L’empire du Milieu (Zhongguo, en chinois) est pour demain. C’est du moins ainsi que l’anglais David Wingrove voit le gouvernement de la galaxie Terre au début du XXII° siècle dans son énorme cycle de S.F. en huit volumes dont voici le troisième volet, La Montagne blanche. L’ancien empire chinois a ressuscité, il règne sur l’ensemble de la planète, laquelle est organisée en grandes cités à multiples niveaux. L’Espace aussi a été conquis par les Hans et autour de la Terre gravitent une multitude de stations géantes destinées à fournir l’alimentation à une population mondiale de trente-six milliards d’habitants. Au sommet de la hiérarchie étatique se trouve le conseil des Sept, qui tente de veiller à l’équilibre et à la survie de Zhongguo. Tâche bien difficile. Les périls ne cessent d’apparaître. En effet, la surpopulation galopante risque de détruire cette harmonie absolutiste. D’autant que les Sept ne comptent pas que des fidèles serviteurs et des citoyens soumis. L’Empire pullule de mouvements de révolte, lesquels sont orchestrés par un aventurier de génie, Howard DeVore, expert en guérilla et manipulation, insaisissable, élaborant, comme un champion d’échecs, des stratégies à longue distance. DeVore s’est entouré de terroristes qu’il infiltre jusque dans les hautes familles du Pouvoir. C’est qu’à la manière de l’ancien empire chinois, les hauts dignitaires se jalousent, s’observent sans aménité, voire se haïssent. Dès lors, le Pouvoir des Hans apparaît fragilisé de l’intérieur. D’autant que l’amour s’en mêle.Remarquable anticipation : la surpopulation planétaire, la coexistence difficile entre l’hyper technologie et les anciens usages, et aussi la pérennité des tensions humaines et des calamités naturelles.De plus, étonnante fresque politique, qui témoigne chez David Wingrove d’une analyse très pénétrante des mécanisme du « réseau », aussi bien du lointain passé que du présent. Il n’y a guère que Norman Spinrad pour avoir approché, dans Jack Baron et l’éternité, le domaine politique avec une telle acuité. Enfin, roman d’aventure où abondent les péripéties et les personnages (au point que l’auteur en dresse en début d’ouvrage une nomenclature identificatrice qui occupe plusieurs pages). Chaque personnage est doté d’un physique et d’un mental spécifiques, ce dernier se dévoilant par les mimiques, les dialogues et surtout les regards. Et des rêves aussi, souvent prémonitoires, d’une poésie luxuriante.Un superbe ouvrage, donc ; vivement les cinq suivants. Quelle fresque romanesque cela fera.Jacques Crickillon

Wingrove – La montagne blanche – La revue des bibliothèques

L’empire du Milieu (Zhongguo, en chinois) est pour demain. C’est du moins ainsi que l’anglais David Wingrove voit le gouvernement de la galaxie Terre au début du XXII° siècle dans son énorme cycle de S.F. en huit volumes dont voici le troisième volet, La Montagne blanche.

L’ancien empire chinois a ressuscité, il règne sur l’ensemble de la planète, laquelle est organisée en grandes cités à multiples niveaux. L’Espace aussi a été conquis par les Hans et autour de la Terre gravitent une multitude de stations géantes destinées à fournir l’alimentation à une population mondiale de trente-six milliards d’habitants. Au sommet de la hiérarchie étatique se trouve le conseil des Sept, qui tente de veiller à l’équilibre et à la survie de Zhongguo. Tâche bien difficile. Les périls ne cessent d’apparaître. En effet, la surpopulation galopante risque de détruire cette harmonie absolutiste. D’autant que les Sept ne comptent pas que des fidèles serviteurs et des citoyens soumis.

L’Empire pullule de mouvements de révolte, lesquels sont orchestrés par un aventurier de génie, Howard DeVore, expert en guérilla et manipulation, insaisissable, élaborant, comme un champion d’échecs, des stratégies à longue distance. DeVore s’est entouré de terroristes qu’il infiltre jusque dans les hautes familles du Pouvoir. C’est qu’à la manière de l’ancien empire chinois, les hauts dignitaires se jalousent, s’observent sans aménité, voire se haïssent. Dès lors, le Pouvoir des Hans apparaît fragilisé de l’intérieur. D’autant que l’amour s’en mêle.

Remarquable anticipation : la surpopulation planétaire, la coexistence difficile entre l’hyper technologie et les anciens usages, et aussi la pérennité des tensions humaines et des calamités naturelles.De plus, étonnante fresque politique, qui témoigne chez David Wingrove d’une analyse très pénétrante des mécanisme du « réseau », aussi bien du lointain passé que du présent. Il n’y a guère que Norman Spinrad pour avoir approché, dans Jack Baron et l’éternité, le domaine politique avec une telle acuité.

Enfin, roman d’aventure où abondent les péripéties et les personnages (au point que l’auteur en dresse en début d’ouvrage une nomenclature identificatrice qui occupe plusieurs pages). Chaque personnage est doté d’un physique et d’un mental spécifiques, ce dernier se dévoilant par les mimiques, les dialogues et surtout les regards. Et des rêves aussi, souvent prémonitoires, d’une poésie luxuriante.Un superbe ouvrage, donc ; vivement les cinq suivants. Quelle fresque romanesque cela fera.

Jacques Crickillon

Publié le 16 juillet 2010