Finalement, peu importe le temps écoulé entre chacun des tomes des Chroniques d'Alvin le Faiseur, ce cycle est écrit avec une telle fluidité que l'on s'immerge sans difficulté dans la suite et le plaisir demeure toujours au rendez-vous.

Flammes de vie - Fantasy à la carte
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Avec Flammes de vie, Orson Scott Card marque une rupture de narration dans son cycle. En effet, si dans les tomes précédents, il était plutôt question de quête d'identité pour Alvin, dans ce présent roman, on suit un héros indéniablement adulte qui sait qui il est et où il va. Il a pris pleinement conscience du destin qui s'offre à lui et n'a plus qu'à mettre tout en oeuvre pour l'accomplir. Maintenant qu'il sait quoi faire, à savoir construire sa cité de Cristal, il ne lui reste plus qu'à comprendre comment y parvenir. Voilà pourquoi nous le retrouvons sur les routes en quête d'inspiration. 

Flammes de vie est un roman charnière qui apparaît comme un tournant dans ce cycle car il nous fait bien ressentir que la dernière ligne droite est engagée. Ce nouvel objectif donne un nouveau souffle au récit et maintient par la même occasion l'attention des lecteurs. 

Pour continuer à répondre aux exigences de son uchronie de fantasy, l'auteur conserve toujours ce même cadre historique qui opposa les esclavagistes aux abolitionnistes, tout en continuant d'explorer le merveilleux qui s'exprime très naturellement sur cette terre de mixité culturelle et cultuelle. 

Aussi, dans Flammes de vie, on ne s'étonne donc pas d'assister à un procès pour sorcellerie. Au vu du lourd passé américain avec les tristement célèbres procès de Salem, les superstitions ont la dent dure et invoquer Satan à tour de bras pour, par exemple, se débarrasser d'un voisin par pure jalousie demeure monnaie courante. En outre, Orson Scott Card s'est allègrement inspiré ici du folklore africain en insérant des pratiques vaudou. On les remarque notamment à travers la fabrication de poupées ensorcelées ou d'objets réalisés à partir de morceaux de corde censés contenir l'âme des esclaves nouvellement débarqués en Amérique. Seul moyen pour ces derniers de réussir à supporter leur terrible condition. 

Dans ce tome 5, les croyances amérindiennes ont laissé la place aux africaines pour continuer de baigner le lecteur dans cette ambiance ésotérique inhérente à ce cycle. Sans excès, on apprécie ce trait de magie qui accompagne les personnages de cette histoire. C'est d'ailleurs l'un des éléments qui font le charme de cette saga, au même titre que certains de ses protagonistes. 

Ainsi, l'auteur a misé sur une communauté de héros pour rendre son texte encore plus captivant. Ce n'est donc pas seulement Alvin que l'on apprécie de suivre car on est tout autant attaché à sa femme, qu'au jeune Arthur Stuart et même à Calvin. Ce dernier a beau être le méchant de l'histoire, il apporte à celle-ci tout son suspense, surtout à cause de cette imprévisibilité qui le caractérise. 

Finalement, peu importe le temps écoulé entre chacun des tomes des Chroniques d'Alvin le Faiseur, ce cycle est écrit avec une telle fluidité que l'on s'immerge sans difficulté dans la suite et le plaisir demeure toujours au rendez-vous. 

Fantasy à la carte

Publié le 1 juillet 2021