A l’instar de Sœur des cygnes, chez le même éditeur, Le pacte du Hob aux éditions l’Atalante est une bonne surprise, un roman qui regorge de qualités littéraires malgré un scénario classique, et dont le gros point fort réside dans le talent de conteuse de son auteur, bien plus rare qu’il n’y parait dans le paysage SFFF actuel… La première bonne surprise du roman vient de son illustration de couverture, réalisée par Amandine Labarre, qui prouve si besoin il en était qu’elle a parfaitement lu la description des personnages et des paysages du roman, jusqu’à leurs infimes petites manies. Une autre particularité de ce roman dans un genre littéraire où abondent les cycles, c’est d’être un one shot, malgré une fin suffisamment ouverte pour appeler une suite. Le pacte du Hob ne se détache pas pour son scénario, puisqu’il met en scène une jeune paysanne, Aren, qui s’installe doucement dans une petite vie tranquille avec son mari, sa ferme, et les animaux dont elle s’occupe. Le tout se déroule en huis-clos dans une vallée champêtre cerclée par des montagnes, où la magie a disparu depuis bien longtemps… jusqu’au jour où notre paysanne qui se résignait à une vie d’épouse soumise perd mari et avenir dans une attaque de maraudeurs, du moins le croit-elle. La voilà lancée dans une longue quête à la recherche d’elle-même, qui va la mener bien plus loin qu’elle ne s’y attendait. Dans cette longue initiation passionnante, le hob, une créature du petit peuple sauvage de la montagne, va l’accompagner en lui faisant découvrir petit à petit ses propres pouvoirs et les créatures fantastiques qui vivent dans la montagne, leur solitude commune les aidant à se rapprocher et à combattre les préjugés. Un scénario classique donc, mais servi par une plume efficace qui parvient à rendre vivant chacun des personnages mis en scène. L’héroïne, Aren, n’a rien des adolescentes imbuvables que l’on retrouve dans bon nombre de romans de fantasy : de l’épouse soumise qui se cache des meurtriers de son mari puis des villageois au fin fond de sa cave à la magicienne accomplie, c’est peu dire qu’elle se révèle attachante, qualité indispensable pour tout roman narré à la première personne. Peut-être est-ce dû au fait qu’il s’agit vraiment d’une humble paysanne, là où tant de romans nous ont habitués à voir des princesses abandonnées derrière chaque magicienne un peu trop douée. Les autres personnages ne sont pas en reste, et chacun d’eux, qu’il s’agisse de l’ancien soldat ou du barde mystérieux, est dépeint avec finesse. L’autre grande réussite de ce roman réside dans son cadre. Il est difficile de ne pas voir dans cette histoire résolument fantasy un écho troublant à notre monde actuel : les magiciens, guérisseurs et médiums sont impitoyablement chassés et persécutés, la magie de la nature a disparu, étouffée par celle des mages de sang au service du pouvoir en place et d’un dieu unique... puis elle se réveille, et on (re)découvre les fantômes, les estorves, les loakal, les esprits de la terre, de la rivière ainsi que bien d’autres, mais on a perdu jusqu’au souvenir des rites célébrant le passage des saisons qui les honoraient. Un autre talent de Patricia Briggs que je tiens à saluer est sa bonne connaissance des créatures du petit peuple : loin de réinventer « un bestiaire à sa sauce » comme le font bon nombre d’auteurs, elle parvient aisément à prouver (et croyez moi, je connais bien le sujet) qu’elle ne s’invite pas en terrain inconnu et qu’elle s’est longuement documentée, tout en parvenant à rendre le tout admirablement vivant. Le pacte du Hob est une excellente surprise romanesque, qui ravira autant les amoureux de fantasy classique où se mêlent les quêtes initiatiques, le merveilleux et les épreuves, que ceux qui recherchent une histoire profonde en écho à la perte actuelle du respect pour la nature et à l’intolérance ambiante. A découvrir dès que possible ! Tsaag Valren, mythologica.net

