(...) Dès son premier bouquin (Le Serpent d’Angoisse, sans doute collector aujourd’hui), Roland Wagner a posé les bases thématiques de son œuvre, avec notamment ce fantastique concept de psychosphère, sorte de dimension parallèle nourrie de notre inconscient collectif. Dès ses débuts, aussi, Wagner s’est intéressé au polar (le dictionnaire de Claude Mesplède nous apprend qu’il aurait commencé par essuyer des refus dans le genre avant d’aborder la SF). Comme de juste, et comme d’autres avant lui, il s’est vite amusé à mêler les deux genres, qui s’y prêtent d’ailleurs très bien. Cette fusion a abouti à sa célèbre série des Futurs Mystères de Paris (titre hommage à Léo Malet), née chez le Fleuve et aujourd’hui rééditée à l’Atalante. Tøøns est le sixième volume d’une série de neuf (pour l’instant). Cette fois, le détective mutant Tem (alias Temple Sacré de l’Aube Radieuse !) « transparent » (les rares qui le remarquent l’oublient aussitôt), toujours aidé par des « fées » virtuelles qui n’ont pas leur langue dans la poche, est confronté à une invasion de créatures issues des cartoons ! On croise même Titi au détour d’un chapitre... Reprenant le concept génial de Qui veut la peau de Roger Rabbit, adapté à sa sauce de façon très cohérente, psychosphère incluse, Roland C. Wagner déploie tout son humour et toute son imagination dans cette histoire quelque peu abracadabrante. Comme d’habitude, l’auteur maîtrise les codes du roman policier et trousse une enquête assez intéressante où un kangourou cartoonesque (magnifique sur la couverture de Caza) dérobe les exemplaires d’un vieux roman de SF écrit par le grand-père de Tem (ce qui nous vaut quelques clins d’œil rigolos au petit monde de la SF). Pour nos intrépides héros, ce n’est là que le début d’une sinistre machination qui pourrait bien changer leur vie, voire la face d’un monde déjà bien barge en temps normal. Regrettons quand même que le Paris futur soit au final peu décrit. Vraiment dommage quand on lit le titre de la série et quand on pense au génial Paris des Nestor Burma de Malet. Cela ne semble curieusement pas vraiment intéresser Wagner qui a, c’est vrai, fort à faire avec ses créatures très originales. N’empêche, Tem est aussi sympathique et drôle que Burma, ce qui n’est pas peu dire. Tout comme ses comparses, d’ailleurs. Trois nouvelles s’ajoutent à cet agréable roman. La première, excellente, tourne autour de la disparition du Sacré Coeur ! La seconde, carrément complémentaire du roman Tøøns, est un peu trop longue, malgré une superbe idée de singe mutant prophète d’une nouvelle religion. Quand on vous dit que les gens sont prêts à croire n’importe quoi… Dommage qu’un Terminator-like, le cyberninja, voit ses scènes d’action traitées par-dessus la jambe. Bon, c’est un choix aussi respectable qu’un autre : l’action ne semble vraiment pas la priorité de Wagner. La troisième nouvelle se révèle être une bonne enquête, intéressante sans être passionnante, à l’image de Tøøns dans son ensemble. Ce qui ne l’empêche pas d’être un bon bouquin.   Patryck Ficini, 30 novembre 2009, parcheverses.blogspot.com.

Wagner - Toons - CitronMeringue
(...) Dès son premier bouquin (Le Serpent d’Angoisse, sans doute collector aujourd’hui), Roland Wagner a posé les bases thématiques de son œuvre, avec notamment ce fantastique concept de psychosphère, sorte de dimension parallèle nourrie de notre inconscient collectif. Dès ses débuts, aussi, Wagner s’est intéressé au polar (le dictionnaire de Claude Mesplède nous apprend qu’il aurait commencé par essuyer des refus dans le genre avant d’aborder la SF). Comme de juste, et comme d’autres avant lui, il s’est vite amusé à mêler les deux genres, qui s’y prêtent d’ailleurs très bien. Cette fusion a abouti à sa célèbre série des Futurs Mystères de Paris (titre hommage à Léo Malet), née chez le Fleuve et aujourd’hui rééditée à l’Atalante. Tøøns est le sixième volume d’une série de neuf (pour l’instant). Cette fois, le détective mutant Tem (alias Temple Sacré de l’Aube Radieuse !) « transparent » (les rares qui le remarquent l’oublient aussitôt), toujours aidé par des « fées » virtuelles qui n’ont pas leur langue dans la poche, est confronté à une invasion de créatures issues des cartoons ! On croise même Titi au détour d’un chapitre... Reprenant le concept génial de Qui veut la peau de Roger Rabbit, adapté à sa sauce de façon très cohérente, psychosphère incluse, Roland C. Wagner déploie tout son humour et toute son imagination dans cette histoire quelque peu abracadabrante. Comme d’habitude, l’auteur maîtrise les codes du roman policier et trousse une enquête assez intéressante où un kangourou cartoonesque (magnifique sur la couverture de Caza) dérobe les exemplaires d’un vieux roman de SF écrit par le grand-père de Tem (ce qui nous vaut quelques clins d’œil rigolos au petit monde de la SF). Pour nos intrépides héros, ce n’est là que le début d’une sinistre machination qui pourrait bien changer leur vie, voire la face d’un monde déjà bien barge en temps normal. Regrettons quand même que le Paris futur soit au final peu décrit. Vraiment dommage quand on lit le titre de la série et quand on pense au génial Paris des Nestor Burma de Malet. Cela ne semble curieusement pas vraiment intéresser Wagner qui a, c’est vrai, fort à faire avec ses créatures très originales. N’empêche, Tem est aussi sympathique et drôle que Burma, ce qui n’est pas peu dire. Tout comme ses comparses, d’ailleurs. Trois nouvelles s’ajoutent à cet agréable roman. La première, excellente, tourne autour de la disparition du Sacré Coeur ! La seconde, carrément complémentaire du roman Tøøns, est un peu trop longue, malgré une superbe idée de singe mutant prophète d’une nouvelle religion. Quand on vous dit que les gens sont prêts à croire n’importe quoi… Dommage qu’un Terminator-like, le cyberninja, voit ses scènes d’action traitées par-dessus la jambe. Bon, c’est un choix aussi respectable qu’un autre : l’action ne semble vraiment pas la priorité de Wagner. La troisième nouvelle se révèle être une bonne enquête, intéressante sans être passionnante, à l’image de Tøøns dans son ensemble. Ce qui ne l’empêche pas d’être un bon bouquin.
 
Patryck Ficini, 30 novembre 2009, parcheverses.blogspot.com.
Publié le 5 février 2010