Depuis plusieurs siècles, la Compagnie Noire constitue une redoutable troupe de mercenaires, qui fût le fer de lance de maintes conquêtes ou rebellions au cours de l'histoire du continent. Au fil des siècles, les capitaines et les hommes de la Compagnie ont changé, les contrats successifs les ont fait s'accoquiner à tous ce que le monde compte de politiciens, seigneurs de guerre ou généraux d'armée ; la Compagnie a parfois grandi jusqu'à devenir une armée à elle seule, ou périclité au point de presque disparaître. La seule constante, c'est qu'elle a toujours été une famille, un refuge pour les soldats qui cherchent à oublier leur passé, leurs drames ou leurs fantômes. Comment le sait-on ? Parce que la Compagnie a toujours su garder intactes ses Annales. Bien que des pans entiers de son histoire aient sombré dans l'oubli, les annalistes ont tout consigné au fil des siècles, tentant de préserver les volumes de leurs ainés et alimentant la flamme du souvenir chez les nouvelles recrues. L'annaliste actuel est aussi le médecin de la Compagnie Noire, Toubib, comme on l'appelle très prosaïquement. C'est à travers ses écrits, le journal de la Compagnie qu'il tient avec assiduité, que nous allons pouvoir découvrir les pérégrinations de la troupe mercenaire. De leur embauche par le seigneur de la ville côtière de Beryl à la trahison que leur impose l'énigmatique Volesprit et leur entrée au service de la Dame. La Dame, épouse du défunt Dominateur, un tyran et sûrement le plus puissant magicien que ces terres ont jamais connu. De son règne subsiste son épouse, également magicienne hors pair, et les Dix Asservis, de terrifiants thaumaturges à son service exclusif, enchainés par des rituels impies. A ses ordres, la Compagnie va reprendre son rôle majeur dans l'histoire du monde, et à son contact, Toubib va découvrir une étrange relation, formée de respect mutuel, de crainte, et peut-être de plus d'humanité que la Dame semble n'en avoir. Au fil des 10 tomes de son Cycle - regroupés en quatre recueils aux éditions l'Atalante -, Glen Cook nous propose ainsi de découvrir le quotidien, les tribulations et les exploits guerriers de la Compagnie à travers les écrits de ses annalistes successifs (Toubib, puis Madame, Murgen, Roupille,...).   On suit ainsi les affrontements fratricides des sorciers Qu'un-Œil et Gobelin ou les errements de Corbeau depuis le point de vue de l'annaliste du moment, parfois sur le vif, parfois avec un certain recul du à une impossibilité de transcrire les annales immédiatement. Outre ce particularisme d'écriture, souvent plaisant, parfois dérangeant, la Compagnie Noire est une œuvre complexe et dure à cerner. Les motivations des personnages ne sont jamais moralement simples, et les employeurs de la Compagnie toujours les plus offrants sans que les convictions personnelles n'entrent en jeu dans les causes à défendre. Cette condition de mercenaire noircit la vision qu'ont du monde les différents narrateurs, et rend obsolètes les notions de morales traditionnelles. Seul subsiste l'honneur, et une certaine fierté de sa condition d'homme libre. Dans la même veine que Le Trône de fer, le cycle se concentre donc sur le réalisme des personnages, et la difficulté d'appréhension des notions de bien et de mal dans une société basée sur la violence et la mort. Cela n'empêche pas pour autant la forte présence de la magie dans les romans, bien que les créatures fantastiques soient elles, beaucoup moins utilisées et que le bestiaire traditionnel (elfes, nains, orcs) soit complètement absent.   Prenant, haletant par moment, la Compagnie Noire se lit pourtant lentement, au même rythme que celui des personnages qui mûrissent, vieillissent et se remettent en cause avec les évènements. Épopée fantastique mais aussi drame humain, le cycle se meut en même temps que la Compagnie, en perpétuelle évolution. A l'inverse du traditionnel récit initiatique, la Compagnie Noire, par sa mélancolie et son pessimisme sur les motivations humaines, s'apparenterait plutôt au constat amer d'un homme, qui s'étant découvert et déçu du résultat, reviendrait sur ses pas pour reprendre son parcours.   15/20   Culturellement geek

