Keelt - Le Merle - Quotidien Sud-Ouest
Polar, le salon. L'écrivain invité Jean-Bernard Pouy, a traduit un étrange récit d'un bien étrange personnage, Arthur Keelt, que lui seul connaît…
[...]Le petit monde littéraire se pose des questions : Arthur Keelt a-t-il bel et bien existé ? Jean-Bernard Pouy parle-t-il l'allemand ? Ce livre n'aurait-il pas été écrit par Jean-Bernard Pouy lui-même ?
Toutes ces interrogations sont légitimes. En effet, seul Jean-Bernard Pouy connaît Arthur Keelt. On trouve d'ailleurs trace du philologue dans quelques livres de Jean-Bernard Pouy (À sec ! notamment). D'autre part, le verbe "keeltien" offre quelques similitudes avec le style "pouyen". Plus mystérieux encore, le contrat passé avec L'Atalante est signé par la fille d'Arthur Keelt, mais là encore par l'intermédiaire de Jean-Bernard Pouy. Enfin, il existerait déjà une traduction datée de 1968, mais hélas trois fois hélas introuvable. L'eau se trouble. On n'y voit plus rien.
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Dernière pièce au dossier, Jean-Bernard Pouy, comme Georges Pérec et Raymond Queneau avant lui, adhère à l'Oulipo, un mouvement littéraire qui place le jeu au centre de la littérature. Sa présence, chaque dimanche (ou presque) au micro de l'émission Les Papous dans la tête sur France-Culture, en atteste.
Et le livre, ce "récit voltairien" selon Pouy, dans tout ça ? Il est aussi bon qu'un Pouy. On y retrouve Arthur Keelt vivant dans les montagnes, de l'alcool, un merle bien étrange posé dans une cage, du vélo, des coups de feu, des trains qui déraillent, un anti-militarisme incontestable, etc. Bref, autant de thèmes qui font eux aussi partie de l'univers de Jean-Bernard Pouy. On comprend qu'il ait aimé. Et donc, hum hum, qu'il l'ait traduit…
David Patsouris, Quotidien Sud-Ouest, 19/10/2002
Publié le 22 septembre 2015