Catherine Coquio
Retours du colonial ?
Disculpation et réhabilitation de l'histoire coloniale française
Après une longue amnésie, l’État français semblait entrer au début des années 2000 dans une phase de confrontation avec son histoire coloniale. Évoquer, par exemple, la « guerre d’Algérie » et le massacre de Sétif ne posait plus de problème à la mémoire collective. Mais, à la faveur du vote d’un texte de loi qui entendait contraindre les professeurs d’histoire à « enseigner de manière positive la présence de la France dans ses colonies et en Outre-Mer » (la fameuse loi de février 2005 finalement abrogée) puis d’un discours régressif du président Sarkozy en juillet 2007 à l’université de Dakar (« Jeunes d’Afrique, je ne suis pas venu vous parler de repentance » ; « Ce sont des Africains qui ont vendu à des négriers d’autres Africains »), nous constatons un retour aux heures noires de l’idéologie coloniale.

Essai exigeant mais accessible, Retours du colonial ? met en perspective la politique de l’État français à l’égard des territoires et des populations issues de ses anciennes colonies, les analyses et recherches consacrées à ces questions, et les idées qui circulent à ce sujet dans l’opinion. Cet ouvrage collectif conduit de manière salutaire une réflexion sur ce qui s’est constitué et perpétué à partir de la relation coloniale aux plans politique, économique et culturel.
 
 
 
Sous la direction de
 
Catherine Coquio Cofondatrice et présidente d’Aircrige, créatrice en 2000 du centre «Littérature et savoirs à l’épreuve de la violence politique. Génocide et transmission» (Paris-IV). Actuellement professeur de littérature comparée à l’université de Poitiers, membre du Forell et du GREVE (Paris-VIII), elle a notamment publié Rwanda. Le réel et les récits (Belin, 2004), une introduction aux Œuvres de Primo Levi (coll. «Bouquins», Laffont, 2005), L’Art contre l’art. Baudelaire, le «joujou» et la «décadence» (Méthodes!, 2006), et, en collaboration avec Aurélia Kalisky, L’Enfant et le génocide. Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah, coll. «Bouquins», Laffont, 2007. Elle a édité plusieurs ouvrages collectifs, dont : Parler des camps, penser les génocides (Albin Michel, 1999), L’Histoire trouée. Négation et témoignage (L’Atalante, 2004), et avec Carol Guillaume, Des crimes contre l’humanité en République française. 1990-2002 (L’Harmattan, 2006).
 
Nils Andersson Fondateur de La Cité Éditeur (Lausanne), qui a réédité La Question d’Henri Alleg et plusieurs ouvrages d’auteurs français et algériens dénonçant la guerre d’Algérie. Il s’est alors engagé parallèlement avec les réseaux de soutien au FLN et d’insoumis et déserteurs, et dans des actions de solidarité avec le parti Sawaba du Niger, le MPLA angolais et d’autres mouvements d’indépen­dance. Membre de la rédaction de Partisans, collaborateur à Révolution africaine. Contributions récentes : «La résistance à la guerre d’Algérie. Le rôle de l’édition» (Les Temps modernes), «La censure en échec» (in Le 17 octobre 1961, un crime d’État à Paris, La Dispute), «Le témoignage dans le travail d’histoire : l’exemple algérien» (in L’Histoire trouée, négation et témoignage, L’Atalante), «Ils refusèrent l’ordre colonial» (Recherches internatio­nales). Sur les éditions La Cité, voir Livre et militantisme – La Cité-Éditeur 1956-1967 (Ed. d’En-Bas, Lausanne); L’Expulsion, documentaire de la Télévision suisse romande.
 
