Je penserai encore longtemps à Koli et Monono. Sayônara.

La Chute de Koli - Le Nocher des Livres
Article Original

Koli, accompagné de Tasse et d’Ursala, est parti à la recherche de l’Épée d’Albion. En bateau. Et ils trouvent l’origine de ce signal qui les a guidés là, aidés de Monono, toujours aussi fantasque, toujours aussi puissante. Pendant ce temps, dans le village de Mythen-Croyd, Toupie est devenue incontournable depuis sa victoire contre la troupe de Half-Ax. D’un côté comme de l’autre, les choses vont se compliquer. Méchamment.

La Chute de Koli fait suite au Livre de Koli et aux Épreuves de Koli et marque la fin de la trilogie. Toutes vos questions vont trouver une réponse. Certaines dans la douleur, mais tous les destins sont plus ou moins scellés à la fin du roman.

Koli et sa petite équipe vont donc découvrir l’Épée d’Albion. Mais loin de leur apporter, du moins au début, une solution, un moyen d’améliorer la survie de l’humanité, cette découverte va les mettre en danger et les plonger dans les problèmes jusqu’au cou. Ils cherchaient, entre autres, à trouver (ou plutôt retrouver, car tout cela avait existé avant la catastrophe qui a conduit à cette planète, à cette Angleterre en voie d’extinction) une technologie capable de redonner un coup de fouet à la natalité. Mais aussi à unifier les peuples de ce coin pour leur permettre d’être plus forts, génétiquement parlant, tout comme face aux ennemis nombreux créés, malgré eux, par leurs ancêtres : ces arbres meurtriers, ces animaux pour qui l’humain est un gibier. Et ils trouvent l’une des causes de cet état de fait. En découvrant l’Épée d’Albion, ils découvrent des bribes du passé qui leur étaient inconnues. Ils vont mettre un nom sur un des responsables directs de cette crise. Mais ce sera le cadet de leurs soucis. Survivre, une fois de plus, est le seul verbe important.

Toupie, elle, va se retrouver malgré elle parmi les dirigeants de Mythen-Croyd. Enfin, malgré elle : elle désirait faire partie de la famille dirigeante. Mais elle n’était pas préparée à tout cela. Car sa victoire, plus ou moins involontaire, dans la vallée de la Calder l’a propulsée au sommet dans l’esprit des villageois. Elle s’est révélée une combattante intrépide et efficace. Et elle a ramené au village un char, le plus gros tech jamais vu jusqu’ici. Mais le triomphe est de courte durée. Car l’équipe vaincue n’était qu’une miette de l’armée de Half-Ax. Et son chef, le Pacificateur, ne semble pas vouloir arrêter sa progression avant d’avoir récupéré tous les techs du coin. Il affirme haut et fort qu’ils lui appartiennent et qu’ils lui ont été volés. Il est de son devoir de la récupérer. Par la force, de préférence : faire un exemple est nécessaire. Mythen-Croyd est donc en grand danger.

Une trilogie bien fichue

Avec le dernier tome vient l’heure des bilans. Parce que le but de cette chronique n’est pas de tout vous raconter et donc de gâcher votre plaisir. Mais, tout de même, de parler des tendances. Après un début un peu lent avec Le livre de Koli, M.R. Carey a accéléré le mouvement et enrichi sa narration. Grâce à la sortie de Mythen-Croyd qui a permis d’ajouter des personnages et des lieux, des problématiques aussi. Grâce également à la division en deux axes narratifs : Koli et Toupie. Dans ce dernier roman, il se permet même de donner, vers le milieu, la parole à Monono. Une bonne idée, qui enrichit la fin et maintient le suspense par moments. Et offre à ce personnage étonnant toute sa valeur.

Cette trilogie est avant tout un récit post-apocalyptique pas nécessairement novateur mais bien fichu. Avec un retour de bâton par la nature, maltraitée durant des décennies, qui semble prendre sa revanche. Un thème de plus en plus traité. [...] On y trouve aussi l’idée de civilisations réduite à des miettes, séparées, et même souvent en lutte les unes contre les autres. Des groupes humains en déliquescence, sans mémoire, réutilisant comme ils peuvent des morceaux de la technologie perdue.

Mais c’est aussi une série de romans qui traite de la différence. Tasse est une fille qui se retrouve dans un corps d’homme. Et le regard des autres sur sa particularité est bien décrit. Tout comme la façon dont elle vit ce traumatisme. Ses relations aux autres. À elle-même. On y découvre aussi les clones et une utilisation possible. L’intelligence artificielle, ses risques et ses avantages : pour Koli, Monono est un être vivant. C’est son amie la plus chère, celle dont il ne peut pas être privé. Alors qu’elle n’est faite que de composants mis en forme par l’homme. Où commence la personnalité ? Où peut se nicher l’amour ?

La chute de Koli confirme mon sentiment sur la trilogie Rempart. Quand j’en ai commencé la lecture, j’ai eu beaucoup de mal à lâcher le roman avant d’avoir tourné la dernière page. Je voulais savoir la suite des aventures de Koli. Je voulais découvrir ce que l’auteur lui réservait, à lui et à ses compagnes. Je voulais me rassurer quant au destin de l’Engleterre. Et j’ai aimé ces moments, ces inquiétudes. Je penserai encore longtemps à Koli et Monono. Sayônara.

Publié le 24 octobre 2022

à propos de la même œuvre