Raconté par Toubib, le bien-nommé soldat qui tient les chroniques – ou annales – de la Compagnie Noire, et qui se trouve être aussi leur médecin, ce récit est celui d’une longue série de batailles, dans lesquelles la troupe de mercenaires se retrouve mêlée bien involontairement à des évènements qui la dépasse. Une lecture parfois âpre, notamment au début, et racontée à la première personne. Ainsi le style est concis, comme les notes que prendrait le narrateur, et les chapitres assez courts. On n’a donc pas toujours les tenants et les aboutissants des agissements des autres personnages, les évènements étant relatés par cet annaliste.
Embauchés par un seigneur plutôt étrange, ces soldats, pourtant habituellement peu regardant sur la morale, vont petit à petit en venir à craindre leur employeur et à se demander dans quel guêpier ils se sont fourrés. Une lecture jubilatoire quand les évènements, de plus en plus glauques, s’enchaînent. Des anti-héros cyniques et désabusés, mais pourtant fidèles à leur engagement, quelles qu’en soient les conséquences, même lorsqu’ils se rendant compte qu’ils sont dans le camp du mal absolu ! D’ailleurs, le héros s’attirera une attention bien encombrante…
Ajoutons à cela une galerie de personnages attachants, entre le capitaine bourru mais plein d’honneur, les magiciens aussi taquins que compétents, le personnage principal plein de doutes et de contradictions, et les servants bien typés de la grande méchante, elle-même ambiguë à souhait…
De la dark fantasy, sans contestation possible, qui change agréablement des niaiseux elfes gambadant dans la forêt autour d’un beau chevalier cherchant sa princesse ! Un peu d’originalité par rapport aux canons du genre, voilà ce que Glen Cook nous raconte dans ce récit que j’ai trouvé très amusant. Enfin, pas pour tout le monde