Pascal Blanchard Historien, chercheur associé au GDR 2322 du CNRS Anthropologie des représentations du corps (Marseille), spécialiste de l’histoire coloniale et des immigrations des Suds en France, il dirige le groupe de recherche ACHAC depuis 1989. Il a publié ou codirigé une vingtaine d’ouvrages, dont La République coloniale (Albin Michel, 2003), Images et Colonies (BDIC, 1993), Le Paris noir (Hazan, 2001), Le Paris arabe (La Découverte, 2004), Culture coloniale (Autrement, 2003), Culture impériale (Autrement, 2004), La Fracture coloniale (La Découverte, 2005), Zoos humains (La Découverte, 2004), Marseille, Porte sud (La Découverte / Jeanne Laffitte, 2005), La Colonisation française (Milan, 2007) et Culture postcoloniale (Autrement, 2006). Il vient de codiriger, avec Léla Bencharif et Nicolas Bancel, Lyon, Capitale des outre-mers (La Découverte, 2007).
 
Éloïse Brezault Titulaire d’un doctorat en littérature comparée à Paris-III sur les ­nouvelles tendances de la fiction dans l’Afrique francophone entre 1990 et 2000. A travaillé au CRDP de Paris où elle a créé une collection en ligne pour étudier les littératures francophones au collège et au lycée : «Parcours ­littéraires francophones» (http://crdp.ac-paris.fr/parcours/). Elle travaille à la programmation de l’émission littéraire sur RFO, Tropismes, et a publié dans différents journaux et revues universitaires. Elle est actuellement «visiting scholar» à l’université de New York dans le département de «médias et ­culture» où elle travaille à la traduction d’un roman de la Ghanéenne Ama Ata Aïdoo.
 
Alice Cherki Psychiatre, psychanalyste, auteure de Frantz Fanon, portrait, Le Seuil, Paris, 2000, et de La Frontière invisible aux éditions Elema qui a reçu le prix Œdipe 2007. A également publié de nombreux articles dans Intersignes, ­Psychologie clinique.
 
Laure Coret Secrétaire d’Aircrige et membre du Groupe de recherche sur la violence extrême (Paris-VIII). Auteure d’une thèse de littérature comparée intitulée «Traumatismes collectifs et écriture de l’indicible : les romans de la réhumanisation (Afrique francophone, Antilles, Brésil)», décembre 2007, Paris-VIII. Responsable d’édition de Rwanda 1994-2004 : des faits, des mots, des œuvres – autour d’une commémoration, publié dans la collection «Esthétiques» de L’Harmattan (2005), et coéditrice avec F.-X. Verschave du rapport de la Commission d’enquête citoyenne pour la vérité sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda, L’Horreur qui nous prend au visage, Karthala, 2005.
 
Alain Deneault Auteur d’une thèse de philosophie sur le concept d’économie chez Georg Simmel (Paris-VIII – Centre Marc-Bloch de Berlin), d’articles sur les paradis fiscaux et le problème de la «souveraineté offshore», d’un livre sur l’ex-Premier ministre du Canada Paul Martin (Paul Martin et Cie, VLB), actionnaire unique d’une importante compagnie maritime qui enregistre ses affaires dans les paradis fiscaux. Il a dirigé un collectif sur les entreprises canadiennes en Afrique, Noir Canada, éditions Écosociété, 2008.
 
Boubacar Boris Diop Né au Sénégal, romancier et essayiste, il a longtemps exercé le métier de journaliste et dirigé le quotidien indépendant Le Matin de Dakar, tout en travaillant au ministère de la Culture comme conseiller technique et en enseignant la littérature et la philosophie à l’université. Après plusieurs romans, Le Temps de Tamango (1981), Les Tambours de la mémoire (1991), Le Cavalier et son ombre (1997), son œuvre connaît un tournant à l’issue de son séjour au Rwanda en 1998 dans le cadre de Fest’Africa, qui lui inspire le roman Murambi. Le livre des ossements (2001). En 2003, il rédige en wolof le roman Domi Golo. Viennent ensuite L’Impossible Innocence (2005), Les Chiens du crépuscule (2006), et plusieurs essais relatifs aux réalités africaines au-delà des projections dont elles sont l’objet, en particulier en France : dans Négrophobie (Les Arènes, 2005), il répond avec Odile Tobner et François-Xavier Verschave au livre du journaliste Stephen Smith, Négrologie, ou comment l’Afrique se meurt, puis publie L’Afrique au-delà du miroir, 2007.
 
