Deux meurtres de vieilles personnes sans histoires mettent les agents du guet d'Ankh-Morpock sur les dents. Leurs cas ne semblent pas liés et pourtant le commissaire Vimaire sent qu'il va avoir du fil à retordre avec elles. Alors qu'il est déjà très occupé à faire face à ses nouvelles obligations de membres de l'élite de la ville, le voilà qui apprend que son bon vieux caporal Chicque qu'il placerait plus dans la famille des grands singes que dans celles des hommes, voire même hors de tout le règne animal pour n'en vexer aucun, se révèle lui aussi appartenir à ce même milieu distingué. Plus encore, il serait un héritier potentiel de l'ancien trône de la ville. Voilà qui fait beaucoup, et peut-être même déjà trop pour l'ancien alcoolique perpétuellement à la limite d'une rechute.
Et comme si ces deux meurtres ne suffisaient pas, Vimaire doit également assurer la protection du Patricien. Victime d'une tentative d'empoisonnement celui-ci n'est plus en mesure de tenir les rênes de la cité. Que va-t-il advenir d'Ankh-Morpock livrée à la merci des différents chefs de guilde ? Et d'où sort ce nouveau modèle de Golem si inquiétant ? Heureusement que le commissaire peut compter sur une équipe homogène, ou plutôt très hétérogène, maîtrisant toutes les ficelles du métier, des toutes dernières technologies scientifiques aux bonnes vieilles méthodes toujours aussi percutantes. Ensemble ils feront toute la lumière sur ces diverses affaires et en décrypteront tous les mystères.
Après avoir traité des relations nains-troll dans Le Guet des orfèvres, Pratchett nous refait l'éloge de la diversité et de la tolérance à travers les enquêtes de ce guet où se côtoient toutes les espèces du disque-Monde, adversaires partout ailleurs mais unies dès qu'elles enfilent le même uniforme. Cependant, tout comme l'agent Angua qui cache sa nature de louve-garou à sa collègue naine dissimulant elle-même son sexe à ses partenaires, tout n'est pas des plus simples et chacun doit y mettre du sien. L'histoire aborde aussi diverses revendications comme les luttes des femmes ou des classes et ne manque pas de glisser une petite pique envers ces humains qui ont trop de fierté pour oser se plaindre de leur misérable condition ou ceux qui ont dans la tête les mots des autres et qui valent finalement moins qu'un Golem, simple objet dénué de conscience mais pas de coeur.
Tout cela n'élude heureusement pas l'histoire policière qui s'avère passionnante. En fait, l'auteur nous permet de relever plus rapidement que ses personnages les pistes sur lesquelles ils vont se lancer, nous donnant ainsi une impression de supériorité sur ces piètres policiers. Sentiment ô combien pernicieux, puisque nous tombons ainsi à chaque fois de plus haut, persuadés d'avoir déjoué avant nos héros le mystère de l'empoisonnement du Patricien.
Ainsi, ce dix-neuvième tome s'avère être un excellent cru...
Cpatrick (20/03/2007)