Ce roman aura été une vraie claque.

La Dernière Tentation de Judas - Les mots magiques
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Lors d’un de mes derniers passages à la librairie Le Nuage Vert, je me suis procuré La Dernière tentation de Judas de Philippe Battaglia et je dois dire que ce livre aura été un vrai régal !

Voilà près de 2000 ans que Judas a trahi Jésus. Près de 2000 ans qu’il doit vivre avec la culpabilité d’avoir causé la mort de l’homme qu’il aimait, qu’il aime encore, après tous ces siècles. Mais tout pourrait changer maintenant qu’a été découvert un Evangile apocryphe qui pourrait permettre à l’Amour de retrouver l’Amour.

Ce roman aura été une vraie claque. J’y suis allé un peu pour le côté décalé et beaucoup, je l’avoue, pour la dimension blasphématoire du texte. Mais au fur et à mesure de ma lecture, j’ai compris que l’auteur nous offrait tellement plus que ça !

Ceci étant dit, ce roman ne plaira pas à tout le monde. Ca semble évident compte tenu du pitch mais c’est un texte plutôt très provocateur dans l’idée. Forcément, ça ne peut pas faire l’unanimité, et d’autant plus pour les personnes croyantes qui risquent d’être mal à l’aise, peut-être même indignées.
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Pourtant, je ne crois pas que ce soit là l'intention de l'auteur. Bien sûr qu'il cherche à provoquer, à faire réagir, mais je n'ai pas la sensation qu'il veuille vraiment critiquer la religion et juger les gens qui la pratiquent (pas tous en tout cas). Il parle plutôt du vrai problème de la religion : l'interprétation que certains en font pour servir leurs intérêts ou justifier, voire même excuser, certains de leurs comportements.

Le résumé de l'éditeur aborde le fait que certains apôtres vont prendre position les uns contre les autres, et j'y vois là une métaphore de la religion et de toute son ambivalence. On a d'un côté le Commando Pascal qui représente tout ce qu'on pourrait reprocher à la religion comme le sectarisme, le fanatisme ou la répression, et de l'autre côté l'Amoureux, l'Incrédule, le Publicain et certains de leurs comparses qui représentent tous les aspects positifs, ceux qui sont censés être à la racine même de la religion, à savoir la bienveillance, la tolérance et la fraternité.

Pour moi, ce texte va donc bien au-delà de son côté provocateur. Loin de critiquer la religion en tant que telle, c'est plutôt une critique de l'humanité au sens large, traitée avec justesse et nuance. Une réflexion sur l'ambivalence de la nature humaine, autant destinée à nous faire réfléchir qu'à nous divertir. C'est aussi, surtout, un roman résolument engagé. Pas de surprise de ce côté là compte tenu du pitch mais c'est un roman queer, bien sûr. C’est aussi un roman féministe. Le sexisme y est ouvertement dénoncé, notamment (mais pas seulement) à travers l'histoire de la toute première femme à avoir souffert du sexisme, la toute première femme tout court, Lilith.

Maintenant que j'ai allègrement parlé du fond, parlons un peu de la forme. Le roman est séparé en trois Livres, chaque Livre commençant par quelques passages mis en page comme s'il s'agissait vraiment d'un texte biblique. Bon je n'ai pas le vocabulaire qui va bien, n'étant pas très pointu dans ce domaine, mais en tout cas c'est une petite touche très sympa qui met bien dans l'ambiance.
 
Publié le 21 février 2025

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