Voici un ouvrage collectif de littéraires qui ont le sens de l'histoire, ce qui n'est pas si fréquent. À partir d'un colloque sur les crimes contre l'humanité et les génocides, ils ont poursuivi la réflexion sur la relation de la France à son passé colonial, notamment africain. C'est ici le résultat de ce travail collectif original. Dans une solide introduction, Catherine Coquio rappelle les heurts de mémoires contrastées qui ont traduit, ces dernières années, la résurgnce d'un "passé colonial" souvent enfoui, et revenu sous une forme politique et sociale : en France, de la marche des Beurs en 1983 à celle des descendants d'esclaves en 1998, des émeutes de banlieus de novembre 2005 au discours déplorable de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007. A l'étranger, l'auteur rappelle l'évolution des Nations Unies, tardives à condamner la colonisation, en 1960 seulement, sur la base du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Mais l'importance de la conférence mondiale contre le racisme de Durban (2001) est restée quasi lettre morte en Europe. Or elle souligne le lien entre esclavage et colonisation : c'est l'idéal abolitionniste qui paradoxalement a permis de justifier l'expansion coloniale au nom du combat contre "cet horrible trafic, cette infamie" (Jules Ferry, 1885). C'est, conclu Coquio, "sue ce faux dénouement que s'est fondé l'espace colonial comme zone de non-droit intégré à la République". Il est impossible de rendre compte de la richesse de ces dix-neuf communications, toutes plus éclairantes les unes que les autres, oeuvres pour la plupart de spécialistes de littérature comparée, de philosophes, de juristes, de psychologues, d'écrivains ou d'artistes qui examinent tour à tour les facettes de ce "retour colonial" dans ses rapports avec le droit, la mémoire, la politique ou la francophonie. Catherine Coquery-Vidrovitch, l'Humanité, 2 octobre 2008

Coquio - Retours du colonial ? - l'Humanité

Voici un ouvrage collectif de littéraires qui ont le sens de l'histoire, ce qui n'est pas si fréquent. À partir d'un colloque sur les crimes contre l'humanité et les génocides, ils ont poursuivi la réflexion sur la relation de la France à son passé colonial, notamment africain. C'est ici le résultat de ce travail collectif original.

Dans une solide introduction, Catherine Coquio rappelle les heurts de mémoires contrastées qui ont traduit, ces dernières années, la résurgnce d'un "passé colonial" souvent enfoui, et revenu sous une forme politique et sociale : en France, de la marche des Beurs en 1983 à celle des descendants d'esclaves en 1998, des émeutes de banlieus de novembre 2005 au discours déplorable de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007. A l'étranger, l'auteur rappelle l'évolution des Nations Unies, tardives à condamner la colonisation, en 1960 seulement, sur la base du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Mais l'importance de la conférence mondiale contre le racisme de Durban (2001) est restée quasi lettre morte en Europe. Or elle souligne le lien entre esclavage et colonisation : c'est l'idéal abolitionniste qui paradoxalement a permis de justifier l'expansion coloniale au nom du combat contre "cet horrible trafic, cette infamie" (Jules Ferry, 1885). C'est, conclu Coquio, "sue ce faux dénouement que s'est fondé l'espace colonial comme zone de non-droit intégré à la République".

Il est impossible de rendre compte de la richesse de ces dix-neuf communications, toutes plus éclairantes les unes que les autres, oeuvres pour la plupart de spécialistes de littérature comparée, de philosophes, de juristes, de psychologues, d'écrivains ou d'artistes qui examinent tour à tour les facettes de ce "retour colonial" dans ses rapports avec le droit, la mémoire, la politique ou la francophonie.


Catherine Coquery-Vidrovitch, l'Humanité, 2 octobre 2008

Publié le 8 octobre 2008