Il y a à peu près un an je me lançais
dans ce cycle de Space-Opera qui me tentait vraiment. Après un premier
tome intéressant, mais un peu introductif (ma chronique
ici) et un second tome que j’ai trouvé vraiment efficace avec son univers fascinant et ses réflexions intéressantes (ma chronique
là),
j’avais hâte de voir ce qu’allait proposer l’auteur avec ce dernier
tome. Vu que les Utopiales proposait ce livre en avant-première, je me
suis dépêché de le faire entrer dans ma PAL. À noter la magnifique
couverture, toujours illustrée par Manchu, qui reste dans le même esprit
que les deux premiers tomes.
Quinze ans ont passés depuis la fin du
second tome et donc trente ans depuis la fin du premier. La guerre des
fréquences touche à sa conclusion, la technoprophète dominant le cheik
noir et la dernière bataille approchant. Les lignes d’intrigues
développées dans les tomes précédents commencent donc à dévoiler leurs
conclusions, proposant toujours autant de machinations, de
rebondissements et de complots. Un développement de l’histoire qui se
révèle vraiment efficace même si assez linéaire dans sa construction et
ses surprises.
Car voilà, ce qui marque dans ce récit
n’est pas totalement l’histoire, même si elle sert de support et se
révèle cohérente et intéressante, non ce qui happe le lecteur c’est la
véritable fresque humaine que l’auteur nous dévoile au fil des pages,
nous plongeant dans ce Space-Opera avec fascination et passion. Le
rythme du récit se révèle posé et attentif, ce qui permet ici clairement
de poser et développer les différents points importants ainsi que
travailler l’émotion et dévoiler l’univers, mais pourrait peut-être en
rebuter certains, donnant l’impression de stagner. Ce qui est dommage,
car ce récit ouvre tellement de possibilités.
Rien que les personnages se révèlent
vraiment fascinants, on les retrouve tous changés après tant d’années,
ils ont évolué. La vie ne leur a pas toujours fait de cadeaux. Ils se
révèlent toujours aussi complexes, denses et ambigus et reposent dans ce
tome clairement sur les émotions, les sentiments et l’espoir qu’ils
arrivent à partager et surtout à transmettre au lecteur. On retrouve
aussi avec plaisir des anciens personnages du premier tome, même si
parfois on aurait aimé en savoir plus sur ces années perdues. En tout
cas les personnages ont un rôle prépondérant dans l’histoire, le lecteur
s’attachant clairement à eux, à leurs réflexions, leurs besoins, leurs
envies, leurs souffrances et surtout à leurs rêves. J’aurai juste un
léger reproche concernant la technoprophète, elle tombe un peu dans le
manichéisme dans ce tome ne servant que comme symbole de l’ennemi dans
l’histoire, là où elle a toujours été au final un rêve brisé, mais rien
de bien dérangeant.
Autre point vraiment intéressant,
efficace et soigné dans ce roman ce sont les réflexions misent en avant
par l’auteur concernant l’influence de la communication instantanée,
principalement celle de banquise, sur la vie des peuples, sur leurs
conditionnements. Elle cherche à les abrutir, en reniant leurs passés,
détruisant tout aspect de pensée, de diversité, les forçant à tous
rentrer dans un seul et unique moule creux et sans âme. Mais aussi la
mise en avant de l’influence du passé dans la construction de soi et de
son avenir, ou bien encore l’apprentissage et la découverte par
soi-même. Des réflexions vraiment marquantes, mais surtout misent en
avant et développées de façon intelligentes poussant le lecteur à se
poser des questions sans jamais non plus trop le forcer.
Mais surtout là où l’œuvre a réussi à me
toucher c’est, d’une certaine façon, en me faisant rêver d’étoiles. En
me rappelant l’importance de simplement lever la tête et les admirer, se
rendre compte de leurs beautés, de notre insignifiance. Le roman nous
rappelle à travers un être simple tel que Prodige que notre vie
finalement dépend de nos rêves, de nos véritables liens et pas
simplement d’une reconnaissance virtuelle ou d’une liberté vide de sens
et de compréhension. La conclusion pleine d’espoir se révèle vraiment
accrocheuse, même si peut-être légèrement trop happy-end par certains
aspects.
L’univers développé dans le livre montre
justement bien ces dégradations misent en avant par ce travail des
fréquences, remplaçant des mondes qu’on avait connus flamboyants et
fascinants par des mondes en plein abrutissement, qui ne vivent que par
procuration de leurs écrans, cherchant le regard et l’amour de gens qui
ne sont que virtuels ou ne les regardent pas. Des planètes qui se
croient libres, mais se révèlent en fait manipulés, où les différents
peuples se révèlent perdus, se croyant aimés par une technoprophète qui
ne cherche en fait qu’à imposer son point de vue. Les différents
conditionnements et leurs effets néfastes, mais prônant une diversité,
ont explosés, laissant place à quelque chose sans âme, sans esprit, des
mondes où l’Histoire, les cultures et les mythes disparaissent au profit
d’un message de rêve et de liberté factice, vide de sens et de racines.
Parfois l’auteur va peut-être un peu trop loin, c’est vrai, dans sa
façon de présenter cette évolution.
Alors, bien sûr, quelques points
paraissent de temps en temps traités trop rapidement, des personnages
évoluent parfois trop vite, des situations auraient pu mériter d’être un
peu plus développés, ou encore certains retournements de situations se
révèlent sans surprises. Mais voilà le tout est vraiment balayé par
l’ambiance et le fait que l’auteur arrive à faire rêver, à nous emporter
dans son univers plein d’étoiles et de mystères. Comme je l’ai dit ce
cycle est une fresque, un roman choral à la fois fascinant, empli de
rêve et d’étoiles, le tout porté pas une plume toujours aussi soignée,
poétique et efficace qui nous happe vraiment dès les premières phrases.
Le message portera sûrement différemment selon le lecteur, en tout cas
pour moi il m’a touché.
Ma seule véritablement critique, plus
globale, concerne le fait d’avoir découpé le livre en trois, car mis à
part trois couvertures de Manchu l’intensité de l’histoire aurait gagné à
ne pas être séparée. Mais bon simple avis personnel. En tout cas je
sors ravi de ma lecture de ce troisième tome et de ce cycle qui a
vraiment réussi au final à m’emporter.
En résumé
: J’ai passé un excellent moment de lecture avec le troisième tome de
ce cycle, qui vient ainsi clôturer les différentes intrigues misent en
avant depuis le premier tome. Une intrigue au rythme posé et parfois un
peu linéaire, mais qui m’a vraiment emporté par son message d’étoiles et
de rêves ainsi que par ses réflexions vraiment soignées et
intelligentes sur l’influence de la technologie et de la communication
dans nos vies, sur notre passé et notre avenir. Il est parfois bon de
simplement lever la tête et admirer le ciel. On retrouve un univers en
pleine décadence qui colle parfaitement au message que cherche à faire
passer le roman, même si parfois il pousse un peu loin. Les personnages
sont toujours aussi fascinant, complexes et attachants, même si j’ai
trouvé que la technoprophète tombait parfois un peu dans la caricature
de la méchante. Quelques petits points m’ont dérangés comme certains
aspects traités trop rapidement ou encore un ou deux retournements de
situations qui manquent de surprises, mais rien de bien gênant tant au
final j’ai été emporté par le message véhiculé par ce cycle.
Ma Note : 8,5/10
Blog-O-livre
Publié le 15 novembre 2013