Briggs - Le pacte du Hob - Mythologica.net

A l’instar de Sœur des cygnes, chez le même éditeur, Le pacte du Hob aux éditions l’Atalante est une bonne surprise, un roman qui regorge de qualités littéraires malgré un scénario classique, et dont le gros point fort réside dans le talent de conteuse de son auteur, bien plus rare qu’il n’y parait dans le paysage SFFF actuel… La première bonne surprise du roman vient de son illustration de couverture, réalisée par Amandine Labarre, qui prouve si besoin il en était qu’elle a parfaitement lu la description des personnages et des paysages du roman, jusqu’à leurs infimes petites manies. Une autre particularité de ce roman dans un genre littéraire où abondent les cycles, c’est d’être un one shot, malgré une fin suffisamment ouverte pour appeler une suite.

Le pacte du Hob ne se détache pas pour son scénario, puisqu’il met en scène une jeune paysanne, Aren, qui s’installe doucement dans une petite vie tranquille avec son mari, sa ferme, et les animaux dont elle s’occupe. Le tout se déroule en huis-clos dans une vallée champêtre cerclée par des montagnes, où la magie a disparu depuis bien longtemps… jusqu’au jour où notre paysanne qui se résignait à une vie d’épouse soumise perd mari et avenir dans une attaque de maraudeurs, du moins le croit-elle. La voilà lancée dans une longue quête à la recherche d’elle-même, qui va la mener bien plus loin qu’elle ne s’y attendait. Dans cette longue initiation passionnante, le hob, une créature du petit peuple sauvage de la montagne, va l’accompagner en lui faisant découvrir petit à petit ses propres pouvoirs et les créatures fantastiques qui vivent dans la montagne, leur solitude commune les aidant à se rapprocher et à combattre les préjugés.

Un scénario classique donc, mais servi par une plume efficace qui parvient à rendre vivant chacun des personnages mis en scène. L’héroïne, Aren, n’a rien des adolescentes imbuvables que l’on retrouve dans bon nombre de romans de fantasy : de l’épouse soumise qui se cache des meurtriers de son mari puis des villageois au fin fond de sa cave à la magicienne accomplie, c’est peu dire qu’elle se révèle attachante, qualité indispensable pour tout roman narré à la première personne. Peut-être est-ce dû au fait qu’il s’agit vraiment d’une humble paysanne, là où tant de romans nous ont habitués à voir des princesses abandonnées derrière chaque magicienne un peu trop douée. Les autres personnages ne sont pas en reste, et chacun d’eux, qu’il s’agisse de l’ancien soldat ou du barde mystérieux, est dépeint avec finesse. L’autre grande réussite de ce roman réside dans son cadre. Il est difficile de ne pas voir dans cette histoire résolument fantasy un écho troublant à notre monde actuel : les magiciens, guérisseurs et médiums sont impitoyablement chassés et persécutés, la magie de la nature a disparu, étouffée par celle des mages de sang au service du pouvoir en place et d’un dieu unique... puis elle se réveille, et on (re)découvre les fantômes, les estorves, les loakal, les esprits de la terre, de la rivière ainsi que bien d’autres, mais on a perdu jusqu’au souvenir des rites célébrant le passage des saisons qui les honoraient.

Un autre talent de Patricia Briggs que je tiens à saluer est sa bonne connaissance des créatures du petit peuple : loin de réinventer « un bestiaire à sa sauce » comme le font bon nombre d’auteurs, elle parvient aisément à prouver (et croyez moi, je connais bien le sujet) qu’elle ne s’invite pas en terrain inconnu et qu’elle s’est longuement documentée, tout en parvenant à rendre le tout admirablement vivant. Le pacte du Hob est une excellente surprise romanesque, qui ravira autant les amoureux de fantasy classique où se mêlent les quêtes initiatiques, le merveilleux et les épreuves, que ceux qui recherchent une histoire profonde en écho à la perte actuelle du respect pour la nature et à l’intolérance ambiante. A découvrir dès que possible !

Tsaag Valren, mythologica.net

Publié le 31 mars 2010

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