Une lecture qui marque, à l'image d'un conte.

Comme l'exigeait la forêt - S book library
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Je ne savais pas trop dans quoi je me lançais... Je n'avais jamais lu l'autrice mais le mot "conte" m'a attiré dans ses filets, comme souvent (je suis faible parfois je l'admets).

Véris est déjà allée dans les bois de l'Ormévère, et la seule à être revenue. Alors le tyran lui ordonne d'aller chercher ses deux enfants, disparus dans la forêt. Mais il y a des règles.

C'est une novella, et pourtant, j'ai mis un peu de temps à la lire. Bien que très courte, j'avais l'impression que le texte m'imposait de prendre mon temps, de ne pas me précipiter. D'écouter, de marcher doucement entre les arbres, d'être à l'affût. Alors c'est ce que j'ai fait.
J'ai parcouru les pages au rythme du souffle de Véris, au rythme de ses allers-retours, de ses bifurcations, des indications de ses trois signes. J'ai retenu ce même souffle lorsqu'elle croisait ceux qui vivent dans les bois. Car la forêt n'aime guère les intrus. Ou du moins, elle ne veut pas les rendre.

La plume de l'autrice est simple et tortueuse à la fois. Les phrases ne coulent pas, elles s'enroulent, suivent les ramures et les veines des feuilles.  On s'y fait. On s'adapte, on cale notre pas sur le sien.
Je ne sais toujours pas ce que cette histoire m'a laissé. Je n'ai pas adoré et je n'ai pas détesté. Le premier mot qui me vient quand j'y pense c'est la curiosité. Je ne savais pas où l'autrice m'emmenait mais la curiosité me poussait toujours à continuer. Je voulais connaître le bout du chemin. Je voulais voir apparaître la lumière entre les branches épaisses. Je voulais savoir si la forêt la relâcherait - comme si elle nous tenait toutes les deux. 

C'est un texte particulier. Une fantasy étrange, proche du conte cruel, qui interroge. À travers la quête de Véris, on vient à parler du deuil, de ce qu'il laisse ou fait disparaître, de la guerre - que deviennent les opprimés face aux oppresseurs. L'amour existe-t-il chez ceux qui prennent et massacrent ?

L'autrice nous guide à travers son oeil critique. Le pouvoir, la perte, le sacrifice... à travers ses bois, elle tisse, file, noue et dénoue.

Une lecture qui marque, à l'image d'un conte.

Publié le 3 septembre 2025

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