Difficile de résumer les trois volumes qui précèdent sans en dévoiler un peu trop, mais sachez que l’on retrouve les personnages principaux mis en scène dans le premier tome (cf. Galaxies n24). Toutefois, à l’instar de la situation géopolitique et militaire, ils ont souvent beaucoup changé depuis le début de leurs aventures, et beaucoup voyagé. Par ailleurs, d’autres protagonistes se sont dégagés au fil du récit et enrichissent ainsi la trame narrative de leur point de vue. Par exemple, Orville, que l’on découvre (dans le tome 1) simple sergent au ser-vice d’un hobereau dans un bourg de montagne, a été promu capitaine-ambassa-deur-militaire, puis déporté sur d’un bout de caillou inhospitalier perdu au milieu des eaux, dont il est devenu roi (t. 2), avant de rejoindre la résistance et de découvrir qu’il avait les mêmes talents que les Sang-bleu. Après avoir appris à connaître ses dons de mage auprès d’Oldarik qui se terre dans une vallée inaccessible (t. 3), Orville, dans le présent volume, regagne la civilisation par la Crête, comme pour boucler son périple amorcé trois ans plus tôt, lorsqu’il était parti simple sergent à la poursuite de voleurs d’enfants. Quel périple ! Et ce n’est pas fini… Mais la Crête a bien changé : des milliers et des milliers d’esclaves y sont morts pour construire des fortifications et des forteresses colossales sur ordre de Lothar, un ancien de la Garde qui a repris le trône du Premier Royaume qu’il estimait lui revenir. Il a décrété l’avènement des Sang-bleu, ceux qui comme lui sont plus forts, plus rapides et vivent plus longtemps que les humains normaux et qui, jusqu’alors, étaient éliminés lorsqu’on les découvrait parmi les gens du peuple – tandis que les Sang-bleu de la noblesse allaient secrètement grossir les rangs de la Garde. Sous son règne terrible, les Sang-rouge sont ravalés au rang de bétail, les femmes n’étant plus que des ventres voués à porter la descendance des Sang-bleu. Très vite, les principaux officiers de la Garde ont pris la place de l’ancienne noblesse, dans la plupart des sept Royaumes. Après l’Inquisition affreuse qui régnait, le génocide pratiqué par les anciens Gardiens s’avère encore plus abomi-nable.      Des soldats donnent la chasse à Orville, mené par son frère Cravan qu’il a eu le tort d’épargner. Il croise aussi Tarman, un Gardien de la vieille école, qui escorte Braseline, une fillette mage ; celle-ci adore tuer et brûler tout ce qui lui résiste. Orville a appris à contrôler sa Clairvoyance et grâce à leur confrontation il en découvre un peu plus sur la magie, tout en rendant la fillette folle de rage.      Sylvan de son côté a échappé à ses anciens confrères de la Garde qui s’étaient emparés du Fort du Goulet après le départ d’Orville, et il poursuit son périple à travers le Cinquième Royaume, vers le Nord, guidé par un Sang-bleu qui est aussi très laid et cède tous ses caprices à sa mule, Beauté. Aléïde, sauvée par un empoisonneur de la Compagnie du Verrou qui vit dans les marais avec son chien Rombus, est devenue assez douée elle-même et son maître décide de la présenter à son Ordre au cours d’une cérémonie où ils pourront tester le poison dont elle lui a révélé l’existence, ce poison qui tue les invincibles Sang-bleu. Elle n’a qu’une idée en tête : se venger de celui qui a assassiné son mari et l’a violée pendant des semaines. Rouault elle aussi est approchée par la Compagnie du Verrou qui l’aide à s’infiltrer parmi les esclaves menés vers la Crête. Fanette de son côté s’installe et ouvre une auberge pour y attendre Orville dont elle a dé-cidé qu’il serait sien. Mais son auberge, une maison abandonnée, est réputée hantée… Ferrand, Rosa et leur groupe de réfugiés ont trouvé une communauté de Sang-bleu qui vit en autarcie depuis des siècles aux portes du désert après avoir échappé aux persécutions. La mage qui les guidait jadis aurait entraîné leurs pour-suivants dans le désert, pendant que d’autres rebouchaient les puits derrière elle. La jeune Rosa a bien l’intention de la retrouver – si elle est encore vivante. La communauté s’installe dans les contreforts montagneux et avec Fernest, elle part explorer la grotte qu’elle a choisie pour maison.      