Quel melting pot de folie nous offre Battaglia dans cette grosse brique dont le personnage principal n'est autre que Judas, que l'on connaît tous et toutes comme le plus grand traître de l'histoire biblique ! Pensez, lui qui a livré le Fils de Dieu pour trente pièces, on fait difficilement pire comme sale coup. Oui mais voilà, nous ne connaissons peut-être qu'une version de l'affaire. Car dans ce roman, Judas est l'Amoureux. Il y a 2000 ans, cheminant aux côtés de Jésus, son âme sœur, jamais il n'aurait pensé le trahir. Bien sûr, ils se cachaient des foules curieuses venues écouter les enseignements du Christ, mais difficile en revanche de se cacher du Papa divin qui sait tout et voit tout. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la passion de Jésus et Judas le contraria beaucoup. Et quand on est surpuissant, on a les moyens de châtier les cloportes qui osent contrecarrer Nos plans.
Alors voilà, Judas trahit l'homme de sa vie. 2000 ans plus tard, il ne s'en est toujours pas remis. Immortel, tout comme les autres apôtres ayant reçu le Don, il erre de siècle en siècle, regrettant d'avoir obéi, se désolant de ne jamais avoir accès au seul lieu où il retrouverait son amant, le Paradis. A moins qu'une prophétie récemment déchiffrée ne lui permette de tenter le tout pour le tout... Problème, lorsque le texte est signé de Satan lui-même, jusqu'où peut-on lui faire confiance ?
Aidé par quelques-uns (anciens compagnons de prêche, Peuple de la rue, prostituées menées par la Magdaléenne...), pourchassé par d'autres (dont un Saint-Pierre mégalomane et une troupe d'apôtres vengeurs dignes d'un film de Tarantino), notre héros nous embarque à travers le monde dans sa quête de l'Amour et de la Vérité. Qui sait ce que tout ce raffut va déclencher !
Tel un enfant espiègle, Philippe Battaglia joue avec le matériau de base que sont les récits bibliques. On ressent chez lui une grande tendresse pour les personnages cabossés et extrêmement humains dans leurs imperfections, ainsi que pour les parcours de vie atypiques. Jamais irrespectueux, souvent drôle et grand-guignolesque, il nous propose un récit d'aventure mystico-pulp survolté, un brin punk et très divertissant ! Et ce final, quel feu d'artifice !