Sévane Garibian Auteure d’une thèse de droit portant sur la notion de crime contre l’humanité. Membre d’Aircrige, ainsi que de la Société française pour le droit international et de l’International Association of Genocide Scholars. Publications récentes : «A Commentary on David Scheffer’s Concepts of Genocide and Atrocity Crimes», Genocide Studies and Prevention, vol. 2, no 1, 2007, pp. 43-50; «Crimes Against Humanity and International Legality in Legal Theory After Nuremberg», Journal of Genocide Research, vol. 9, no 1, 2007, pp. 93-111; «Pour une lecture juridique des quatre lois “mémorielles”», Esprit, février 2006, pp. 158-173.
 
Philippe Hauser Enseigne la philosophie à Nancy. A publié l’essai La Désolation du monde (L’Harmattan, 2005), et un livre d’entretien avec François-Xavier Verschave, Au mépris des peuples. Le néocolonialisme franco-africain (La Fabrique, 2004). Il a publié des articles à caractère politique dans plusieurs revues, dont Drôle d’époque, qu’il a codirigée pendant plusieurs années.
 
Aurélia Kalisky Vice-présidente d’Aircrige, doctorante en littérature comparée à Paris-III et au Zentrum für Literaturforschung de Berlin. Ses recherches portent sur les formes culturelles et politiques de la mémoire de la Shoah et des génocides, et sur les littératures de la Catastrophe juive. A publié, entre autres : «Ces morts innombrables sont notre affaire à tous. La mémoire de la Shoah en France, entre “travail” et “politique”», in C. Coquio et C. Guillaume, Des crimes contre l’humanité en République française (L’Harmattan, 2006); «D’un génocide à l’autre. Des références à la Shoah dans l’écriture de l’histoire du génocide des Tutsis du Rwanda», Revue d’histoire de la Shoah, no 181). Auteure avec C. Coquio de L’Enfant et le génocide. Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah, coll. «Bouquins», Laffont, 2007.
 
Koulsy Lamko Né au Tchad, il est écrivain-dramaturge, acteur et musicien. Ses activités artistiques et son engagement politique l’ont amené à vivre au Rwanda, où il a animé pendant plusieurs années un centre d’art dramatique à l’université de Butare quelques années après le génocide, au Burkina Faso et dans d’autres pays d’Afrique où il a exercé ce qu’il appelle sa profession d’«activiste de la culture». Aujourd’hui il réside au Mexique où il est professeur de dramaturgie et chercheur à l’Institut des arts de l’université autonome de l’État d’Hidalgo. Il a créé en 2007, avec le compositeur Zé Manel Fortes, le spectacle Bintou were, un opéra du Sahel, représenté au Mali, à Amsterdam et à Paris (Théâtre du Châtelet, octobre 2007) : le livret, corédigé avec Wasis Diop (Sénégal), annonce un «monde de l’émigra­tion» en évoquant l’histoire d’une jeune enfant soldat qui rêve d’une vie meil­leure en Europe. Il a organisé la même année, en hommage à Thomas Sankara, président du Burkina Faso assassiné en 1987, la «Caravane Sank», série de spectacles et de débats, qui a circulé dans toute la France et à l’étranger.
 
Antony Mangeon Auteur d’une thèse consacrée aux auteurs afro-américains de la Renaissance de Harlem et aux auteurs et penseurs africains postcoloniaux, soutenue à l’université Cergy-Pontoise («Lumières noires, discours marron»), il travaille sur les rapports entre littérature et savoirs chez les écrivains africains et africains-américains. Il a enseigné dans les universités de Stanford et Cergy-Pontoise et est actuellement maître de conférences en littérature française et francophone à l’université Paul-Valéry (Montpellier-III).
 
