Dans La Dernière tentation de Judas de Philippe Battaglia, les apôtres et Judas ont reçu l’Esprit-Saint, ils sont devenus immortels. C’est un peu plus compliqué pour Lazare qui vit caché car il sait ce qui l’attend s’il meurt à nouveau. Tous ces braves gens ont continué à vivre et à s’adapter aux évolutions du monde. Le Pape et l’Église posent la question de ce que l’Église catholique a fait du message du Christ. Le roman se concentre sur Judas et son histoire d’amour de très longue durée avec Jésus. Il n’est pas facile de vivre 2 000 ans quand on est Judas. Mais au fait, pourquoi Judas a-t-il trahi ?
La Dernière tentation de Judas est un roman érudit, foutraque, drôle et parfois horrifique (ces descriptions de torture convoquant l’Inquisition…). En parallèle du combat des apôtres contre les démons, il y a une quête divine (cette excellente idée des 30 deniers !), mais aussi une quête d’humanité dynamitée aux images tarantinesques avec quelques relents d’espionnage à la James Bond. Attention, même si nous sommes dans le nouveau testament, le Dieu qui règne sur ce livre est celui de l’ancien, plutôt… cruel. Nous marchons en terrible compagnie vers l’Apocalypse.
Le livre trouvera plus sa place aux côtés de L’Agneau de Christopher Moore ou des Marvel que du côté des polars ésotériques. Il n’est pas étonnant que La dernière tentation de Judas soit édité par L’Atalante où l’on croise par ailleurs l’inénarrable Terry Pratchett. Le seul hic est pour moi au niveau de l’écriture, très visuelle (pour ne pas dire graphique) et parfois un peu répétitive dans ses effets. Quoi qu’il en soit, la lecture de ce roman est indispensable, Battaglia redonne le Christ (« ce gars à nous ») au peuple.
La Dernière tentation de Judas vient de recevoir le Prix Utopiales 2025.
Emeric Cloche