Les Chroniques de l'Imaginaire

L'action se situe après la « reddition » du baron Tellian face aux hommes emmenés par Bahzell. Ce repli, vécu comme une infamie par nombre de seigneurs sothõis ainsi que l'éviction de Mathian de son domaine de Hersepure au profit de Festian, considéré comme un roturier, vont engendrer rancœur et désir de vengeance, deux sentiments on ne peut plus intéressants pour créer un terrain propice à l'extension du domaine et de la zone d'influence des Ténèbres.

Cavaliers du vent est la troisième série des aventures de Bahzell, champion de Tomanãk, faisant suite au Serment de l'épée puis aux Champions de Tomanãk. Notre héros doit faire face, comme à l'accoutumée, à cette méfiance instinctive face à son statut. À cette incrédulité, s'ajoutent cette fois-ci la haine et le rejet de par le fait que le hradani se retrouve en territoire ennemi. En effet, ces nouvelles péripéties le mènent sur les terres des Sothõïs, adversaires immémoriaux des Voleurs de Chevaux, ce qui ne va pas faciliter son intégration.

Les Sothõïs sont un peuple orgueilleux qui a tendance à camper sur ses positions et à ne pas vraiment présenter une grande ouverture d'esprit ou une quelconque forme de tolérance essentiellement en ce qui concerne les Voleurs de Chevaux car on a affaire au peuple des chevaux. Ce sont des cavaliers hors-pairs et leurs bêtes sont d'une qualité exceptionnelle. Il est donc fort peu étonnant qu'ils entretiennent des relations plutôt glaciales avec ceux qui sont reconnus pour pratiquer des razzias sur leurs hardes. De tout temps, les deux espèces ont ainsi connu de violents affrontements de part et d'autre de leur frontière commune.

Les Sothõïs sont aussi réputés pour leur alliance avec les coursiers, ces montures incomparables qui ont une personnalité en propre et qui peuvent choisir de tisser un lien avec un humain. Dans ce cas, ils forment un cavalier du vent, un guerrier redoutable en symbiose avec une monture aux caractéristiques inégalables en terme de vitesse, d'endurance et de force. Par ailleurs, ces fameux coursiers sont des personnages à part entière dans ce roman puisqu'ils sont capables de communiquer avec leur « frère » humain et par-là même de faire entendre leur voix.

Comme partout cependant, certains peuvent faire preuve d'ouverture d'esprit face à la particularité que présente Bahzell. Un focus est fait sur la famille Maîtrearcher qui se compose de Tellian, baron de Balthar et seigneur de la Monte Ouest, de son épouse Hanatha et de leur fille unique Leeana. Cette dernière est une jeune fille de quatorze ans pourvue d'un tempérament aussi enflammé que sa chevelure et qui porte sur ses épaules le poids des responsabilités en tant que seule héritière d'un domaine très convoité. Elle fait montre d'une grande maturité ainsi que d'une intelligence très développée car elle sait que certains vont essayer de se servir d'elle, notamment en demandant sa main, afin de déstabiliser son père.

Elle présente également, malgré son âge, une certaine inclination vis-à-vis de Bahzell qui sait lui prêter une oreille attentive quand elle en ressent le besoin sans jamais laisser poindre la moindre trace de moquerie à l'encontre de ses préoccupations.

On retrouve le duo habituel que forment Bahzell et Brandark ainsi que les remarques acides typiques de la relation humoristique qui s'est tissée entre le Voleur de Chevaux et l'Épée Sanglante. Brandark joue son rôle de mouche du coche à la perfection, empêchant ainsi Bahzell de perdre contact avec la réalité, même s'il sait se reprendre et devenir un compagnon sérieux et à l'intelligence affûtée quand le besoin s'en fait sentir.

Leurs qualités vont, bien entendu, être sollicitées car un complot à grande échelle est en train de se mettre en place, conduit par des forces dont les capacités dépassent de loin celles des simples mortels qu'elles utilisent. Là aussi on retrouve une des caractéristiques de cette série qui explicite fort bien les tensions et les enjeux politiques, qui met en lumière les oppositions, les inimitiés entre les humains mais aussi entre les dieux de Lumière et ceux des Ténèbres.

De plus en plus de personnages sont mis en avant et le récit se déroule à différents endroits puisque les foyers de discorde ont été multipliés, gommant ainsi l'un des reproches récurrents fait à cette série, à savoir la position centrale et écrasante du champion hradani au détriment des protagonistes secondaires et parfois des intrigues. Ici, les pôles d'intérêt sont nombreux et chacun a un rôle à tenir, une mission à mener à bien.

En bref, il s'agit d'un bon cru et on a hâte de découvrir la suite des aventures de Bahzell. Le plaisir est encore au rendez-vous même si l'on apprécierait que les champions aient enfin une vie privée.

Sig (le 18/12/2012)

Publié le 21 janvier 2013