L’auteur donne à nouveau une vision très optimiste de la nature humaine, insistant sur la générosité et le besoin d’aider que se manifestent spontanément les victimes d’un événement aussi traumatisant.

Paquet - Faux semblance - Le bibliocosme
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A ceux qui, comme moi, n’auraient pas encore eu l’occasion de lire un ouvrage d’Olivier Paquet, les éditions L’Atalante ont mis à disposition l’année dernière ce petit recueil censé proposer un échantillon représentatif du style et des différents univers de l’auteur. L’ouvrage est court (120 pages) et ne comporte que quatre nouvelles, dont une seule inédite, les trois autres ayant déjà fait l’objet d’une parution au début des années 2000 dans la revue Galaxies. Enrobé d’une très belle couverture signée Aurélien Police et encensé dans une quatrième de couverture et une préface dithyrambiques (respectivement rédigés par Jean-Claude Dunyach et Xavier Mauméjean, rien que ça !), le recueil dispose incontestablement d’un emballage soigné. Mais qu’en est-il du fond ? Les deux premiers textes, « Synesthésie » et « Rudyard Kipling 2210 », s’inscrivent pleinement dans de la SF pure et dure, avec des conflits interplanétaires, des races extraterrestres, des IA… [..] La deuxième partie correspond à : « Cauchemar d’enfants » est une dystopie effrayante décrivant un monde dans lequel les rapports enfants/adultes sont renversés, tandis que « Une fille aux pieds nus » s’apparente à un récit fantastique et prend place au Japon juste après une catastrophe naturelle. Toutes ces nouvelles ont en commun une même sensibilité qui ne laisse pas le lecteur indifférent, et abordent des thèmes récurrents comme le deuil, les regrets, ou encore l’ouverture aux autres et au monde. Chaque protagoniste est dépeint avec le même soin et tous sont caractérisés par une fêlure, qu’on ne fait parfois qu’entre-apercevoir, mais qu’ils vont devoir dépasser pour trouver la force d’affronter les événements auxquels ils se retrouvent confrontés.

[...] « Cauchemar d’enfants » est sans doute ma nouvelle préférée du recueil. L’auteur y dépeint une société dans laquelle les enfants ont désormais le pouvoir sur les adultes qui doivent céder à tous leurs caprices et sont régulièrement contrôlés par l’administration. On assiste alors à des scènes complètement surréalistes au cours desquels un inspecteur de police sadique, âgé d’une douzaine d’années et accompagné de son subalterne adulte, mène l’enquête pour tenter de résoudre le mystère de la disparition d’un petit chien électronique. Serait-ce que les parents de la jeune fille concernée par la disparition seraient impliqués dans un odieux trafic de revente de jouets ? Contrairement à ce que peut laisser penser la légèreté du sujet, le texte n’est absolument pas drôle et en vient même à mettre le lecteur mal à l’aise. Outre la question de la relation entre parents/ progénitures et de la prolifération des « enfants rois », Olivier Paquet pose également celle de notre implication dans la construction notre société, et souligne les danger et les absurdités auxquels pourraient nous condamner notre indifférence et notre résignation. Une vraie réussite. « Une fille aux pieds nus », nouvelle inédite chargée de clore le recueil, prend place juste après qu’un tsunami se soit abattu sur les côtes japonaises. On y suit une jeune fille qui tente de reprendre pied après la catastrophe, et qui va croiser sur son chemin un certain nombre de survivants qui, comme elles, peinent à surmonter le drame qu’ils ont vécu. Le texte est touchant et aborde de manière très sensible la question du deuil et des regrets. L’auteur donne à nouveau une vision très optimiste de la nature humaine, insistant sur la générosité et le besoin d’aider que se manifestent spontanément les victimes d’un événement aussi traumatisant. La chute reste tout de même assez prévisible mais n’enlève rien à la force du texte ni à son message.

Un petit recueil qui permet de se faire une idée globale du style et des thèmes de prédilection d’Olivier Paquet. [...] A découvrir !

Le Bibliocosme 

 

Publié le 11 juin 2018

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