Il y a clairement un côté pulpien avec des rebondissements incessants (on va de A à B pour revenir à A), et un côté picaresque avec tous ses personnages qui entrent et sortent du récit un peu trop rapidement pour être autrement que fonctionnels, mais au final on ne cesse de passer à la bonne grosse fantasy de "L'Oeil Noir" à la Dark Fantasy des familles de "Dark Sun". Au final c'est assez déstabilisant, et personnellement je suis assez curieux de voir comment la formule de l'auteur se déploie dans une fantasy moins sombre et plus traditionnelle…

Meyer - Le Seigneur des tempêtes Livre 2 - Babelio - Alfaric
Article Original
J'avoue sans aucune honte qu'après une oeuvre ambitieuse mais ennuyeuse, se piquant de livrer de grands messages sur la vie, la mort et la réalité, cela m'a fait grand plaisir de retrouver dans cette oeuvre-ci le plaisir de la ligne droite (pour en plus recevoir au final le même message sur la vie, la mort et la réalité ^^)…

Dans ce tome 2, intitulé "La Guerre des voeux", on alterne dans la métropole de Bagdad les tribulations de Tarik et Sabatéa qui tournent autour du palais du calife, et dans les grands espaces sauvages les tribulations de Junis et Maryam qui tournent autour de l'armée des djinns (avec une sympathique inversion des rôles puisque le frère aîné se met à parler avec ses poings alors que le frère cadet se met à se battre avec ses mots).
Traques, cavales, infiltrations, exfiltrations, escarmouches et finalement bataille rangée entre les Seigneurs des Tempêtes et les Princes des Djinns sont parsemées de gros clins d'oeil à l'oriental fantasy hollywoodienne avec ses génies, ses chevaux d'ivoires, ses assassins de kali et ses voleurs de Bagdad… Longue vie à l'héritage de ce merveilleux magicien qu'était Ray Harryhausen certes, mais ici on est dans le post-apo et le survivalisme ! (avec des Grillons Grégaires qui jouent le rôle de kaijûs alors que dans les deux équipes on retrouve des débats moraux issus de l'Histoire de la WWII)
Car effectivement il y a un côté désespéré dans l'univers décrit par l'auteur allemand Kai Meyer, avec par exemple le calife Hâroun ar-Rachîd qui explique qu'il n'est pas fait pour être le souverain de la dernière bataille car il sait qu'il a échoué et qu'il ne veut pas être celui qui assistera à l'extinction de l'humanité, ou le magicien Khalis qui est moins intéressé par le sort du monde que par celui de sa défunte fille enfermée dans un cercueil de miel…
Toujours est-il qu'entre l'exploit de Tarik au début du roman qui prend d'assaut à lui tout seul le palais de calife, et l'exploit de Junis à la fin du roman qui s'attaque aux magiciens des chaînes et aux princes djinns à lui tout seul, le roman manque quand même sacrément de peps… Au final rien n'est à incriminer, mais il manque quelque chose dans les personnages, dans les situations et dans l'univers pour que l'ensemble monte vraiment d'un cran… Car les personnages passent pas mal de temps à raconter leurs histoires, à poser des questions, et à recevoir des réponses…
Dévoiler le texte masqué
Au final, alors que la Bataille de Bagdad n'est même pas entamée, la team Tarik file vers le Sud pour rejoindre la légendaire Cité de Skarabapur où les djinns souhaitent s'emparer du Troisième Voeux volé aux efrits pour anéantir l'humanité, et où les hommes souhaitent s'emparer du Troisième Voeux volé aux efrits pour anéantir les djinns, tandis que telle ou telle faction / individualité souhaite s'en emparer pour réaliser ses propres ambitions…
Car oui, il y a toute une allégorie philosophique voire métaphysique autour du Troisième Voeu, celui qui doit réparer toutes les erreurs causées par les premiers et deuxièmes voeux qui représentent les ambitions démesurées et insensées de l'humanité….

Il y a clairement un côté pulpien avec des rebondissements incessants (on va de A à B pour revenir à A), et un côté picaresque avec tous ses personnages qui entrent et sortent du récit un peu trop rapidement pour être autrement que fonctionnels, mais au final on ne cesse de passer à la bonne grosse fantasy de "L'Oeil Noir" à la Dark Fantasy des familles de "Dark Sun". Au final c'est assez déstabilisant, et personnellement je suis assez curieux de voir comment la formule de l'auteur se déploie dans une fantasy moins sombre et plus traditionnelle…
 
Publié le 30 novembre 2016