources d’Ester, et au Sud, des fermiers rétrogrades et polygames. Comme à son habitude Pierre Bordage détaille ses personnages ainsi que les sociétés qui les entourent. Sans prendre parti pour l’un des protagonistes, il montre amicalement leurs aspects positifs et cruellement leurs failles.
La petite étoile jaune « Aloboam » est très instable et sera à l’agonie d’ici 20 000 ans, alors il reste peu de temps pour préparer le départ d’un gigantesque vaisseau qui voya- gera plus d’un siècle vers une destination incertaine. Et c’est aux préparatifs de la nef et au voyage lui-même que nous convie ce roman. Ceux qui seront enfermés dans cette prison d’un nouveau genre ont été choisis par une caste à part : « Les Mentalistes », l’élite du peuple du Nord, qui bien évidemment n’a pas demandé d’acceptation pour ce projet.
Le lecteur suit les péripéties de ce voyage sans retour. Une épopée grandiose mais tragique où tout se mêle : la peur, la révolte, la haine, la résignation et sur ce petit peuple enfermé, une grande ombre, celle d’Abzalon. L’ancien monstre, le meurtrier, le seul qui par son physique repoussant, sa puissance, peut contraindre au calme les méchants et restaurer la paix. Un magnifique texte de science-fiction à l’ancienne que j’ai avalé avec gourmandise de bout en bout. Un grand Bordage.

M-C ‘1562’ Bussière