J'ai très largement préféré ce tome au précédent. En effet, j'y ai retrouvé, avec le même plaisir, la connaissance approfondie qu'a l'auteure des conditions spatio-temporelles où se déroule l'histoire, ce qui m'a garanti une immersion complète.

Les chroniques de l'imaginaire
Article Original

Le roman commence là où le précédent s'était arrêté, soit après le départ de Sibylle pour les montagnes, et l'enlèvement de Shudjâ par les Noirs. Peir Esmalit, une fois remis de sa rage, et ne pouvant rejoindre son exaspérante épouse, décide de faire son possible pour sauver le faqîr, ne serait-ce que pour l'assommer lui-même. Aussi part-il, avec Hassan Dilêgur, Mascelin et Suleyman, pour Mossoul, où Dilêgur pense pouvoir trouver le début d'une piste.

Et en effet, avec l'aide à la fois d'un éminent banquier juif et de la plus haute truanderie de la ville, ils réussissent à découvrir la zone où le Daylami est retenu prisonnier. Yahya, informé par Suleyman et qui les a retrouvés en route, prêtera heureusement ses talents à cette quête, à laquelle ils n'auraient sans doute pas survécu sans lui, étant donné la sorcellerie déployée par les geôliers du faqîr.

Pendant ce temps, Sibylle poursuit une route difficile, avec son guide, vers ceux qui pourront lui dire où retrouver la coupe, la rose de Djam. Elle aura à lutter non seulement contre les hommes, mais aussi contre les ombres, et ses propres mauvais penchants, mais elle trouvera des aides inattendues, et d'abord en elle-même, en retrouvant des souvenirs enfouis depuis longtemps en elle.

J'ai très largement préféré ce tome au précédent. En effet, j'y ai retrouvé, avec le même plaisir, la connaissance approfondie qu'a l'auteure des conditions spatio-temporelles où se déroule l'histoire, ce qui m'a garanti une immersion complète. Par ailleurs, je n'y ai pas relevé les inconvénients qui avaient terni ma découverte de ce monde, et surtout, le couple Peir-Sibylle étant séparé, je n'ai été agacée ni par leurs querelles, ni par leurs réconciliations.

A ce propos, j'ai relevé une véritable évolution de ces personnages d'un tome à l'autre, d'une façon plaisamment différente, d'ailleurs : Sibylle, après tout ce qu'elle a vécu, a mûri et grandi, et ne fait pas montre ici de ces irritants comportements d'enfant gâtée, et ce que l'on apprend de l'enfance et de l'histoire de Peir, avec l'explication de son nom d'Esmalit, lui donne une cohérence, et une épaisseur, bienvenues, tout en l'inscrivant dans son temps, avec les croyances propres à l'époque, et en expliquant à quel point il est susceptible d'être l'objet d'un chantage de la part de quelqu'un qui le connaîtrait depuis longtemps.

Par ailleurs, si l'action n'est ni plus ni moins présente que dans le roman précédent, et s'il s'y agit également d'une quête, je m'y suis davantage investie, sans doute parce que la plus grande partie de l'histoire porte sur le sauvetage d'un personnage auquel je me suis attachée, tout agaçant qu'il puisse être. D'autre part, les nouvelles figures qui apparaissent m'ont convaincue, qu'il s'agisse de Shâmarân, femme forte dans un monde si majoritairement masculin, ou de Sassun, qui de surcroît apporte un éclairage très bienvenu sur Bastian de Terra Nuova, oncle et tuteur de Sibylle.

On trouve à la fin de ce volume, comme du précédent, des annexes et un vocabulaire fort utiles. Les annexes, surtout, m'ont particulièrement intéressée, je les ai trouvé autant éducatives qu'utiles, et elles peuvent se lire aussi bien avant le roman qu'après. J'ai aussi beaucoup apprécié le résumé du tome précédent en début d'ouvrage : je lis beaucoup, et mes lectures ont tendance à se brouiller dans ma tête. Or, comme ce roman s'enchaîne sans rupture avec le précédent, j'aurais peiné sans ce rappel des personnages et de leurs (més)aventures.

En somme, j'ai passé dans La grotte au dragon un fort bon moment de lecture, et j'attends à présent la suite avec impatience.

 
 
Publié le 6 septembre 2019

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