J'ai plaisir à retrouver la compagnie de Sibylle, de Peir Esmalit ou de Shudjâ. Alors que notre "mule franque" a mis la main sur la Rose de Djam et tente, par des chemins détournés, de retrouver les Quarante pour leur remettre ce précieux calice, Esmalit, lui, est mise à l'épreuve. C'est le moment pour lui de se montrer digne d'être le véritable seigneur de Terra Nuova. Quant au Loup de Daylâm, depuis qu'il a survécu aux tortures des Frères de la Droite Voie, il a compris qu'un traître se cache parmi les Quarante et que sa protégée court un grave danger. Pour tous, les événements s'accélèrent, alors ils n'ont pas d'autres choix que de se laisser emporter par ce maelstrom d'aventures qu'ils ne contrôlent pas. Même le sage Shudjâ n'a pas prise sur tout.
Voici un roman qui apporte son lot de surprises et fait monter la tension dans l'action. L'autrice lève le voile sur la traîtrise qui compromet la mission de Sibylle. On prend conscience de l'étendu du danger qu'encourent nos héros sans pour autant bien percevoir toute sa portée. Les enjeux mises à jour sont complexes.
On prête à cette Rose de Djam de tels pouvoirs qu'elle attise forcément la convoitise. Elle est un peu ce que l'Anneau unique a été pour Sauron dans les romans de J.R.R. Tolkien : un objet de puissance auquel les faibles ne résistent pas. C'est le motif de la quête que doivent mener ici les protagonistes de Sandrine Alexie. C'est l'élément fondamental de ce cycle qui agite autant l'avidité des personnages que notre curiosité de lecteurs et d'aventuriers.
Mais que serait un bon roman sans de charismatiques héros ?
Sandrine Alexie l'a bien compris et a intégré à son récit des personnages bien trempés, comme sa Sibylle qui n'hésite pas à s'aventurer seule sur les routes dangereuses du Moyen-Orient. Fougueuse, elle ne recule devant aucun péril, pas même face aux mercenaires que lui envoie la Droite Voie. Avec elle, Sandrine Alexie nous brosse le portrait d'une héroïne attachante que l'on n'a pas envie de quitter.
Plus que de relater les périples que des croisés, en leur temps, auraient pu connaître, l'autrice confère à son récit une bonne dose de sorcellerie. En effet, protégée par des forces supérieures, Sibylle se voit dotée de pouvoirs qui lui permettent, par exemple, de tenir éloigné ses poursuivants. Il semblerait que le simple fait de détenir ce graal, cela l'entoure d'une protection magique. Voilà un détail qui donne à ce cycle son caractère fantasy qu'en bons amateurs d'Imaginaire, nous ne saurions résister.
Les mots de Sandrine Alexie sont des graines qu'elle plante au fil des pages soulignant la grandeur de cette épopée et l'impuissance de ses héros face à cette impossible et insensée quête.
Le Pôle du Monde poursuit une histoire sombre et captivante. J'ai aimé ce roman, comme les deux précédents, toujours avec autant de fascination et de plaisir.