Parfois on découvre des livres qui ont l’air écrit pour nous ! Je l’ai senti dès les premiers instants où j’ai posé les yeux sur cette couverture qui réinvente « Le Baiser de Judas » de Giotto façon pop art. Dès que j’ai lu dans le résumé que l’auteur imagine que Judas n’a jamais trahi Jésus (comme dans la nouvelle de Borges), qu’ils étaient amants et que Judas n’est jamais mort mais qu’il ère sur terre depuis 2000 ans en espérant retrouver Jésus ! Quel pitch de dingue !!
Ce livre est à l’intersection de trois genres que j’adore ! Le premier, c’est le récit à la Umberto Eco, qui joue avec les mythes, qui transforme la matière historique en matière romanesque. Le deuxième c’est le récit queer, transgressif, punk ! Le troisième, c’est le récit post-moderne teintée de pop-culture ! Ce qui est fort, c’est que tout tient, que tout fait sens !
Le livre est très drôle et on pourrait croire qu’il s’agit d’une simple blague, d’un simple jeu, mais s’en dégage une analyse et une interprétation très fine de l’ancien et du nouveau testament. L’auteur nous décrit un Jésus révolutionnaire politiquement et socialement. Un Jésus qui veut tout faire voler en éclat. Un Jésus qui s’est entouré des voleurs et des putes pour renverser le monde. L’auteur valide une analyse avec laquelle je suis totalement d’accord, Jésus est le premier gauchiste de l’Histoire !!
Et il oppose à ce Jésus, figure de la révolution, des forces conservatrices menées par Saint Pierre qui a fait de l’Eglise une institution ultra réactionnaire, et surtout il oppose Jésus à son père vu comme un tyran conservateur qui joue avec les vies humaines sans aucune considération. Ça peut sembler totalement blasphématoire mais finalement l’auteur nous propose une sorte de nouvel évangile centré sur un amour qui n’exclue personne !