Le quatorzième dans le cycle Honor Harrington,  Sans concession est fidèle aux tomes précédents. C’est-à-dire, mélange intrigues politiques et militaires, et contient un certain nombre de batailles spatiales. L’Atalante continue à publier ce cycle de space opera qui fait le bonheur des fans du genre.

Sans concession - marcfvb
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Le quatorzième dans le cycle Honor Harrington,  Sans concession est fidèle aux tomes précédents. C’est-à-dire, mélange intrigues politiques et militaires, et contient un certain nombre de batailles spatiales. L’Atalante continue à publier ce cycle de space opera qui fait le bonheur des fans du genre.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis l’attaque de Yawata où plusieurs millions de personnes ont péri dans le système de Manticore, et où une partie des infrastructures spatiales ont été détruites. Manticore se relève lentement avec l’aide de ses alliés Graysoniens, mais aussi Havriens devenus des alliés.

La Ligue solarienne met en œuvre son plan Boucanier qui consiste à détruire les infrastructures des systèmes qui veulent quitter la ligue, et qui ont des liens commerciaux avec Manticore, ou qui sont aux marches de la fédération. C’est de l’intimidation qui consiste à réduire les échanges commerciaux que Manticore pourrait avoir avec d’autres systèmes stellaires. Mais les mandarins solariens (le groupe de personnalités politiques et militaires qui tirent les ficelles) doivent éviter que les allégations de Manticore concernant un ennemi qui agit dans l’ombre soient vraies. En élaborant « boucanier », ils espèrent intimider une bonne partie de la galaxie pour ne pas se soumettre à Manticore qui va de victoire en victoire.

Boucanier s’exécute dans plusieurs systèmes solaires, dans lesquels parfois il existe une force manticorienne. Les forces en présence sont disproportionnées en nombre de vaisseaux. Il ne fait aucun doute que la Ligue solarienne peut aligner des flottes entières face à de simples escadres manticoriennes. Mais la technologie est à l’avantage de Manticore. Comme d’habitude, les Solariens sous-estiment l’intelligence des Manticoriens. À plusieurs reprises, ils vont subir des échecs cuisants. Mais Manticore et ses alliés ne peuvent être partout à la fois. Et la ligue solarienne le sait très bien et exécute Boucanier chaque fois que c’est possible.

On a donc droit a de grandes batailles de vaisseaux, où David se bat contre Goliath. Parfois, les Manticoriens se sacrifient pour sauver des millions de personnes appartenant à d’autres systèmes stellaires, parfois la Ligue solarienne n’a aucune difficulté à appliquer son plan Boucanier. C’est une course contre la montre pour la ligue qui a des vaisseaux, mais pas les moyens financiers pour moderniser son armement. C’est aussi une course contre la montre pour Manticore qui doit retrouver son niveau de production d’avant l’attaque de Yawata.

J’ouvre une parenthèse ici, en faisant remarquer que les Solariens passent vraiment pour des imbéciles, trop imbus de leur personne, toujours en train de déformer les faits dans les médias, et surtout d’une mauvaise foi exemplaire. Tous les systèmes stellaires qui veulent l’indépendance sont considérés comme des traitres, tandis que les Manticoriens et leurs alliés sont des néo-barbares. C’est lourd de le lire au fil des pages.

Honor Harrington n’interviendra dans cette histoire que dans le deuxième volume. Dans le premier, elle se consacre plutôt à des mondanités. Mais dès qu’elle sera exaspérée par une attaque de la Ligue solarienne, et une seconde attaque sournoise initiée par l’alignement Mesan, elle va enfin utiliser la grande flotte et mettre fin à la menace de la ligue. Désolé de révéler l’info ici, mais ça se devine depuis longtemps, et en tant que lecteur on ne pouvait pas attendre indéfiniment ce moment. Sans concession, donne bien son titre à ce tome. Honor Harrington siffle la fin de la récréation et met fin à la partie. Et dans ce bras de fer direct avec la grande alliance, la ligue ne fait pas le poids.

