Un homme entre. Il est vêtu d'un frac gris et d'un pantalon à fines rayures. Il est très élégant. Il se marierait que l'on n'en serait pas étonné, il tient à la main un bouquet de fleurs rouges, il semble réservé, sinon timide. C'est sans doute pour cela qu'une heure et quelque durant, il ne va cesser de parler... Ce sixième solo, Serge Valletti l'avait écrit pour lui il y a quelques saisons, il mêle en une inextricable tresse le vécu d'un être cocasse et malicieux pris dans des aventures qu'il dilate à d'héroïques dimensions et qui le conduisent du théâtre au théâtre. Sixième solo confond l'acteur en scène et le personnage dont on parle dans Hamlet, celui dont ne demeure que le crâne, Yorick, qui faisait tant rire... Ce Sixième solo est une sorte de méditation sur la vie, le réel, l'art de l'acteur, la mort, la disparition de toute certitude. C'est d'une drôlerie profonde, mais c'est grave, mine de rien. Tout Valletti est là, interprété par un de ses frères en cocasserie, un as du plateau, un ultrasensible, un acteur magnifique, Philippe Fretun. Benoît Lambert, qui met en scène, économise les effets, le tient, le retient. C'est net et fou. Un bel unisson dans l'absurdité, les échappées du sens les blancs soudain. C'est clownesque et désespéré, c'est drôle et bouleversant. Le travail de Benoît Lambert est rigoureux et seul Philippe Fretun pouvait tenir ce solo. ARMELLE HELIOT, Le Figaro, septembre 2005

Valletti - Six Solos - Le Figaro
Un homme entre. Il est vêtu d'un frac gris et d'un pantalon à fines rayures. Il est très élégant. Il se marierait que l'on n'en serait pas étonné, il tient à la main un bouquet de fleurs rouges, il semble réservé, sinon timide. C'est sans doute pour cela qu'une heure et quelque durant, il ne va cesser de parler... Ce sixième solo, Serge Valletti l'avait écrit pour lui il y a quelques saisons, il mêle en une inextricable tresse le vécu d'un être cocasse et malicieux pris dans des aventures qu'il dilate à d'héroïques dimensions et qui le conduisent du théâtre au théâtre. Sixième solo confond l'acteur en scène et le personnage dont on parle dans Hamlet, celui dont ne demeure que le crâne, Yorick, qui faisait tant rire... Ce Sixième solo est une sorte de méditation sur la vie, le réel, l'art de l'acteur, la mort, la disparition de toute certitude. C'est d'une drôlerie profonde, mais c'est grave, mine de rien. Tout Valletti est là, interprété par un de ses frères en cocasserie, un as du plateau, un ultrasensible, un acteur magnifique, Philippe Fretun. Benoît Lambert, qui met en scène, économise les effets, le tient, le retient. C'est net et fou. Un bel unisson dans l'absurdité, les échappées du sens les blancs soudain. C'est clownesque et désespéré, c'est drôle et bouleversant. Le travail de Benoît Lambert est rigoureux et seul Philippe Fretun pouvait tenir ce solo.

ARMELLE HELIOT, Le Figaro, septembre 2005

Publié le 15 juin 2009