Quête d'absolu, réflexions philosophiques sur la nature du Mal, considérations sociales au hasard des escales sur des mondes étranges, l'imposant roman de Nathalie Henneberg est avant à lire pour son formidable pouvoir d'évocation, pour les images qu'il déploie dans l'esprit des lecteurs. On a souvent dit de ses romans qu'il s'agissait de space-opéra flamboyant. Trente-cinq ans plus tard, ce flamboiement demeure intact.

Henneberg - La Plaie - Ecran fantastique

Roman épique, grandiose par sa démesure, éblouissant par son style, les qualificatifs ne manquent pas à propos du chef-d'oeuvre de Nathalie Henneberg qui, curieusement, ne fut jamais réédité depuis sa sortie, en 1964. Le récit s'ouvre au moment de la condamnation à mort d'Airth Reg, alors qu'il s'apprêtait à sauver l'univers. Au XXXe siècle, le Mal absolu est enfin identifié : il s'agit d'un virus, qui a contaminé la Terre à différentes périodes de son histoire et dont l'origine serait extratemporelle voire issue d'un autre espace-temps. On l'appelle la Plaie ou la Ténèbre. Identifié, il n'a cependant pas de visage. Ses agents propagateurs, les Nocturnes, ne sont jamais clairement décrits même si les protagonistes qui s'opposent à eux les voient. La Terre attaquée risque de succomber ; les seuls opposants crédibles à la Plaie sont les mutants, plus particulièrement ceux capables d'affecter le temps.

Airth est probablement le plus puissant des mutants, mais il l'ignore encore. Deux jeunes filles, dont on suit la trajectoire dans la première partie du roman, se joindront à sa croisade ; Villys et Thalestra, aux caractères bien trempés, mutantes unies pour la bonne cause, mais qui se jalousent cependant pour l'amour d'Airth. D'autres protagonistes hauts en couleurs parsèment le récit, Lès Caroll, intrépide astronaute, le savant Orozov, et l'ambigu Ralph Valeran qui complote pour le pouvoir...La quête est jalonnée de quelques beaux épisodes, comme la Fosse aux Cygnes où le temps et l'espace sont à ce point distordus que de simages du passé apparaissent comme des fantômes. Si le livre a veilli sur quelques points mineurs, sa charge émotive est intacte ; et la splendide écriture, haute en couleurs, au lyrisme parfois excessif, fait mouche.

Quête d'absolu, réflexions philosophiques sur la nature du Mal, considérations sociales au hasard des escales sur des mondes étranges, l'imposant roman de Nathalie Henneberg est avant à lire pour son formidable pouvoir d'évocation, pour les images qu'il déploie dans l'esprit des lecteurs. On a souvent dit de ses romans qu'il s'agissait de space-opéra flamboyant. Trente-cinq ans plus tard, ce flamboiement demeure intact.

Claude Ecken, novembre 1999. 

Publié le 11 octobre 2017

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