Serge Valletti à l'honneur : 1 rentrée littéraire = 2 opus

27 août 2015

En littérature, certaines madeleines de Proust nécessitent une attention toute particulière. Aux éditions L'Atalante, un plaisir gourmand a provoqué la réédition de Pourquoi j'ai jeté ma grand-mère dans le Vieux-Port.

Alors que Serge Valletti s'était juré que jamais il n'accepterait de le passer à la scène, des adaptations théâtrales ont fleuri, des centaines de représentations ont eu lieu depuis la première lecture à Chaillot en 2011. Rien d'étonnant à ce que ce récit autobiographique ait rencontré un large succès auprès du public lors de sa première parution en septembre 1995. Lire Serge Valletti, c'est avant tout écouter, écouter une histoire personnelle, d'innombrables histoires incroyables, drôles et tendres. C'est un peu comme traverser une galerie, celle de la vie, avec pour audioguide un narrateur habité par les souvenirs de son enfance marseillaise, par des tranches de vie – à foison – de gens hauts en couleur.

Savourez cette madeleine ... sans modération ... non ... aucune.

Puis délectez-vous avec un deuxième opus : Je m’en rappelle - 579 impressions marseillaises, un livre de souvenirs sous forme de fragments, numérotés de 1 à 579.

Ce sont, comme chez Pérec, des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d'un même âge ont vu, ont partagé et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles ne valaient pas la peine de faire partie de l'Histoire, ni de figurer dans les Mémoires des hommes d'État, des sportifs et des monstres sacrés du cinéma.

Ces Je m'en rappelle ont été rassemblés entre janvier 2008 et juin 2014. Le principe en est simple : tenter de retrouver non pas un souvenir mais une impression, une sensation, un instant, un moment, un son, une couleur, une peur, une crainte ou une joie petite ou immense en les fixant par un agencement de lettres sur du papier comme d'autres épinglent des insectes sur des cartons qu'ils mettent dans des boîtes. Ces « idées ou choses vécues » s'échelonnent pour la plupart entre ma première et ma vingt-deuxième année, c'est-à-dire entre 1951 et 1973, l'année où j'ai quitté Marseille pour monter à Paris. Il s'agit donc d'une sorte d'écume de la pensée qui émerge des débuts de ma vie et dessine en creux ce qu'a pu être, malgré d'insondables tourments intérieurs, une très heureuse enfance marseillaise. Serge Valletti

Sans modération... alors oui !... sans aucune modération, vous pouvez également plonger dans l'univers de cet homme de lettres et de théâtre en vous régalant de sa bibliographie.

Et pourquoi pas le rencontrer en chair et en os : le 24 septembre à l'événement miNuit Blanche à Uzès, et le 7 novembre au salon du livre Les Automnales de Saint Loup à Marseille.

Serge Valletti, né en 1951 à Marseille, écrit du théâtre et en joue dès la fin des années 60. Il écrit des comédies qui lui permettent d'exercer la satire sociale et de mœurs propre au genre. Il y a une faconde Valletti, mais surtout un principe d'écriture par association qui lui permet de passer du fait intime de la vie d'un individu à une cause ou un grand fait de l'histoire.

Isabelle Scaglia