Les Coups de cœur de Jean-Luc Rivera - Janvier 2013 En tant que lecteur de SF qui a appris à lire chez les auteurs de l’Age d’or, je conserve quelque part un point faible pour cette partie de la SF où de courageux militaires spatiaux conquéraient de nouvelles terres et défendaient avec honneur notre planète. Cette littérature était quelque peu tombée en désuétude mais revient en force depuis quelques années, Jack Campbell - officier de la marine américaine à la retraite - étant l’un des auteurs illustrant cette tendance que je qualifierai de SF militaire intelligente. Avec sa série "La flotte perdue" (six volumes, chacun portant le nom d’un vaisseau de la flotte, tous parus chez L’Atalante) puis sa nouvelle série, "La flotte perdue - Par-delà la frontière" (deux volumes déjà, toujours chez L’Atalante), Jack Campbell nous fait découvrir la guerre impitoyable que se livrent depuis plus d’un siècle les planètes de l’Alliance - démocratiques - et celles des Syndics - totalitaires, le nom est explicite -. Le capitaine John Geary est retrouvé par un vaisseau de l’Alliance flottant dans l’espace, congelé. Une fois ranimé, il va découvrir qu’il a dérivé pendant un siècle, que la guerre qui commençait lorsque son vaisseau a été abattu continue et qu’il est le héros emblématique de toutes les valeurs de la Flotte. Or justement la Flotte est en train d’aller porter un coup mortel aux Syndics suite à des informations confidentielles reçues : bien entendu, il s’agit d’un coup monté par les Syndics afin de piéger la Flotte et la détruire d’un coup. "Black Jack" Geary va donc se retrouver, par l’ancienneté, en charge de la Flotte après l’assassinat de l’amiral en chef et de ses officiers les plus proches, et entreprendre la tâche ardue de ramener celle-ci aussi intacte que possible jusque dans les frontières de l’Alliance, tout en luttant contre ses propres officiers et commandants afin de défendre les valeurs dans lesquelles il a été éduqué, celles qui font l’identité de l’Alliance face aux Syndics, valeurs qui font cruellement défaut à ses descendants après un siècle de guerre sans merci : honneur, droiture, sens moral et critique. A travers les pérégrinations de la Flotte pendant les six premiers volumes, il va restaurer l’esprit de la Flotte et ses valeurs, ce qui redonnera à celle-ci une force opérationnelle qu’elle avait perdu en même temps que son sens tactique ; c’est ce qui, à mon avis, fait tout l’intérêt et la force cette série. Nous avons là un héros à la fois droit dans ses bottes et doutant en permanence de lui-même et de la pertinence de ses réflexions et de ses actions, faisant ainsi les bons choix pour mener ses vaisseaux et ses combats, tout en réfléchissant sur la guerre, ses causes et ses conséquences, surtout après un siècle interminable de lutte. Et aussi, comment gère-t-on l’ennemi, ses actions sont souvent ignobles mais il est aussi humain, comment agit-on et doit-on se comporter vis-à-vis de lui lorsqu’on est victorieux ? Car la victoire est encore plus difficile à gérer que la guerre, surtout lorsque les politiques s’en mêlent en projetant leur crainte de voir Geary se transformer en un Bonaparte et prendre le pouvoir. Ajoutons-y sa découverte des vraies causes de la guerre, celle-ci ayant résulté de l’action insidieuse d’extraterrestres inconnus et qui ont tout fait pour rester cacher. Cela nous donne cette nouvelle série, où Geary, devenu amiral, va découvrir, tout en gérant sa célébrité et sa popularité ainsi que les peurs des politiciens et les tentations de certains de ses officiers, toutes les races autres qui peuplent l’univers, celui-ce débordant de vie après avoir été vide pour les humains pendant des siècles. Cela donnera l’opportunité à Geary de poursuivre ses réflexions sur ce qui fait un humain ou une créature intelligente et sensible, sur les valeurs partagées - la beauté en particulier - et l’aspect physique et les conclusions que l’on peut tirer du comportement, même si l’on ignore tout des motivations profondes. Vous le voyez, nous sommes toujours et encore dans cette SF militaire intelligente, prônant tolérance et ouverture à l’autre, celles-ci étant la conséquence logique d’une conduite honorable : ce sens moral en fera ricaner sans doute certains, mais cela nous donne une série pleine d’action, du grand space opera avec de beaux combats, de beaux sentiments, un héros attachant et des extraterrestres énigmatiques ! Que demander de plus pour passer un bon moment de lecture ? Jean-Luc Rivera

