Un roman aussi court qu’enthousiasmant, c’est vraiment ce qui ressort à l’issue de cette lecture. Camille Brissot marque avec une entrée en matière très forte : un des deux personnages principaux se fait assassiner. N’ayant pas relu le résumé avant de commencer, je m’attendais donc vaguement à ce que l’histoire, au choix, opère une longue analepse nous expliquant comment on en est arrivés là, ou nous montre la quête de vengeance de Théophraste. Et, de fait, quête de vengeance il y a bien, mais sous l’égide de Valentine, qui persiste en tant que fantôme – premier point original.
L’intrigue se déroule dans notre univers, mais un monde dévasté par une catastrophe et aux contours quelque peu différents, qui laissent donc libre champ aux aventuriers et inventeurs de tout poil. On plonge donc dans un univers résolument steampunk, dans lequel il est tout à fait normal de croiser des inventions mécaniques sophistiquées côtoyant des frégates à l’ancienne ou même un cirque… composé d’une immense flotille de dirigeables. Il y a une ambiance éminemment romanesque, qui rappelle les romans d’aventure du XIXe siècle, si prenants et mouvementés.
Là-dessus se greffe donc une histoire d’amour éternel qui, alors qu’on aurait pu craindre le contraire, n’est ni mignarde ni dégoulinante. Encore une fois, on est plutôt dans un schéma type de la littérature du XIXe siècle, où l’on croise des personnages certes emportés et francs, mais aussi capables de grands sentiments l’un envers et l’autre. Dans le paysage littéraire actuel, cela change et c’est bien agréable !
De plus, les personnages ne sont pas totalement tournés l’un vers l’autre et les diverses péripéties qu’ils traversent les amènent (et le lecteur avec eux) à considérer quelques questions de fond comme les violences faites aux femmes et aux enfants, l’instinct maternel ou l’amitié.
Le roman est très court (moins de 200 pages), aussi ne se perd-on pas dans les rebondissements : la trame est assez linéaire (sans toutefois être cliché), l’intrigue bien menée, même si l’on regrettera quelques rapidités – mais qui, d’un autre côté, donnent au roman un rythme incroyablement dynamique. Le récit se dévore littéralement !
Avec Dresseur de fantômes, Camille Brissot signe donc un court roman à la délicieuse ambiance steampunk, que l’on découvre et dévore avec plaisir, en en regrettant la brièveté. Nul doute que je lirai d’autres romans de l’auteur, tant sa plume et son univers m’ont séduite.
Sia
Encres & Calames
https://encresetcalames.wordpress.com/2016/08/22/dresseur-de-fantomes-camille-brissot/