Est-ce la fin du cycle ? Pas vraiment. Les grandes batailles ne sont plus à l’ordre du jour puisque la ligue solarienne a été défaite par Honor Harrington. La Terre et le système solaire sont relégués à un rôle de système stellaire qui a perdu la majorité de ses infrastructures militaires. Mais l’alignement Mesan n’a pas été vaincu et reste tapi quelque part dans la galaxie. C’est la chasse au lapin, comme le dit Honor Harrington. Reste à trouver le terrier. Est-ce que David Weber va l’écrire ? Probablement, mais cela n’inclut pas nécessairement Honor Harrington. Comme elle deviendra le premier Lord de l’empire de Manticore, elle n’a plus à commander un vaisseau ou une flotte. Elle devra dorénavant déléguer ses pouvoirs à des officiers de confiance et donner les ordres depuis un quartier général.

J’aurais donc tendance à dire qu’un tome 15 devrait voir le jour pour résoudre le problème de l’alignement Mesan. Ce sera probablement beaucoup de discussions et peu de batailles, voire pas de bataille du tout. Alors là le cycle serait vraiment terminé.

Quand on observe cette fin provisoire, on constate que le reste de la galaxie est loin d’être apaisé. Plusieurs systèmes stellaires veulent quitter la ligue solarienne, et cela ne se fera pas nécessairement dans le calme. Des dirigeants locaux vont probablement prendre le contrôle de leur système stellaire en utilisant la manière forte. Donc, il y aura des soulèvements qui mèneront à l’indépendance, mais tous ne prendront pas les armes. Reste à voir si ce seront des démocraties ou des dictatures. Est-ce que Manticore, Havre et Grayson vont jouer les gendarmes de la galaxie ? Cela se pourrait bien. Mais si David Weber décide d’écrire d’autres histoires dans l’univers de Honor Harrington, celles-ci n’auront jamais l’ampleur de celle qui vient de se terminer.

Je rappelle qu’on attend toujours la suite de La maison d’acier  qui se passe avant Honor Harrington, et qui doit faire deux tomes de plus. Si David Weber pouvait s’y atteler, ce serait bien…

J’ai bien aimé ce quatorzième opus, mais en le lisant parfois de travers, comme je l’ai fait pour les tomes précédents. Les histoires de chats sylvestres ne font pas avancer l’histoire, tout comme les réunions des Mandarins (solariens). Ces chapitres peuvent donc être lus en diagonale pour accélérer la lecture. Il faut juste de temps en temps retenir l’un ou l’autre mot qui a une incidence sur le reste de l’histoire ! Ce roman aurait pu faire 600 ou 700 pages plutôt que 1104 pages !

Ce tome 14 ne manque pas de batailles spatiales. Mais au-delà de celles-ci, on remarque que Manticore et ses alliés ne cherchent pas à les provoquer, au contraire. C’est toujours la ligue solarienne qui la déclenche, et c’est toujours l’alignement Mesan qui pratique des génocides comprenant plusieurs millions de personnes. Le coupable idéal, c’est Manticore, c’est ce que la ligue veut faire croire pendant qu’elle le peut encore. Mais les médias ne sont pas dupes et comprennent que Manticore est le bouc émissaire d’un ennemi qui se cache.

Restent les batailles spatiales qui sont le cœur de tout livre du cycle, et qui nécessitent d’avoir une bonne calculatrice sous la main, ou une feuille Excel. David Weber prend un malin plaisir à détailler chaque bataille, mais ici ce ne sont pas quelques missiles qui sont largués, mais des centaines de milliers. Par moment, en tant que lecteur, on a envie de connaitre le résultat d’une bataille, et pas nécessairement tout son développement.

Dans la lignée des derniers tomes, Sans concession plaira aux fans du cycle. Ils devront lire les 1104 pages que contiennent les deux tomes. Ceci n’est pas vraiment une fin. David Weber l’explique mieux que moi à la fin du deuxième tome.

marcfvb

Publié le 15 avril 2020