Minuit jamais ne vienne est donc un roman très intéressant et bien fait avec un assemblage histoire et fées du meilleur goût. Le début du roman est assez lent mais la suite prend vite le dessus pour nous mener dans un jeu de manigances tentaculaire.

Brennan - Minuit jamais ne vienne - Au pays des Cave-Trolls
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Mélange histoire et fantasy

L’univers de Minuit jamais ne vienne mélange histoire et féerie mais une féerie plutôt sombre. Il n’est pas question de petites fées avec des ailes ou de gentil lutin (comme Lutin 82) mais de fées ressemblant étrangement à des humains grâce à une certaine forme de magie, d’elfes et d’autres créatures du Petit Peuple des îles britanniques. D’ailleurs dans le roman, les fées s’appelle Fae. L’aspect historique du roman est très documenté, le récit se situe à l’époque de Reine Elizabeth 1ère à la fin du XVI ème siècle. Au début du roman, Elizabeth Tudor est reine d’Angleterre depuis une trentaine d’années. La situation politique est tendue avec une tentative échouée d’invasion par la Grande Armada espagnole. La reine est à la fois crainte et aimée de son royaume. Cependant, Elizabeth n’est pas la seule Reine présente dans la ville de Londres. Il existe en effet secrètement une autre cour à peu près au même endroit que la première, mais peuplée de créatures féériques dont la reine s’appelle Invidiana. Dans le secret le plus total, les deux reines ont conclu un pacte pour s’entre-aider et accéder au pouvoir.

Parmi les personnages principaux, on trouve deux individus issus chacun d’une cour: un jeune homme récemment affecté à la garde royale et qui rêve de monter en grade, puis une elfe qui voudrait retrouver les bonnes grâces de sa reine. Pour cela, elle va mener une enquête afin de trouver ce qu’un certain Walsingham connait de la cour d’Onix (la cour d’Invidiana) et l’empêcher d’en apprendre trop. Du côté de l’autre cour, le jeune garde a exactement la mission opposée et doit trouver qui influence en secret la reine Elizabeth. Bien sûr, les deux héros vont finir par se rencontrer et seront amenés à faire d’étranges découvertes.

Les fae dans cet univers ont des aspects connus des légendes mais sont également différentes sur certains points. Trouver des fae en plein cœur de Londres peut surprendre, surtout qu’elles craignent le fer et ne sont pas trop fan de la religion. La conception des fae de Marie Brennan est originale et amène du renouveau dans un thème que l’on a pu déjà voir. Le mélange avec l’histoire fonctionne à merveille puisque l’auteure utilise les fae pour expliquer certains faits historiques.


Un livre qui prend son temps pour plaire

Je dois avouer que malgré ce contexte historique et cet aspect féérique, j’ai eu du mal à entrer dans le roman au départ. J’ai eu du mal à voir où tout ça allait arriver et à me prendre aux jeux d’intrigues. La mise en place au départ est assez lente et les personnages peu attachants au départ. Et puis, petit à petit, je me suis laissée prendre par un récit qui devient plus immersif et intriguant. Ce roman a mis un certain temps à me convaincre et j’ai beaucoup aimé la formulation de Jessica du blog Fantasy à la carte en commentaire sur la photo de ce roman sur Facebook et que j’ai repris en titre de ce paragraphe.

La construction de ce roman est très différente de ce à quoi nous avait habitué Marie Brennan dans sa série des Mémoires de Lady Trent. Ici, pas de journal intime ni de narration à la première personne, mode de narration qui convenait très bien pour des mémoires. Dans Minuit jamais ne vienne, le récit se fait selon les points de vue des deux personnages, le plus souvent en alternance. Cette construction est complétée par un petit côté théâtral avec 5 actes distincts. La construction du roman fonctionne assez bien et est habilement faite. Cependant, le roman est fondé sur les intrigues de cour, sur le pouvoir et la manière d’y arriver. Il y a très peu d’actions, d’où un rythme assez lent au départ. Mais une fois qu’on se laisse prendre au jeu, le mélange de manœuvres de cour, de manigances, de magie et d’histoire fonctionne très bien.

Minuit jamais ne vienne est donc un roman très intéressant et bien fait avec un assemblage histoire et fées du meilleur goût. Le début du roman est assez lent mais la suite prend vite le dessus pour nous mener dans un jeu de manigances tentaculaire.

- Célindanaé, le 17 octobre 2018.

Publié le 22 octobre 2018

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