Il s'agit là de l'achèvement de très longs siècles d'histoire commençés dans La Saison des singes. Irinat Mincor, la Grande modifiée rescapée du naufrage de l'Abondant, un des immenses vaisseaux spaciaux constitués pour la protection de la Charte des amis de l'humanité, n'a jamais renoncé à retrouver ceux qui en étaient partie intégrante avec elle. Et même si ses moyens sont très diminués, depuis l'astéroïde où elle s'est réfugiée, elle est encore puissante et exerce une surveillance très attentive de la proche planète Ninhs. C'est là en effet que s'est installée Kiris T. Kiris, sa nièce, l'ennemie par excellence. De ces utopistes qui, lorsqu'ils agissent, ont toujours une forte propension à devenir des tyrans. Depuis la ville qu'elle a édifiée, loin de tout regard, au cœur des terres glacées, elle est bien décidée, à l'aide de son armée de clones, à conquérir tous les territoires voisins à la faveur de l'hiver qui vient, chassant devant lui les populations autochtones et immigrées mélangées. De fait, malgré un certain nombre de frictions les humains se sont installés dans la grande forêt abritant les Ninhsis. Par ailleurs, des relations de commerce se sont nouées entre ceux-ci et d'autres agglomérations, bien humaines cette fois, avec tout leur poids d'obscurantisme acquis. Car on est bien dans le futur, un futur si lointain et si avancé que la technoscience a conduit l'espèce à la fois vers le pouvoir quasi sans limites dont la nanotechnologie a doté les Grands modifiés et vers l'irrésistible régression de ceux qui ont oublié leur passé. Mais où il y a pouvoir, il y a forcément concurrence et les Cartels veulent férocement leur part du gâteau. Nous pourrions y voir un roman, mais c'est bien plutôt à une partie d'échecs que nous assistons au long de ces pages. Aucun des personnages n'est vraiment attachant. Ni ceux que l'on retrouve, comme Gabriel Burke enfin éveillé ou Aleshka, libérés l'un de sa ville de robots, l'autre de sa prison, mais d'une prison presque consentie. Quelques figures sympathiques cependant. Té-Nout Gaskat, respectable professeur ninhsi... mais qui resterait insensible à ces aimables lémuriens que l'évolution n'a pas réellement gâchés ? Pierre-Oh, petit-fils de Malavel, dans sa révolte adolescente. Car tous ces gens ne sont pas le propos, mais bien plutôt les rapports entre l'humanité, la science, leurs évolutions et leurs possibles dérives... ou quand les hommes sont presque devenus des dieux et que ces dieux ne sont qu'humains. De la science-fiction dans la grande tradition donc, où il s'agit moins de distraire le lecteur que de l'amener à réfléchir ce qui, au vu de nos propres progrès technologiques, n'est sans doute pas un luxe. Hélène Les Vagabonds des rêves

Denis - L'Empire du sommeil - Les Vagabonds du rêve

Il s'agit là de l'achèvement de très longs siècles d'histoire commençés dans La Saison des singes. Irinat Mincor, la Grande modifiée rescapée du naufrage de l'Abondant, un des immenses vaisseaux spaciaux constitués pour la protection de la Charte des amis de l'humanité, n'a jamais renoncé à retrouver ceux qui en étaient partie intégrante avec elle.

Et même si ses moyens sont très diminués, depuis l'astéroïde où elle s'est réfugiée, elle est encore puissante et exerce une surveillance très attentive de la proche planète Ninhs. C'est là en effet que s'est installée Kiris T. Kiris, sa nièce, l'ennemie par excellence. De ces utopistes qui, lorsqu'ils agissent, ont toujours une forte propension à devenir des tyrans. Depuis la ville qu'elle a édifiée, loin de tout regard, au cœur des terres glacées, elle est bien décidée, à l'aide de son armée de clones, à conquérir tous les territoires voisins à la faveur de l'hiver qui vient, chassant devant lui les populations autochtones et immigrées mélangées.

De fait, malgré un certain nombre de frictions les humains se sont installés dans la grande forêt abritant les Ninhsis. Par ailleurs, des relations de commerce se sont nouées entre ceux-ci et d'autres agglomérations, bien humaines cette fois, avec tout leur poids d'obscurantisme acquis. Car on est bien dans le futur, un futur si lointain et si avancé que la technoscience a conduit l'espèce à la fois vers le pouvoir quasi sans limites dont la nanotechnologie a doté les Grands modifiés et vers l'irrésistible régression de ceux qui ont oublié leur passé.

Mais où il y a pouvoir, il y a forcément concurrence et les Cartels veulent férocement leur part du gâteau.

Nous pourrions y voir un roman, mais c'est bien plutôt à une partie d'échecs que nous assistons au long de ces pages. Aucun des personnages n'est vraiment attachant. Ni ceux que l'on retrouve, comme Gabriel Burke enfin éveillé ou Aleshka, libérés l'un de sa ville de robots, l'autre de sa prison, mais d'une prison presque consentie. Quelques figures sympathiques cependant. Té-Nout Gaskat, respectable professeur ninhsi... mais qui resterait insensible à ces aimables lémuriens que l'évolution n'a pas réellement gâchés ? Pierre-Oh, petit-fils de Malavel, dans sa révolte adolescente.

Car tous ces gens ne sont pas le propos, mais bien plutôt les rapports entre l'humanité, la science, leurs évolutions et leurs possibles dérives... ou quand les hommes sont presque devenus des dieux et que ces dieux ne sont qu'humains.

De la science-fiction dans la grande tradition donc, où il s'agit moins de distraire le lecteur que de l'amener à réfléchir ce qui, au vu de nos propres progrès technologiques, n'est sans doute pas un luxe.

Hélène

Les Vagabonds des rêves

Publié le 21 janvier 2013