Ce dernier tome de la trilogie de la
Cohérence utilise donc un phénomène actuel, celui des réseaux sociaux,
mais également les dérives que pourraient entraîner l'abus de
technologie. Pour bien le démontrer, Andreas Eschbach va introduire un
nouveau personnage, un adolescent ordinaire qui va voir ses amis céder à
la mode du Lifehook et rentrer dans une sorte d'asociabilité,
incapable de communiquer autrement. Puis cédant lui-même à cette mode,
il va se faire voler sa vie petit-à-petit, ne devenant qu'un rouage
secondaire de la cohérence.
Pendant ce temps, Christopher Kidd
trouve des indices concernant la cohérence qui le mène à un de ses amis
virtuels, le mystérieux PO-Man, hacker qui a décidé d'enregistrer
toute sa vie et qui est également en fuite, mais à l'autre bout du
monde : en France. Christopher n'a plus qu'à se rendre dans l'hexagone
en compagnie de Serenity, avec qui il va pouvoir se faire passer pour
un couple en vacances et se rapprocher un peu plus l'un de l'autre. Une
amourette adolescente qui ne doit pas leur faire oublier la Cohérence
et la menace qu'elle représente.
La partie mettant en scène
l'adolescent est un parfait exemple de comment la technologie envahit
notre vie quotidienne et s'y installe doucement, nous coupant parfois
de la réalité, grâce à cette idée d'implant, qui n'est finalement
qu'une métaphore de ces portables et de ces tablettes qui ne nous
quittent plus. Sans condamner cette technologie, Andreas Eschbach en
dresse un portrait alarmant et rappelle l'importance des rapports
humains au-de-là de la virtualité. Une réflexion qui apporte aussi sa
touche à l'intrigue.
Car Andreas Eschbach est un maître du
techno-thriller dans lequel il met aussi en scène une romance
adolescente un brin mièvre, mais crédible. Le côté thriller est lui
particulièrement efficace et rend bien parano, n'importe qui pouvant
donc appartenir à la Cohérence et devenir une menace pour Serenety et
Christopher. La conclusion souffrira tout de même d'une petite
facilitée, mais ce n'est guère gênant, vu la qualité de l'intrigue et le
passage en France ne souffre pas trop des clichés trop souvent
utilisés pour la décrire !
Cette trilogie a donc une conclusion à
la hauteur et devient même effrayante quand elle décrit les dérives
possibles des nouvelles technologies. Andreas Eschbach a un côté
visionnaire qui donne ce petit supplément d'âmes à ces livres et les
rends plus passionnant. En dénonçant ici les risques d'un monde trop
informatisé et trop prompte à la connexion virtuelle, il livre un roman
qui semble plus que jamais d'actualité sur les risques que pourrait
engendrer les réseaux et l'émergence d'une intelligence artificielle, ce
qui est forcément fascinant !
Note : 9/10
Stegg