La guerre de Troie a bien eu lieu. Fort curieusement, l'univers de la Grèce antique a peu inspiré les auteurs de fantasy. La dernière « petite merveille » de la S-F américaine, Mattew Woodring Stover, découvert en France l'année dernière avec son formidable roman subversif, Les héros meurent aussi (également chez l'Atalante), où il démontrait comment la société du spectacle orcnestree par les médias peut devenir une arme de contrôle politique, s'est attaqué au monde antique avec un livre, une nouvelle fois atypique et palpitant. Dix ans après la chute de Troie, Akkhileus (Achille et son talon fragile, pour les Béotiens) et les héros troyens sont morts. Désœuvrés, de nombreux Achéens errent sur les côtes de la Méditerranée orientale. Trois mercenaires - Barra, une Picte (Écossaise point incongrue en ces contrées, car des échanges réguliers existaient entre la Phénicie et l'Écosse, arrivée trop tard pour participer au siège de Troie), Leucas, un géant athénien hanté par le saccage de Thèbes, ancien athlète à Olympie, et Khépéru, un vague sorcier égyptien - tentent de survivre en se louant au plus offrant. Arrivé dans la ville de Tyr, capitale économique de la région, le curieux trio va se trouver engagé afin de démasquer le commanditaire d'une cabale visant à dresser les grandes familles de commerçants de la cité les unes contre les autres. Meurtres, malédiction lancée, Myrmidons - les soldats d'Achille - en guise de soldats perdus, un rejeton de Ramsès le Grand, l'enquête s'annonce ardue pour les mercenaires, menés d'une main de fer par Barra, alors que Tyr est au bord de la guerre civile. Enquête car Aube de fer oscille régulièrement entre polar, roman d'aventures, fantasy et roman historique. Stover, comme dans Les héros meurent aussi, malicieusement, adore mélanger les genres pour donner un souffle particulier à ce roman, ou les fantômes de la guerre de Troie hantent régulièrement le déroulement du livre. Pareillement aux conflits contemporains, l'auteur s'attache à démontrer que nulle civilisation ne peut rester indemne face à la guerre. Alors un siège durant plus de dix ans et se finissant avec un cheval de bois rempli de soldats... Stover entremêle avec joie légende et histoire. Achille a-t-il existé? Ou la légende s'est-elle déjà emparée de son dernier combat ? Aube de fer est un roman aux frontières de la geste de la guerre de Troie et un hommage aux épopées grecques. G. M., L'Humanité, mai 2002

Stover - Aube de fer - L'Humanité

La guerre de Troie a bien eu lieu. Fort curieusement, l'univers de la Grèce antique a peu inspiré les auteurs de fantasy. La dernière « petite merveille » de la S-F américaine, Mattew Woodring Stover, découvert en France l'année dernière avec son formidable roman subversif, Les héros meurent aussi (également chez l'Atalante), où il démontrait comment la société du spectacle orcnestree par les médias peut devenir une arme de contrôle politique, s'est attaqué au monde antique avec un livre, une nouvelle fois atypique et palpitant.

Dix ans après la chute de Troie, Akkhileus (Achille et son talon fragile, pour les Béotiens) et les héros troyens sont morts. Désœuvrés, de nombreux Achéens errent sur les côtes de la Méditerranée orientale. Trois mercenaires - Barra, une Picte (Écossaise point incongrue en ces contrées, car des échanges réguliers existaient entre la Phénicie et l'Écosse, arrivée trop tard pour participer au siège de Troie), Leucas, un géant athénien hanté par le saccage de Thèbes, ancien athlète à Olympie, et Khépéru, un vague sorcier égyptien - tentent de survivre en se louant au plus offrant. Arrivé dans la ville de Tyr, capitale économique de la région, le curieux trio va se trouver engagé afin de démasquer le commanditaire d'une cabale visant à dresser les grandes familles de commerçants de la cité les unes contre les autres.

Meurtres, malédiction lancée, Myrmidons - les soldats d'Achille - en guise de soldats perdus, un rejeton de Ramsès le Grand, l'enquête s'annonce ardue pour les mercenaires, menés d'une main de fer par Barra, alors que Tyr est au bord de la guerre civile. Enquête car Aube de fer oscille régulièrement entre polar, roman d'aventures, fantasy et roman historique. Stover, comme dans Les héros meurent aussi, malicieusement, adore mélanger les genres pour donner un souffle particulier à ce roman, ou les fantômes de la guerre de Troie hantent régulièrement le déroulement du livre. Pareillement aux conflits contemporains, l'auteur s'attache à démontrer que nulle civilisation ne peut rester indemne face à la guerre. Alors un siège durant plus de dix ans et se finissant avec un cheval de bois rempli de soldats... Stover entremêle avec joie légende et histoire. Achille a-t-il existé? Ou la légende s'est-elle déjà emparée de son dernier combat ? Aube de fer est un roman aux frontières de la geste de la guerre de Troie et un hommage aux épopées grecques.

G. M., L'Humanité, mai 2002

Publié le 18 juin 2009