Dites fantasy, on vous répond héros nordique, à la Siegfried ou Beowulf ; ou arturien, style Lancelot, Merlin ou Gauvain. Rien de tout cela chez Javier Negrete. Les mythes qui passionnent l'écrivain espagnol sont les mythes grecs. Zeus, Hermès, Athéna, Héphaïstos, les géants et les cyclopes, voilà des héros qu'il a envie de mettre en scène. Et il le fait : son Seigneurs de l'Olympe est totalement consacré aux récits que nous connaissons via Homère, Hésiode, Ovide, etc.
C'était audacieux. S'attaquer à ces monuments de la mythologie et de la littérature mondiale, fallait oser. L'aède Negrete a eu raison. Son roman est assez réussi. Il parvient à nous faire croire à ces héros statufiés depuis trois millénaires au moins et même à nous les rendre proches, suffisamment pour qu'on puisse être soudain en osmose avec eux. Et particulièrement avec Athéna, la belle et attachante déesse.
Bien sûr, ce sont des dieux. Invincibles, donc. Pas vraiment, en fait. Les dieux aussi peuvent être vaincus. Le maître de l'Olympe n'est jamais à l'abri de la trahison et l'on sait que les bagarres ne manquaient pas entre ces dieux, demi-dieux, dragons, titans, géants, tous jaloux l'un de l'autre, tous avides de pouvoir.
Javier Negrete imagine un soulèvement contre Zeus. Celui des Géants et, tapis derrière eux, tout un monde de centaures, satyres et nymphes. C'est la révolte des anciens peuples, des anciens dieux contre les nouveaux dieux et leurs protégés, les hommes. Les soubresauts d'un monde ancien qui ne veut pas mourir.
Javier Negrete prend des libertés avec le mythe. Il imagine, il invente, il transforme, il adapte à son récit. Un travail d'écrivain, pas de compilateur. Ce qui amusera tous ceux qui ont adoré les belles histoires de l'Olympe.
Jean-Claude Vantroyen, Le Soir (30 novembre 2007)