Bernard Mouralis Professeur émérite à l’université de Cergy-Pontoise où il a créé et dirigé l’UFR de lettres et sciences humaines et le Centre de recherche texte / histoire. Il a enseigné auparavant à l’université de Lille-III ainsi que dans plusieurs universités africaines (Abidjan, Lomé, Cotonou). Ses publications portent sur la littérature de langue française de l’Afrique subsaharienne, la relation franco-africaine et la théorie de la littérature. Il a publié notamment : Individu et collectivité dans le roman négro-africain d’expression française (1969), L’Œuvre de Mongo Beti (1981), Littérature et développement (1984), V. Y. Mudimbe ou le discours, l’écart et l’écriture (1988), Les Contes d’Amadou Koumba de Birago Diop (1991), L’Illusion de l’altérité. Études de littérature africaine (2007); Montaigne et le mythe du bon sauvage (1989), L’Europe, l’Afrique et la folie (1993), République et colonies (1999), Les Contre-Littératures (1975), Questions générales de littérature, en collaboration avec Emmanuel Fraisse (2001).
 
Marc Nichanian Après avoir été professeur à Columbia University, New York, de 1996 à 2007, il enseigne aujourd’hui à l’université Haigazian de Beyrouth, comme professeur d’études arméniennes. Outre ses publications américaines, il a publié en français La Perversion historiographique (Léo Scheer, 2006; à paraître aux États-Unis), et Entre art et témoignage. Littératures arméniennes au xxe siècle : I. La Révolution nationale; II. Le Deuil de la philologie (MétisPresse, 2006 et 2007). Ces deux derniers livres inaugurent une série sur la littérature arménienne au xxe siècle, dont le troisième tome est prévu pour 2008. Il est également l’initiateur et le responsable d’une publication périodique en langue arménienne, qui regroupe des travaux de critique littéraire, de philosophie et des traductions de textes européens.
 
Gabriel Périès Latino-américaniste, docteur en sciences politiques, enseignant-chercheur à l’INT (Institut national des télécommunications), où il organise le cours «Norme et violence au xxe siècle», chercheur associé au centre Morris-Janowitz de l’IEP de Toulouse. Il a publié de nombreux travaux sur les doctrines militaires contre-insurrectionnelles françaises, et, en collaboration avec Gabriel Servenay, Une guerre noire. Enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994), La Découverte, 2006.
 
Zahia Rahmani Écrivain et historienne d’art, elle a publié deux ouvrages de littérature aux éditions Sabine Wespieser, Moze (2003) et Musulman, roman (2005). Elle dirige actuellement un programme de recherche sur l’art contemporain dans la mondialisation à l’Institut national d’histoire de l’art.
 
Tiphaine Samoyault Professeur de littérature comparée à l’université Paris-VIII, critique littéraire à La Quinzaine littéraire et aux Inrockuptibles. Spécialiste des formes ­narratives européennes au xxe siècle, elle a publié plusieurs essais, dont Littérature et mémoire au présent, Pleins Feux, 2001, L’Intertextualité, mémoire de la littérature, Nathan, 2001, Excès du roman, Nadeau, 1999, ainsi que plusieurs romans, dont La Montre cassée (Verdier, 2004). Elle a coédité avec Christophe Pradeau le recueil critique Où est la littérature mondiale?, Presses univer­sitaires de Vincennes, 2005, et a coorganisé le colloque «Qu’est-ce que le contemporain?» avec Lionel Ruffel et Zahia Rahmani, à Pantin, 30-31 mai 2007.
 
Françoise Vergès Docteur en sciences politiques (université de Berkeley), professeur à Goldsmiths College (université de Londres) et directrice culturelle de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Elle a travaillé sur les théories politiques en postcolonie, les politiques de réparation et les pratiques de créolisation dans les mondes de l’océan Indien. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont un entretien avec Aimé Césaire, La République coloniale, essai sur une utopie, aux côtés de Nicolas Blancel et Pascal Blanchard, et Créolisations indiaocéanes, avec Jean-Claude Carpanin-Marimoutou, et plus récemment La Mémoire enchaînée, questions sur l’esclavage (Albin Michel, 2006).  
Parution
24 avril 2008
Nombre de pages
384
Format
Grand format
isbn13
9782841724260
isbn10
2841724260
Taille
14,5 x 20 cm

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