Une capitaine aussi efficace qu’Honor Harrington ne peut pas être maintenue bien longtemps au rancard. Même son exil pour meurtre lors d’un duel doit prendre fin quand le conflit entre le royaume de Manticore et la république populaire de Havre s’enlise. Face à la pression, ses ennemis ont trouvé le moyen parfait de réintégrer Honor : lui confier une mission de lutte contre des pirates très agressifs dans un coin sauvage de l’univers appelé la confédération Silésienne. Avec seulement quelques vaisseaux, elle est censée ramener l’ordre sur tout un secteur. Si elle réussit avec de faibles moyens, tant mieux pour le royaume, et sinon le « problème Honor » sera réglé pour de bon…

Dans le tome précédent, Honor était en exil, mais deux vieux ennemis politiques font alliance pour la ramener au front pour accomplir une mission et ils espèrent bien qu’elle lui coûtera la vie. Il faut dire qu’entre les anciennes familles nobles et le puissant cartel commercial Hauptman, Honor a trouvé le moyen de se mettre beaucoup de monde à dos ! Qu’à cela ne tienne, elle compte bien s’occuper de la mission qu’on lui a confiée avec sa rigueur habituelle, et tant pis si elle ne dispose que de quelques gros navires marchands, réarmés pour l’occasion de façon expérimentale.

Il va donc falloir jouer au plus fin pour débusquer les pirates et corsaires. Se faire passer pour une cible juteuse avec une cargaison à piller avant de calmer leurs agresseurs avec quelques grosses surprises. Ce n’est pas dans le style habituel d’Honor, mais elle n’a pas vraiment le choix, d’autant que les gouvernements planétaires du coin ont souvent des accords officieux avec les pirates, ce qui lui complique sévèrement la tâche.

Plusieurs nouveaux personnages font leur apparition comme l’enseigne Wanderman, un jeune inexpérimenté fraîchement sorti des classes militaires et pour qui des gens comme Honor sont déjà des légendes à imiter. Il y a aussi des pommes pourries : les équipages d’Honor ayant été complétés sur le tas avec quelques durs à cuire récalcitrants, ces derniers vont poser des problèmes sérieux, surtout confrontés à l’autorité et aux bleus…

On aura plaisir à retrouver plusieurs personnages secondaires pétillants des anciens équipages de notre héroïne. Enfin, Caslet, un simple capitaine de corvette – et ennemi désigné d’Honor – va quasiment lui voler la vedette en agissant de façon très brave et désintéressée. Une preuve de plus que dans l’univers somme toute manichéen de David Weber, ses personnages sont, eux, beaucoup plus subtils : si Havre, en tant qu’ennemi, comporte beaucoup d’imbéciles arrogants, il y a néanmoins dans le tas quelques héros aussi !

Passé le découpage frustrant en deux tomes, j’ai beaucoup aimé Mascarade Silésienne. Le côté crescendo des enjeux a un peu diminué pour revenir à une échelle plus humainement compréhensible. Le fan hardcore regrettera un peu que l’auteur rappelle certains faits qu’il connait déjà et qui ralentissent le rythme. Quand on a dévoré la saga, ils sont un peu surfaits, mais j’imagine que pour quelqu’un de normalement constitué, ils sont nécessaires, donc je lui pardonne.

J’adore toujours autant les personnages qui sont pour moi un des gros points forts de cette saga (notamment avec un retournement que je n’avais pas vu venir !). Quant aux combats spatiaux, Weber trouve toujours le moyen de me surprendre par leur déroulement époustouflant de violence et de technique mêlées. Mais bon, à priori, si vous êtes arrivés à ce stade de la saga, c’est que, comme moi, vous l’adorez. Soyez rassurés, ce tome est aussi bon que les précédents !

Cluric