Campbell - Invulnérable - actusf

Les Coups de cœur de Jean-Luc Rivera - Janvier 2013

En tant que lecteur de SF qui a appris à lire chez les auteurs de l’Age d’or, je conserve quelque part un point faible pour cette partie de la SF où de courageux militaires spatiaux conquéraient de nouvelles terres et défendaient avec honneur notre planète. Cette littérature était quelque peu tombée en désuétude mais revient en force depuis quelques années, Jack Campbell - officier de la marine américaine à la retraite - étant l’un des auteurs illustrant cette tendance que je qualifierai de SF militaire intelligente. Avec sa série "La flotte perdue" (six volumes, chacun portant le nom d’un vaisseau de la flotte, tous parus chez L’Atalante) puis sa nouvelle série, "La flotte perdue - Par-delà la frontière" (deux volumes déjà, toujours chez L’Atalante), Jack Campbell nous fait découvrir la guerre impitoyable que se livrent depuis plus d’un siècle les planètes de l’Alliance - démocratiques - et celles des Syndics - totalitaires, le nom est explicite -. Le capitaine John Geary est retrouvé par un vaisseau de l’Alliance flottant dans l’espace, congelé. Une fois ranimé, il va découvrir qu’il a dérivé pendant un siècle, que la guerre qui commençait lorsque son vaisseau a été abattu continue et qu’il est le héros emblématique de toutes les valeurs de la Flotte.

Or justement la Flotte est en train d’aller porter un coup mortel aux Syndics suite à des informations confidentielles reçues : bien entendu, il s’agit d’un coup monté par les Syndics afin de piéger la Flotte et la détruire d’un coup. "Black Jack" Geary va donc se retrouver, par l’ancienneté, en charge de la Flotte après l’assassinat de l’amiral en chef et de ses officiers les plus proches, et entreprendre la tâche ardue de ramener celle-ci aussi intacte que possible jusque dans les frontières de l’Alliance, tout en luttant contre ses propres officiers et commandants afin de défendre les valeurs dans lesquelles il a été éduqué, celles qui font l’identité de l’Alliance face aux Syndics, valeurs qui font cruellement défaut à ses descendants après un siècle de guerre sans merci : honneur, droiture, sens moral et critique.

A travers les pérégrinations de la Flotte pendant les six premiers volumes, il va restaurer l’esprit de la Flotte et ses valeurs, ce qui redonnera à celle-ci une force opérationnelle qu’elle avait perdu en même temps que son sens tactique ; c’est ce qui, à mon avis, fait tout l’intérêt et la force cette série. Nous avons là un héros à la fois droit dans ses bottes et doutant en permanence de lui-même et de la pertinence de ses réflexions et de ses actions, faisant ainsi les bons choix pour mener ses vaisseaux et ses combats, tout en réfléchissant sur la guerre, ses causes et ses conséquences, surtout après un siècle interminable de lutte. Et aussi, comment gère-t-on l’ennemi, ses actions sont souvent ignobles mais il est aussi humain, comment agit-on et doit-on se comporter vis-à-vis de lui lorsqu’on est victorieux ? Car la victoire est encore plus difficile à gérer que la guerre, surtout lorsque les politiques s’en mêlent en projetant leur crainte de voir Geary se transformer en un Bonaparte et prendre le pouvoir. Ajoutons-y sa découverte des vraies causes de la guerre, celle-ci ayant résulté de l’action insidieuse d’extraterrestres inconnus et qui ont tout fait pour rester cacher.

Cela nous donne cette nouvelle série, où Geary, devenu amiral, va découvrir, tout en gérant sa célébrité et sa popularité ainsi que les peurs des politiciens et les tentations de certains de ses officiers, toutes les races autres qui peuplent l’univers, celui-ce débordant de vie après avoir été vide pour les humains pendant des siècles. Cela donnera l’opportunité à Geary de poursuivre ses réflexions sur ce qui fait un humain ou une créature intelligente et sensible, sur les valeurs partagées - la beauté en particulier - et l’aspect physique et les conclusions que l’on peut tirer du comportement, même si l’on ignore tout des motivations profondes.

Vous le voyez, nous sommes toujours et encore dans cette SF militaire intelligente, prônant tolérance et ouverture à l’autre, celles-ci étant la conséquence logique d’une conduite honorable : ce sens moral en fera ricaner sans doute certains, mais cela nous donne une série pleine d’action, du grand space opera avec de beaux combats, de beaux sentiments, un héros attachant et des extraterrestres énigmatiques ! Que demander de plus pour passer un bon moment de lecture ?

Jean-Luc Rivera

Publié le 28 janvier 2013

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