Le personnage de Dominic Flandry est intelligent, charmant, fringant, casse-cou, infaillible, etc… autant de qualités qui font de lui un héros tout simplement invincible. Mais il est aussi doté d’une vaste collection de défauts, parmi lesquels le machisme et la corruptibilité, la superficialité et l’égoïsme ; il aime d’ailleurs beaucoup les femmes et l’argent pour les plaisirs qu’il peut en retirer personnellement. Flandry est en quelque sorte une caricature d’être humain par le biais d’une personnalité ambigüe faisant appel à des traits de caractère extrêmes. Ainsi, dès sa première mission, il déjoue le projet de conquête des Scothani, férus d’honneur, en leur inculquant l’une des spécialités des Terriens, la manipulation à des fins personnelles (Le tigre par la queue). Toutes les missions de Dominic Flandry sont d’ailleurs à cette image. Car il est conscient de ses travers et vit parfaitement avec eux. Ils sont ni plus ni moins le reflet de ses origines, l’Humanité étant capable, on le sait, du pire comme du meilleur. Dans son esprit, il ne s’agit pas de préserver l’Empire terrien de la chute, celle-ci étant d’ores et déjà inévitable, et même programmée. En revanche, elle peut être retardée afin de profiter au maximum de tous les plaisirs de la vie, ce que ne manque pas de faire le héros qui aime au moins autant cela que l’Empire. Quelque part il y a parallélisme, à quelques millénaires près, avec la chute de l’Empire romain dont on sait que Poul ANDERSON est un fin connaisseur. Dominic Flandry a par ailleurs un ennemi attitré, Aycharaych de la planète Chéréion, son alter ego à la solde de l’Empire merséien, le plus dangereux rival de l’Empire terrien. Tout aussi subtil que Flandry, il s’agit d’un extraterrestre également doué de télépathie. On le rencontre dès la troisième aventure de Dominic Flandry (Honorables ennemis), pour le retrouver quasi systématiquement ensuite, à l’exception de la dernière nouvelle du recueil (Le fléau des maîtres). Toutes ces caractéristiques inscrivent Agent de l’Empire terrien dans la catégorie du Space Opera mâtiné d’espionnage. Chaque récit est une occasion pour découvrir un autre monde et une autre culture ; ceux-ci sont traités le plus sérieusement possible par Poul ANDERSON, en particulier du point de vue de l’histoire, de la géographie et des aspects sociaux et politiques des différentes sociétés rencontrées, ce qui les rend parfaitement crédibles en dépit de l’exotisme physique de leurs habitants. Pour le reste, l’auteur traite ses histoires sur un ton léger et plein d’humour grâce à son personnage central qui aborde malgré tout des sujets plus profonds tels que la vie, la mort ou la religion. En fait, les actes et les paroles de Dominic Flandry doivent tantôt être analysés au premier degré, tantôt au second. C’est à cette seule condition que l’oeuvre d’ANDERSON pourra être comprise et appréciée à sa juste valeur, celle d’un divertissement bien plus subtil qu’il n’y parait de prime abord.  Philémont, 19 mars 2010, arcanesfantasy.free.fr

Anderson - Agent de l'Empire Terrien - ArcaneSFantasy
Le personnage de Dominic Flandry est intelligent, charmant, fringant, casse-cou, infaillible, etc… autant de qualités qui font de lui un héros tout simplement invincible. Mais il est aussi doté d’une vaste collection de défauts, parmi lesquels le machisme et la corruptibilité, la superficialité et l’égoïsme ; il aime d’ailleurs beaucoup les femmes et l’argent pour les plaisirs qu’il peut en retirer personnellement. Flandry est en quelque sorte une caricature d’être humain par le biais d’une personnalité ambigüe faisant appel à des traits de caractère extrêmes. Ainsi, dès sa première mission, il déjoue le projet de conquête des Scothani, férus d’honneur, en leur inculquant l’une des spécialités des Terriens, la manipulation à des fins personnelles (Le tigre par la queue). Toutes les missions de Dominic Flandry sont d’ailleurs à cette image. Car il est conscient de ses travers et vit parfaitement avec eux. Ils sont ni plus ni moins le reflet de ses origines, l’Humanité étant capable, on le sait, du pire comme du meilleur. Dans son esprit, il ne s’agit pas de préserver l’Empire terrien de la chute, celle-ci étant d’ores et déjà inévitable, et même programmée. En revanche, elle peut être retardée afin de profiter au maximum de tous les plaisirs de la vie, ce que ne manque pas de faire le héros qui aime au moins autant cela que l’Empire. Quelque part il y a parallélisme, à quelques millénaires près, avec la chute de l’Empire romain dont on sait que Poul ANDERSON est un fin connaisseur. Dominic Flandry a par ailleurs un ennemi attitré, Aycharaych de la planète Chéréion, son alter ego à la solde de l’Empire merséien, le plus dangereux rival de l’Empire terrien. Tout aussi subtil que Flandry, il s’agit d’un extraterrestre également doué de télépathie. On le rencontre dès la troisième aventure de Dominic Flandry (Honorables ennemis), pour le retrouver quasi systématiquement ensuite, à l’exception de la dernière nouvelle du recueil (Le fléau des maîtres). Toutes ces caractéristiques inscrivent Agent de l’Empire terrien dans la catégorie du Space Opera mâtiné d’espionnage. Chaque récit est une occasion pour découvrir un autre monde et une autre culture ; ceux-ci sont traités le plus sérieusement possible par Poul ANDERSON, en particulier du point de vue de l’histoire, de la géographie et des aspects sociaux et politiques des différentes sociétés rencontrées, ce qui les rend parfaitement crédibles en dépit de l’exotisme physique de leurs habitants. Pour le reste, l’auteur traite ses histoires sur un ton léger et plein d’humour grâce à son personnage central qui aborde malgré tout des sujets plus profonds tels que la vie, la mort ou la religion. En fait, les actes et les paroles de Dominic Flandry doivent tantôt être analysés au premier degré, tantôt au second. C’est à cette seule condition que l’oeuvre d’ANDERSON pourra être comprise et appréciée à sa juste valeur, celle d’un divertissement bien plus subtil qu’il n’y parait de prime abord.
 Philémont, 19 mars 2010, arcanesfantasy.free.fr
Publié le 19 mars 2010