Un retour à la maison
Après nous avoir fait voyager dans diverses contrées et récits lors des trois premiers tomes, Des mammouths à la porte nous ramène aux Collines-Chantantes aux côtés de Chih, quatre années après son départ à travers le monde. Un retour chez soi donc mais une découverte pour nous de ce lieu si emblématique où vivent les adelphes et leurs célèbres neixin. Le lieu des archives de tous ces récits glanés, faits comme légendes, qui construisent l’univers imaginé par l’autrice. Mais lorsqu’on revient à un endroit familier après un temps d’absence conséquent, on ne retrouve jamais tout à fait ce lieu que nous avons quitté. C’est ce qu’expérimente l’adelphe qui retrouve tout autant ses repères que tous les changements qui marquent ce lieu, ses souvenirs et ses changements. Si on ne part pas à la découverte d’une nouvelle légende de ce monde, on plonge ici plus intimement dans le récit de Chih et des gens qui en sont proches. Tout aussi envoûtant et poétique que les tomes précédents, c’est aussi une histoire plus douce, plus touchante aussi, qui évoque tant le côté réconfortant de l’habitude que le désarroi de la perte.
Une histoire de deuils
Des mammouths à la porte parle de deuils multiples. Il y a d’abord le deuil classique et terrible de la perte d’un être cher et des manières dont on peut supporter ce chagrin. Mais il y a aussi le deuil de ce que nous avons connu et qui n’est plus, le deuil de qui nous fumes par le passé, le deuil d’une ancienne façon de vivre, le deuil aussi, de nos rêves et ambitions face aux épreuves que la vie nous a fait vivre. C’est un livre très touchant, très beau aussi. Car dans la peine, multiple mais sincère, qui parsème ce récit, il est aussi question de renouveau, de renaissance, d’acceptation du changement pour construire autre chose. Des mammouths à la porte, sous couvert d’un court récit teinté de troubles diplomatiques et d’adieux à faire, garde en creux une richesse d’interprétation magnifique. Et, bien sûr, Nghi Vo y parle encore de l’importance des histoires qui ont le pouvoir d’atténuer un peu nos peines et même de prolonger l’existence d’un être ou d’un souvenir. J’ai été profondément émue par ce récit que je vous invite, une fois encore, vivement à découvrir.
En bref, Des mammouths à la porte est un récit très beau qui parle d’un retour chez soi mais aussi et surtout de deuils. Évoquant tant l’intensité et l’intimité du chagrin, l’impact des changements que l’importance du souvenir, ce court récit constitue un doux condensé d’émotions et de sagesse qui nous en apprennent plus sur les Collines-Chantantes et les gens qui y vivent. J’ai adoré ce récit un peu à part dans la série et pourtant tout aussi envoûtant que ces prédécesseurs.