Livre pour la jeunesse, certes, mais aussi pour les grands qui aiment « bware et s’bagarreu » ! Terry Pratchett et ses Annales du Disque-Monde sont bien trop connus pour que l’on continue à les présenter sans lasser. Son œuvre considérable connaît un succès que les années ne démentent pas et il y a fort à parier que les siècles à venir se souviendront de lui comme d’un Homère de la fantasy, en plus drôle. La lecture de ses livres devrait être rendue obligatoire dans toutes les écoles, de la maternelle à l’Université. Terry Pratchett est grand, Terry Pratchett est magnifique, Terry Pratchett plane à des kilomètres au-dessus de nos pauvres têtes vides et, vous l’aurez compris, ce n’est pas l’exercice d’admiration constitué par la présente chronique qui le fera choir de son piédestal. Et si les Schtroumpfs avaient été des punks écossais ? Depuis que Mémé Patraque, sa grand-mère experte en magie moutonnière, lui en a donné le goût, Tiphaine ne rêve plus que de devenir sorcière. Pourtant, la nature calcaire du sol des causses où elle vit ne devrait pas s’y prêter. Qu’importe, dotée d’un caractère pour le moins volontaire, cela ne l’empêchera pas de lutter efficacement contre les créatures étranges qui commencent à envahir le pays. Pour cela, il lui suffit d’une bonne dose de confiance en elle et d’une solide poêle à frire. Lorsque son petit frère disparaît, elle aura pourtant bien besoin de l’aide des Nac Mac Feegle, ces indomptables ch’tits hommes libres qui n’aiment rien tant que boire et se bagarrer. Un crapaud pourrait bien avoir aussi une certaine utilité dans l’aventure... Les illusions résistent à tout, hormis un bon coup de poêle sur le crâne... Le Disque-monde est un concept éminemment pratique. Une histoire peut très bien sembler ne pas s’y dérouler, elle finit tout de même par s’y intégrer. Cette fois, Terry Pratchett se penche sur le cas des Pictes, revisite à sa manière l’histoire de ce peuple qui passionne les celtophiles depuis des lustres et crée les Pictsies, homoncules bleus sans foi ni loi dont il débute ici la saga débraillée. Ils guideront Tiphaine Patraque dans un univers parfois cauchemardesque gouverné par une Reine aussi puissante qu’impitoyable. La jeune apprentie-sorcière se révèlera une élève douée, certainement parce que sa grand-mère lui a transmis son caractère indépendant et une exceptionnelle lucidité, ce qui lui permet de voir la magie là où elle se trouve... La véritable nature de la magie, selon Terry Pratchett, c’est effectivement de ne voir que ce qui est réellement, sans se faire d’illusions. Le reste n’est que poudre aux yeux. Un bon nombre des effets comiques profite d’ailleurs de ce décalage entre ce que l’on voit et ce que l’on croit. Les situations tragiques elles aussi fonctionnent selon un principe identique, sans que personne ne pense à en rire... Si le personnage de la mort, familier aux lecteurs du Disque-monde, est absent de ce volume, il se laisse cependant deviner puisque le souvenir de Mémé Patraque imprègne toute l’histoire, dessinant la vieille bergère en creux et lui donnant ainsi une présence centrale. Ce n’est qu’à la fin du roman que l’auteur rattachera Les ch’tits hommes libres au cycle du Disque-monde en faisant intervenir quelques sorcières, bien connues des aficionados, bien que le récit puisse parfaitement fonctionner sans ce détail. Qu’importe puisqu’une fois de plus, Terry Pratchett frappe très fort et donne un véritable coup de boule littéraire sur le tarin de la rinne de la déprime. C’est un vrai djeu de l’humour, un authentique maet qu’a pas fini d’nous avwoar, et on en r’demande encore, Miyards ! Fred Combo ActuSF

Pratchett - Les ch’tits hommes libres - ActuSF

Livre pour la jeunesse, certes, mais aussi pour les grands qui aiment « bware et s’bagarreu » !

