« Dune, c’est un drame shakespearien »
Dune est une saga culte.
Tout sur Dune va devenir un livre culte. Sous la direction de Lloyd Chéry, une série de fans, d’écrivains, de spécialistes décortiquent le phénomène
Dune. Et cela sans le langage ésotérique de l’expert. Tout est lumineux, comme les yeux de Paul Atréides, dans ce bouquin sur un bouquin. C’est à la fois une excellente introduction à la lecture comme à la vision de
Dune et un parfait débriefing après. Vous avez compris : ne vous contentez pas de la vision de Gilles Villeneuve, lisez aussi la saga littéraire.
Pourquoi ? « Parce que c’est un des grands livres de science-fiction, il est souvent cité dans le top 5 des livres qu’il faut avoir lus en SF, répond Lloyd Chéry. Dune a vraiment marqué les esprits. C’était un roman très novateur à l’époque. Quand Frank Herbert prépublie ce livre en deux parties en 1963 dans Analog, l’âge d’or de la SF est passé et les thématiques de Dune, du coup, sont très nova- trices. On va parler d’écologie, de décroissance, de l’eau et de la rareté de l’eau, de génétique. Et Dune a un univers très original : une espèce de monde proto-moyenâgeux mélangé avec du moyen-oriental, avec la langue arabe. Et le roman comprend de beaux portraits féminins, ce qui était assez rare à l’époque. Dune s’est imposé comme un classique au fur et à mesure des années. Et il y a des parallèles à faire entre l’actualité et Dune : la question de l’islam, le chemin de Paul Atréides qui est le chemin du prophète Mahomet, les thématiques du djihad ou de la croisade. Tout ça fait écho pour un jeune lecteur de 2021.»
Pour Loyd Chéry, Dune ne vieillit pas pour deux raisons. D’abord Frank Herbert a très intelligemment abandonné toutes les questions de machines et d’intelligence artificielle puisque son univers a connu un djihad contre elles ; il n’y a donc plus de technologie devenue ringarde. La seule technologie, d’ailleurs, est le distille, qui permet aux Freemen de récupérer toutes les émanations d’eau du corps, et c’est une technologie qui nous parle, à l’aube des problèmes d’eau que nous allons connaître. Et puis Frank Herbert décrit assez peu d’actions : « C’est une pièce de théâtre dramatique, dit Chéry. On a l’impression d’être dans un drame shakespearien, et ça fait que ça ne vieillit pas. »
L’écrivain Laurent Genefort, dans Tout sur Dune, ajoute: «
Frank Herbert recentre ses réflexions sur l’éternel humain et se présente en digne héritier des mythes fondateurs de l’humanité (...). C’est un roman d’apprentis- sage, caractéristique des contes et des mythes de tous les continents, intemporels, initiatiques – le Mhâbhârata, le Râmâyana, l’épopée de Gilgamesh, L’Iliade et L’Odyssée, la quête du Graal, les mythologies nordiques... » Comment encore hésiter ?
Faut-il lire tout « Dune » ? A la question du titre, d’emblée la réponse est non. Et puis on peut discuter, si vous voulez. En tout, Frank Herbert a écrit six volumes de sa saga : Dune, Le messie de Dune, Les enfants de Dune, L’empereur-dieu de Dune, Les hérétiques de Dune et La maison des mères. A la mort de Frank, en 1986, à 65 ans, son fils Brian a repris le flambeau avec l’aide de Kevin J. Anderson. Jusqu’ici, quinze romans poursuivent la saga, de La guerre des machines à La dame de Catalan, à paraître en français le 21 septembre.
Alors, faut-il tout lire ? Si vous n’avez jamais lu Dune, il faut absolument vous y plonger, vous n’en sortirez pas avant longtemps, fasciné que vous serez par l’univers développé par Herbert de livre en livre. Il est donc impératif de lire le tout premier, Dune, et, si vous êtes conquis, les cinq autres vo- lumes écrits par Frank Herbert et traduits en français par Michel Demuth d’abord, par Guy Abadia ensuite.
Jean-claude Vantroyen - Le Soir Plus MAD
