Et que désirez-vous ce soir ?
Peut-être un peu de la discussion de Joyau, des ailes de chérubin de Néron ou de la sauvagerie de Winfield. Peut-être un peu de baiser, un peu de séduction, ou juste un peu d'écoute. Ou, vraisemblablement, épancher vos joies malsaines, vos besoins dérangeants et votre argent de pacotille, vous régaler de leurs sanglots, de leurs veines bleues et de leur suffocation lente, vous enivrer de la fin d'un battement de cœur.
Mais prenez garde.
Prenez garde car dans ce lieu sacré où elles vont toutes, à chaque mort, se recueillir loin des regards en un simulacre de ce que font les autres, les gens riches comme vous, dans ce lieu un dieu écoute. Un dieu rend la vie. Et celle qui était morte ne le sera plus avec pour seul désir, insatisfaisant à remplir, la vengeance. Vengeance pour son souffle éteint, vengeance pour la simplicité de la débauche, vengeance pour la société dans laquelle elle a vécu, si pleine d'injustices, de purges, de silences et de morts.
Et parce qu'elle n'aura plus aucune limite, aucune contrainte, sa liberté un peu folle se fera contagieuse. Et la douce Joyau qui se tait, qui sourit quand on lui demande, la douce Joyau qui soigne, qui cache, qui exécute, la douce Joyau commence alors à basculer. Commence à réfléchir. Commence à se rebeller. Car les bareaux ont beau être dorés, les allées vertes les seuls espaces de verdure de la ville, et les salauds bien protégés, il ne faut qu'une étincelle. Et elle, celle qui s'est relevée, elle fut cette étincelle.
Une novella de peu de pages, un roman de peu de mots, mais un texte profond et féministe, vengeur et rageur. Une plume exceptionnelle qui poétise tout même le macabre, même l'inavouable. Et moi j'en redemande.