Olivier Paquet est un auteur prolifique de nouvelles et de romans qui s’inscrivent généralement dans le genre de la science-fiction. L’Ost céleste est son dernier roman en date et l’auteur flirte cette fois-ci largement avec la fantasy même s’il n’abandonne pas complètement son genre de prédilection. Ce roman détonne donc dans un mélange de genres, véritable récit de fantasy politique qui cache une dimension science-fictive d’une portée bien plus grande.
Avec L’Ost céleste, Olivier Paquet ne perd pas de temps et plonge directement le lecteur dans le grand bain et au milieu d’une crise politique de grande ampleur. En effet, suite à la mort soudaine du Roi de l’Archipel des Francheterres, la fille de celui-ci, Indira, se retrouve sur le trône, projetée bien malgré elle dans une lutte de pouvoir face à sa cousine qui revendique sa place. Grâce à sa position, Indira a accès à une arme suprême, un anneau qui permet de faire appel à l’Ost céleste, une puissance dont la nature reste inconnue, mais dont l’efficacité ne fait pas de doute. Cependant, Indira joue un rôle de gardien de cette arme via un cérémonial très bien orchestré et ne peut l’utiliser qu’en cas de grande menace sur son peuple et non uniquement pour lui permettre de garder son trône.
Indira se retrouve donc plongée au cœur d’un chaos politique et va devoir apprendre très vite les jeux du pouvoir alors que même ses propres conseillers semblent capables de la trahir. Dans ce jeu politique, Indira va trouver un allié improbable, Eugen de Bastfortt, puissant banquier de Jirone, une République proche. Habitué à manipuler son monde et à tirer les ficelles, Eugen a gravi tous les échelons jusqu’à devenir l’un des personnages les plus influents de Jirone. Au début du récit, ce personnage mène une lutte politique, mais aussi intra-familiale contre ses enfants qui ne sont pas à sa hauteur pour lui succéder selon lui, et il entame une correspondance avec Indira dont les lettres constitueront le fil conducteur du roman.
Ainsi, L’Ost céleste alterne les points de vue d’Eugen et d’Indira en introduisant à chaque fin de chapitre les lettres cryptées qu’ils s’échangent. S’il n’est pas difficile de décrypter les lettres, cela apporte un côté très ludique au roman. On se prend au jeu d’essayer de découvrir les plans secrets d’Eugen et d’Indira, car tout le roman repose bien là-dessus. Machination, secrets, complots politiques et trahisons sont ainsi les maîtres mots de ce roman qui est véritablement un récit de fantasy basé sur les stratégies politiques. A ce titre, le roman reste classique, tout en étant très efficace, et moi qui apprécie beaucoup ce genre, mais qui en lit assez peu, j’ai forcément été satisfaite.
L’univers bien qu’il ne soit pas forcément facile à appréhender et qu’il reste assez restreint puisque basés sur les lieux où demeurent nos deux personnages principaux est agréable à découvrir. Même si le récit est assez lent et statique, l’univers est riche, suffisamment par rapport au nombre de pages et aux intrigues politiques qu’il développe. Jirone fait penser à une ville italienne de Renaissance avec ses grandes familles de banquiers qui tirent les ficelles dans l’ombre comme c’est le cas avec Eugen. Les personnages sont également plaisants à suivre. La jeune Indira, projetée dans la lumière du pouvoir qui paraît bien frêle au départ, mais qui va se révéler être une stratège et une manipulatrice de taille et Eugen, personnage ambivalent qu’on aime et qu’on déteste à la fois, mais dont on se délecte des machinations et des luttes intestine qu’il mène contre ses propres enfants. Olivier Paquet réussit très habilement à connecter ces deux personnages qui rien n’unit au premier abord et c’est un plaisir de les voir s’entraider pour déjouer les pièges mis sur leur chemin.
Olivier Paquet nous offre finalement un bel échiquier politique, il déplace ses pions avec finesses abordant au passage pas de thématiques comme la succession, le devoir et le sacrifice. Et derrière tout ça plane l’ombre de l’Ost céleste et le mystérieux pouvoir de l’anneau. S’il n’est pas très compliqué de deviner ce qui se cache en réalité derrière tout ça, c’est tout de même bien vu et rafraîchissant et j’ai beaucoup apprécié la dimension prise par le récit dans son dénouement.
L’Ost céleste d’Olivier Paquet est un roman qui mêle habilement fantasy politique et science-fiction jouant entre complots, manipulations, luttes de pouvoir et trahisons. À travers une narration alternée et une correspondance cryptée entre les deux personnages principaux, on prend plaisir à suivre ces jeux de pouvoir pas toujours faciles à appréhender, mais qui offrent une belle finesse et une résolution qui sort de l’ordinaire.
