Pour ceux qui l'aiment, il est sans doute quasiment impossible d'en ressortir une fois qu'on y a plongé.

Chroniques de l'Imaginaire
Marcos Solana et le père Olavide se retrouvent tous deux auprès du cadavre exsangue de Guillermo Clavé, l'un en qualité d'avocat, et l'autre de confesseur, de cette grande famille barcelonaise. En sortant, l'avocat a l'impression de croiser dans un couloir un homme qui figurait sur une photo des médecins de l'hôpital, prise en 1916. Hallucination due à la fatigue, sans doute.

Peut-être, mais le poids de l'histoire, à Barcelone, où les villes s'empilent les unes sur les autres, comme à Troie, est lourd, comme le sait fort bien Marta Vives, l'historienne en stage chez l'avocat, dont la famille vit à Barcelone depuis le Moyen-Age.

Comme le font celui qui raconte l'histoire, et l'Autre.

Ce roman étrange, discrètement fantastique, sans vrai début et à la fin elliptique, sinon énigmatique, a quelque chose de fascinant. Outre le fait qu'il est écrit de façon remarquable, sur le plan littéraire, certes, mais aussi avec une érudition qui force l'admiration, il soulève des questions que le monde et la société actuels nous posent sans cesse, telles que la nature du temps, ou celle du Bien et du Mal, ou la façon dont le passé de notre famille peut rétrécir notre champ de réaction. Tout cela en passant en revue l'histoire de Barcelone de la fin du Moyen-Age à nos jours, dans une unité de lieu qui donne le vertige.

Il paraît certain que ce livre fait partie de ceux qui ont leurs lecteurs fervents et leurs détracteurs acharnés, mais pour ceux qui l'aiment, il est sans doute quasiment impossible d'en ressortir une fois qu'on y a plongé.

 

Mureliane, Chroniques de l’Imaginaire, 01 octobre 2008

 

Publié le 3 décembre 2008

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