Dans l’excellent Magie brute, roman fantaisiste, inventif et bourré d’action, nous découvrions la Confrérie du Grimnoir, chevalerie occulte rassemblant des « actifs » à même de déjouer les plans infâmes du Japon. Avec Malédiction, sa suite directe, nous retrouvons la Confrérie du Grimnoir, et notamment des personnages empruntés autant à la fiction qu’à la réalité tels que Jake Sullivan, Faye Vierra, Edgar J. Hoover, le concepteur d’armes à feu John Moses Browning, Francis Stuyvesant, et le scientifique Buckminster Fuller, aux inventions réelles duquel sont faites de nombreuses allusions. Cette confrérie occulte est ici confrontée à un problème nouveau : une conspiration gouvernementale destinée à mettre tous les « actifs » hors-la-loi.

Correia - Malédiction - emaginarock
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Dans l’excellent Magie brute, roman fantaisiste, inventif et bourré d’action, nous découvrions la Confrérie du Grimnoir, chevalerie occulte rassemblant des « actifs » à même de déjouer les plans infâmes du Japon. Avec Malédiction, sa suite directe, nous retrouvons la Confrérie du Grimnoir, et notamment des personnages  empruntés autant à la fiction qu’à la réalité tels que Jake Sullivan, Faye Vierra, Edgar J. Hoover, le concepteur d’armes à feu John Moses Browning, Francis Stuyvesant, et le scientifique Buckminster Fuller, aux inventions réelles duquel sont faites de nombreuses allusions. Cette confrérie occulte est ici confrontée à un problème nouveau : une conspiration gouvernementale destinée à mettre tous les « actifs » hors-la-loi.

On pourrait dès lors penser qu’il ne s’agit que de l’énième revisitation d’un thème classique, qui, depuis A la poursuite des Slans d’Alfred Elton Van Vogt jusqu’à ses déclinaisons cinématographiques contemporaines, par exemple les X-Men, met en scène les dérives racistes, discriminantes, voire fascinantes d’une Amérique qui ne parvient pas à phagocyter son passé esclavagiste ni à empêcher ses dérives politiques, et considère ceux qui sont différents comme des gens à contrôler, enfermer, ou éliminer à tout prix. Mais s’il emprunte à cette thématique, Larry Correia est trop malin pour s’y laisser enfermer ou faire trop ouvertement de son roman une œuvre à message.

Car si cette thématique apparaît bel et bien comme un des éléments constitutifs de l’intrigue, elle est surtout prétexte, comme l’ensemble du monde construit par Correia, à une succession de péripéties et de retournements de situation particulièrement spectaculaires qui fait des Chroniques du Grimnoir un équivalent romanesque des films d’action à grand spectacle, les défauts hollywoodiens en moins. Si l’inévitable malédiction de Malédiction est qu’arrivant après Magie brute, l’effet de surprise ne peut plus fonctionner de manière aussi radicale, force est d’avouer que le plaisir est intact et qu’entre poursuites, combats, confrontations avec les terribles gardes de fer de l’Impérium, manipulations retorses, inventions (on se souviendra longtemps du téléphone spirite d’Edison) et dialogues pleins d’humour, l’on avale les quatre-cent-soixante pages de ce roman sans s’ennuyer un seul instant.

En mêlant personnages réels et inventés, en inventant, comme à Moses Browning et Fuller, des destins nouveaux, en réécrivant un passé alternatif, les Chroniques du Grimnoir s’inscrivent, nous l’avions écrit dans notre chronique de Magie brute, dans une démarche steampunk. Si Malédiction semble basculer par moments dans le récit plus ouvertement fantastique, avec recours à quelques monstres et dieux anciens, la touche finale, elle, est on ne peut plus explicite : tout se termine sur la vision de formidables ballons dirigeables, emblématiques du genre s’il en est, et sur le départ des chevaliers du Grimnoir survivants vers de nouvelles aventures. 

- Alaric, le 17/07/13 

 

Publié le 19 novembre 2017

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