Terry Pratchett et ses Annales du Disque-Monde sont bien trop connus pour que l’on continue à les présenter sans lasser. Son œuvre considérable connaît un succès que les années ne démentent pas et il y a fort à parier que les siècles à venir se souviendront de lui comme d’un Homère de la fantasy, en plus drôle. La lecture de ses livres devrait être rendue obligatoire dans toutes les écoles, de la maternelle à l’Université. Terry Pratchett est grand, Terry Pratchett est magnifique, Terry Pratchett plane à des kilomètres au-dessus de nos pauvres têtes vides et, vous l’aurez compris, ce n’est pas l’exercice d’admiration constitué par la présente chronique qui le fera choir de son piédestal.

Et si les Schtroumpfs avaient été des punks écossais ?

Depuis que Mémé Patraque, sa grand-mère experte en magie moutonnière, lui en a donné le goût, Tiphaine ne rêve plus que de devenir sorcière. Pourtant, la nature calcaire du sol des causses où elle vit ne devrait pas s’y prêter. Qu’importe, dotée d’un caractère pour le moins volontaire, cela ne l’empêchera pas de lutter efficacement contre les créatures étranges qui commencent à envahir le pays. Pour cela, il lui suffit d’une bonne dose de confiance en elle et d’une solide poêle à frire. Lorsque son petit frère disparaît, elle aura pourtant bien besoin de l’aide des Nac Mac Feegle, ces indomptables ch’tits hommes libres qui n’aiment rien tant que boire et se bagarrer. Un crapaud pourrait bien avoir aussi une certaine utilité dans l’aventure...

Les illusions résistent à tout, hormis un bon coup de poêle sur le crâne...

Le Disque-monde est un concept éminemment pratique. Une histoire peut très bien sembler ne pas s’y dérouler, elle finit tout de même par s’y intégrer. Cette fois, Terry Pratchett se penche sur le cas des Pictes, revisite à sa manière l’histoire de ce peuple qui passionne les celtophiles depuis des lustres et crée les Pictsies, homoncules bleus sans foi ni loi dont il débute ici la saga débraillée. Ils guideront Tiphaine Patraque dans un univers parfois cauchemardesque gouverné par une Reine aussi puissante qu’impitoyable.

La jeune apprentie-sorcière se révèlera une élève douée, certainement parce que sa grand-mère lui a transmis son caractère indépendant et une exceptionnelle lucidité, ce qui lui permet de voir la magie là où elle se trouve... La véritable nature de la magie, selon Terry Pratchett, c’est effectivement de ne voir que ce qui est réellement, sans se faire d’illusions. Le reste n’est que poudre aux yeux. Un bon nombre des effets comiques profite d’ailleurs de ce décalage entre ce que l’on voit et ce que l’on croit. Les situations tragiques elles aussi fonctionnent selon un principe identique, sans que personne ne pense à en rire... Si le personnage de la mort, familier aux lecteurs du Disque-monde, est absent de ce volume, il se laisse cependant deviner puisque le souvenir de Mémé Patraque imprègne toute l’histoire, dessinant la vieille bergère en creux et lui donnant ainsi une présence centrale.

Ce n’est qu’à la fin du roman que l’auteur rattachera Les ch’tits hommes libres au cycle du Disque-monde en faisant intervenir quelques sorcières, bien connues des aficionados, bien que le récit puisse parfaitement fonctionner sans ce détail. Qu’importe puisqu’une fois de plus, Terry Pratchett frappe très fort et donne un véritable coup de boule littéraire sur le tarin de la rinne de la déprime. C’est un vrai djeu de l’humour, un authentique maet qu’a pas fini d’nous avwoar, et on en r’demande encore, Miyards !

Fred Combo
ActuSF

Publié le 8 août 2012

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