On pourrait ajouter encore d’autres fils narratifs : Pétrus, Jof, Léo, Lothar et Rufus, Aldémond et les habitants du Huitième Royaume… L’auteur se plaît à nous conter les aventures des uns et des autres, dans un style fluide qui se lit tout seul.      Comme on le voit, l’histoire déploie ses ramifications. Certains Royaumes pren-nent un peu plus de consistance : ils semblent toujours plus vastes que la carte qui figure au début de chaque roman même si nous continuons à n’en avoir qu’une vision souvent très parcellaire et floue, désincarnée. Les protagonistes traversent des épreuves et changent, se découvrent, s’endurcissent, prennent parti, se croisent, se retrouvent… Leurs actes et leurs paroles sonnent juste. Chaque personnage ou groupe de personnages est intéressant à suivre et on ne s’ennuie jamais, d’autant que la violence destructrice de Lothar et des siens précipite les sept Royaumes dans le chaos. Cet opus comme le précédent nous montre l’horreur de l’esclavage et du massacre à grande échelle, d’une manière qui ne peut qu’évoquer l’Holocauste. Il nous invite ainsi à réfléchir sur la question de l’humanité, sur la violence et le pouvoir, mais aussi sur la différence, sur la gestion d’un pays, d’un peuple, sur l’amour et les sentiments qui unissent les êtres. L’auteur nous dévoile de plus en plus que son univers médiéval et la magie relèvent en fait de la SF, comme de courts chapitres nous l’avaient déjà laissé deviner au fil des précédents volumes. Mais l’action s’intensifie et on ne sait tou-jours pas où ni comment tout cela va se terminer. Et c’est tant mieux ! Le tome 5 est prévu pour début 2015… François Manson - Galaxies

Goddyn - le Sang des 7 Rois IV - Galaxies
     Difficile de résumer les trois volumes qui précèdent sans en dévoiler un peu trop, mais sachez que l’on retrouve les personnages principaux mis en scène dans le premier tome (cf. Galaxies n24). Toutefois, à l’instar de la situation géopolitique et militaire, ils ont souvent beaucoup changé depuis le début de leurs aventures, et beaucoup voyagé. Par ailleurs, d’autres protagonistes se sont dégagés au fil du récit et enrichissent ainsi la trame narrative de leur point de vue.
Par exemple, Orville, que l’on découvre (dans le tome 1) simple sergent au ser-vice d’un hobereau dans un bourg de montagne, a été promu capitaine-ambassa-deur-militaire, puis déporté sur d’un bout de caillou inhospitalier perdu au milieu des eaux, dont il est devenu roi (t. 2), avant de rejoindre la résistance et de découvrir qu’il avait les mêmes talents que les Sang-bleu. Après avoir appris à connaître ses dons de mage auprès d’Oldarik qui se terre dans une vallée inaccessible (t. 3), Orville, dans le présent volume, regagne la civilisation par la Crête, comme pour boucler son périple amorcé trois ans plus tôt, lorsqu’il était parti simple sergent à la poursuite de voleurs d’enfants. Quel périple ! Et ce n’est pas fini…
Mais la Crête a bien changé : des milliers et des milliers d’esclaves y sont morts pour construire des fortifications et des forteresses colossales sur ordre de Lothar, un ancien de la Garde qui a repris le trône du Premier Royaume qu’il estimait lui revenir. Il a décrété l’avènement des Sang-bleu, ceux qui comme lui sont plus forts, plus rapides et vivent plus longtemps que les humains normaux et qui, jusqu’alors, étaient éliminés lorsqu’on les découvrait parmi les gens du peuple – tandis que les Sang-bleu de la noblesse allaient secrètement grossir les rangs de la Garde. Sous son règne terrible, les Sang-rouge sont ravalés au rang de bétail, les femmes n’étant plus que des ventres voués à porter la descendance des Sang-bleu. Très vite, les principaux officiers de la Garde ont pris la place de l’ancienne noblesse, dans la plupart des sept Royaumes. Après l’Inquisition affreuse qui régnait, le génocide pratiqué par les anciens Gardiens s’avère encore plus abomi-nable.