Cook - La compagnie noire - Culturellement geek
Depuis plusieurs siècles, la Compagnie Noire constitue une redoutable troupe de mercenaires, qui fût le fer de lance de maintes conquêtes ou rebellions au cours de l'histoire du continent. Au fil des siècles, les capitaines et les hommes de la Compagnie ont changé, les contrats successifs les ont fait s'accoquiner à tous ce que le monde compte de politiciens, seigneurs de guerre ou généraux d'armée ; la Compagnie a parfois grandi jusqu'à devenir une armée à elle seule, ou périclité au point de presque disparaître. La seule constante, c'est qu'elle a toujours été une famille, un refuge pour les soldats qui cherchent à oublier leur passé, leurs drames ou leurs fantômes. Comment le sait-on ? Parce que la Compagnie a toujours su garder intactes ses Annales.
Bien que des pans entiers de son histoire aient sombré dans l'oubli, les annalistes ont tout consigné au fil des siècles, tentant de préserver les volumes de leurs ainés et alimentant la flamme du souvenir chez les nouvelles recrues. L'annaliste actuel est aussi le médecin de la Compagnie Noire, Toubib, comme on l'appelle très prosaïquement. C'est à travers ses écrits, le journal de la Compagnie qu'il tient avec assiduité, que nous allons pouvoir découvrir les pérégrinations de la troupe mercenaire. De leur embauche par le seigneur de la ville côtière de Beryl à la trahison que leur impose l'énigmatique Volesprit et leur entrée au service de la Dame. La Dame, épouse du défunt Dominateur, un tyran et sûrement le plus puissant magicien que ces terres ont jamais connu. De son règne subsiste son épouse, également magicienne hors pair, et les Dix Asservis, de terrifiants thaumaturges à son service exclusif, enchainés par des rituels impies. A ses ordres, la Compagnie va reprendre son rôle majeur dans l'histoire du monde, et à son contact, Toubib va découvrir une étrange relation, formée de respect mutuel, de crainte, et peut-être de plus d'humanité que la Dame semble n'en avoir. Au fil des 10 tomes de son Cycle - regroupés en quatre recueils aux éditions l'Atalante -, Glen Cook nous propose ainsi de découvrir le quotidien, les tribulations et les exploits guerriers de la Compagnie à travers les écrits de ses annalistes successifs (Toubib, puis Madame, Murgen, Roupille,...).
 
On suit ainsi les affrontements fratricides des sorciers Qu'un-Œil et Gobelin ou les errements de Corbeau depuis le point de vue de l'annaliste du moment, parfois sur le vif, parfois avec un certain recul du à une impossibilité de transcrire les annales immédiatement. Outre ce particularisme d'écriture, souvent plaisant, parfois dérangeant, la Compagnie Noire est une œuvre complexe et dure à cerner. Les motivations des personnages ne sont jamais moralement simples, et les employeurs de la Compagnie toujours les plus offrants sans que les convictions personnelles n'entrent en jeu dans les causes à défendre. Cette condition de mercenaire noircit la vision qu'ont du monde les différents narrateurs, et rend obsolètes les notions de morales traditionnelles. Seul subsiste l'honneur, et une certaine fierté de sa condition d'homme libre.
Dans la même veine que Le Trône de fer, le cycle se concentre donc sur le réalisme des personnages, et la difficulté d'appréhension des notions de bien et de mal dans une société basée sur la violence et la mort. Cela n'empêche pas pour autant la forte présence de la magie dans les romans, bien que les créatures fantastiques soient elles, beaucoup moins utilisées et que le bestiaire traditionnel (elfes, nains, orcs) soit complètement absent.
 
Prenant, haletant par moment, la Compagnie Noire se lit pourtant lentement, au même rythme que celui des personnages qui mûrissent, vieillissent et se remettent en cause avec les évènements.
Épopée fantastique mais aussi drame humain, le cycle se meut en même temps que la Compagnie, en perpétuelle évolution.
A l'inverse du traditionnel récit initiatique, la Compagnie Noire, par sa mélancolie et son pessimisme sur les motivations humaines, s'apparenterait plutôt au constat amer d'un homme, qui s'étant découvert et déçu du résultat, reviendrait sur ses pas pour reprendre son parcours.
 
15/20
 
Publié le 19 septembre 2011

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