En somme, ce court roman, où il se passe quelque chose quasi à chaque page sans essouffler le lecteur ou la lectrice, donne à penser tout en distrayant, et est la digne suite du précédent.

Ce qui se dit par la montagne - Les Chroniques de l'Imaginaire
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Reid est arrivée à Howse, où on lui fait immédiatement le traitement qui endort le parasite. La compagne de chambre qui lui est attribuée, sur sa demande, partage les mêmes évidences, et les mêmes surprises : à Howse, on étudie, on mange, seul dans sa chambre. Les gens des villes sont des inconnus considérés avec un mélange d'effroi, de vague dégoût, et de condescendance. En tout cas, il n'est pas question d'aller les rencontrer, et encore moins de les aider.

Des interrogations persistent pour Reid, la première étant la question de savoir pourquoi personne ne repart de Howse après avoir terminé ses études. Par ailleurs, même si elle trouve le niveau des enseignements décevant, elle est fascinée par la vie sauvage, végétale et animale, qui entoure le complexe.

Le roman commence immédiatement où le précédent s'était arrêté, et comme il en évoque certains personnages et péripéties, il me semble nécessaire d'avoir lu La migration annuelle des nuages et de l'avoir en mémoire pour ne rien perdre de celui-ci.

Le côté rebelle de Reid apparaît de plus en plus, comme sa haine viscérale pour le "parasite" qui l'habite et son désir brûlant de faire bénéficier son monde d'origine des connaissances qu'elle est venue acquérir. C'est principalement là que le bât blesse, du fait que "sur la montagne" on ne s'intéresse au monde extérieur que de façon à la fois condescendante - on les voit comme des sauvages ignorants - et théorique, et il est exclus d'aller à leur rencontre. L'habileté de l'auteure consiste dans le traitement de ces personnages. En effet, loin d'être intentionnellement malveillants, ce sont des ignorants qui ignorent l'être, et dont certains s'intéressent suffisamment à Reid pour essayer au moins de faire un effort. Cela enlève tout manichéisme à l'histoire.

Par ailleurs, on voit nettement le contraste avec la dévastation qui entoure la ville d'origine de Reid, malgré tous les efforts de réparation de ses habitants, et la richesse de la nature préservée "sur la montagne", à la fois végétale et animale. Une autre habileté de l'autrice est d'indiquer par petites touches les conséquences sur les habitants de ces différences d'environnement : solidarité/individualité, acceptation de la mort comme naturelle/refus de la fin de toute chose, sont des éléments bien mis en valeur.

En somme, ce court roman, où il se passe quelque chose quasi à chaque page sans essouffler le lecteur ou la lectrice, donne à penser tout en distrayant, et est la digne suite du précédent.

Publié le 7 avril 2025