     Des soldats donnent la chasse à Orville, mené par son frère Cravan qu’il a eu le tort d’épargner. Il croise aussi Tarman, un Gardien de la vieille école, qui escorte Braseline, une fillette mage ; celle-ci adore tuer et brûler tout ce qui lui résiste. Orville a appris à contrôler sa Clairvoyance et grâce à leur confrontation il en découvre un peu plus sur la magie, tout en rendant la fillette folle de rage.
     Sylvan de son côté a échappé à ses anciens confrères de la Garde qui s’étaient emparés du Fort du Goulet après le départ d’Orville, et il poursuit son périple à travers le Cinquième Royaume, vers le Nord, guidé par un Sang-bleu qui est aussi très laid et cède tous ses caprices à sa mule, Beauté. Aléïde, sauvée par un empoisonneur de la Compagnie du Verrou qui vit dans les marais avec son chien Rombus, est devenue assez douée elle-même et son maître décide de la présenter à son Ordre au cours d’une cérémonie où ils pourront tester le poison dont elle lui a révélé l’existence, ce poison qui tue les invincibles Sang-bleu. Elle n’a qu’une idée en tête : se venger de celui qui a assassiné son mari et l’a violée pendant des semaines. Rouault elle aussi est approchée par la Compagnie du Verrou qui l’aide à s’infiltrer parmi les esclaves menés vers la Crête. Fanette de son côté s’installe et ouvre une auberge pour y attendre Orville dont elle a dé-cidé qu’il serait sien. Mais son auberge, une maison abandonnée, est réputée hantée… Ferrand, Rosa et leur groupe de réfugiés ont trouvé une communauté de Sang-bleu qui vit en autarcie depuis des siècles aux portes du désert après avoir échappé aux persécutions. La mage qui les guidait jadis aurait entraîné leurs pour-suivants dans le désert, pendant que d’autres rebouchaient les puits derrière elle. La jeune Rosa a bien l’intention de la retrouver – si elle est encore vivante. La communauté s’installe dans les contreforts montagneux et avec Fernest, elle part explorer la grotte qu’elle a choisie pour maison.
     On pourrait ajouter encore d’autres fils narratifs : Pétrus, Jof, Léo, Lothar et Rufus, Aldémond et les habitants du Huitième Royaume… L’auteur se plaît à nous conter les aventures des uns et des autres, dans un style fluide qui se lit tout seul.
     Comme on le voit, l’histoire déploie ses ramifications. Certains Royaumes pren-nent un peu plus de consistance : ils semblent toujours plus vastes que la carte qui figure au début de chaque roman même si nous continuons à n’en avoir qu’une vision souvent très parcellaire et floue, désincarnée. Les protagonistes traversent des épreuves et changent, se découvrent, s’endurcissent, prennent parti, se croisent, se retrouvent… Leurs actes et leurs paroles sonnent juste. Chaque personnage ou groupe de personnages est intéressant à suivre et on ne s’ennuie jamais, d’autant que la violence destructrice de Lothar et des siens précipite les sept Royaumes dans le chaos. Cet opus comme le précédent nous montre l’horreur de l’esclavage et du massacre à grande échelle, d’une manière qui ne peut qu’évoquer l’Holocauste. Il nous invite ainsi à réfléchir sur la question de l’humanité, sur la violence et le pouvoir, mais aussi sur la différence, sur la gestion d’un pays, d’un peuple, sur l’amour et les sentiments qui unissent les êtres. L’auteur nous dévoile de plus en plus que son univers médiéval et la magie relèvent en fait de la SF, comme de courts chapitres nous l’avaient déjà laissé deviner au fil des précédents volumes. Mais l’action s’intensifie et on ne sait tou-jours pas où ni comment tout cela va se terminer. Et c’est tant mieux ! Le tome 5 est prévu pour début 2015…
François Manson - Galaxies
Publié le 3 octobre 2014

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