Le Dauphiné libéré

Cet univers était trop attachant, trop loufoque aussi, pour qu'on l'oublie si facilement, et surtout qu'on n'ait pas envie d'y revenir. Nous voici donc de retour à Medicine Rock, petite bourgade sur la frontière de l'Ouest sauvage, après la fameuse bataille de la guerre de Sécession où tout a commencé à mal tourner. Dans cet Ouest là, en effet, certaines personnes ont des pouvoirs étranges, comme de se changer en grizzly, ou de créer à partir de rien des monstres terrifiants et mortellement dangereux, cette magie, on rappelle le gesticulage ou le babillage ou encore par d'autres noms, une seule chose est sûre, il est préférable d'avoir un bon shérif, pourvu d'une bonne dose de magie en plus de son six coups si l'on veut dormir tranquille. Jake Bird est de cette espèce.

Les ombres s'accumulent pourtant autour de la petite ville du désert. Alors qu'elle semble coupée de tout, voici que le monde et le progrès s'intéressent à elle. Elle est pressentie pour devenir une station du chemin de fer transcontinental. Mais voilà, les méthodes des sbires de la compagnie ferroviaire ne sont pas très claires. Buffalo Bill, le Faiseur de pluie et Jake Bird, à bord d'une extravagante diligence à voiles, se lancent à la poursuite du train du Diable, dans le plus pur style de Jesse James.

Si ce second roman de James Sumner est un peu moins éblouissant que La Tour du Diable paru chez le même éditeur, on aura quand même plaisir à renouer avec son style si particulier. Réécrire la légende de l'Ouest réclame de toute façon du talent, et une vision en Technicolor, Sumner possède l'un et l'autre, on peut donc prendre son ticket pour l'aventure, sans hésiter.

T.H., Le Dauphiné libéré, février 2000

Publié le 18 juin 2009