"Je suis un contemplatif " Marlon a installé sa barque au Quai. Sa Nouvelle comédie fluviale, qu'il interprète avec Jean-Claude Leguay, est à savourer jusqu'à vendredi, sur la Scène de répétition du NTA. Comment est né ce spectacle? Ged Marlon : "C'est une longue histoire. Je travaillais sur le spectacle Une bonne journée de vacance. On répétait sur un canapé et j'écrivais le texte au fur et à mesure. Un texte un peu fou déjà, un peu bancal. Le spectacle n'a pas tourné mais je voulais poursiuvre dans cette veine. J'ai donc réécrit cette histoire de deux types en smoking qui se réveillent dans une barque. Cela a donné Comédie fluviale, créé à Créteil, en 1997. J'ai voulu le reprendre dans le privé mais c'est un mauvais souvenir. Je suis parti sur autre chose avec Un simple froncement de sourcils et Ged Marlon Solo !. Et puis j'ai remis le nez dans cette "Comédie". Mon écriture étant plus solide depuis cinq-six ans, j'ai trouvé intéressant d'aller au bout de cette longue aventure". Pourquoi avoir choisi la pêche comme activité de vos deux personnages? "D'un côté il y a des souvenirs d'enfance, quand je voyais les pêcheurs, sur la Côte d'Azur, partir en mer. Je ne pêche pas régulièrement, mais cela m'arrive encore, à Pornichet, de le faire avec des amis. Mais c'est surtout pour ce que la pêche représente : c'est un temps suspendu, un moment arrêté qui est propice à la rêverie, qui permet à l'esprit de vagabonder. Je suis un contemplatif. Et j'aimais cette contrainte de la barque. Faire un spectacle avec un espace de deux mètres cinquante en y créant un imaginaire fantaisiste et en invitant le public à entrer dans ce monde est excitant. Je n'aime pas trop l'écriture réaliste. Aucune référence sociale ne caractérise mes personnages. Ils sont dans le présent et parlent de ce qui leur vient à l'esprit". Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans l'élaboration de cette création? "C'est très difficile à jouer. Il n'y a pas de mécanique à la Feydeau. Le plus dur est de rester simple dans le jeu. Il ne faut pas essayer de mettre du sens et trop s'investir dans le rôle. Cela nécessite un abandon. Le spectacle est aussi dans les silences, dans les moments de pêche. Mais nous sommes plus à l'aise, avec Jean-Claude, sur l'entraînement des scènes, les ayant bien mémorisées". On pense à l'humour des Monty Python en voyant votre spectacle... "Oui, c'est une référence possible. C'est l'humour à l'anglaise. Mais il y a aussi Tex Avery, Buster Keaton, Tati ou encore Raymond Devos, dans ce passage d'une situation banale à une plongée dans l'absurde". Télé, cinéma, théâtre... Vous avez goûté à tout, les plaisirs sont-ils les mêmes? "C'est bien de pouvoir faire un peu tout. Longtemps, je n'étais pas très détendu au cinéma. Le déclic, ce fut Laisser-passer de Bertrand Tavernier. Et j'ai pris beaucoup de plaisir avec Clinique de l'amour d'Artus de Penguern. Mais si j'avais été emporté par le cinéma, je n'aurais pas écrit mes spectacles. Et trouver mon écriture, aller au bout de moi-même est un vrai bonheur". Une plongée dans l'absurde en jolie nage indienne Deux types se réveillent sur une barque. L'un est Sitting Bull, l'autre Davy Crockett. Ils pêchent. Ils dissertent sur la vie, leur parcours, leurs interrogations. Et elles ne sont pas banales : "Et dire qu'à cet instant précis, quelque part dans le monde, des gens jouent au minigolf !". Vous le devinez, Nouvelle comédie fluviale marie avec bonheur un humour décalé par le verbe, un comique par le geste (les mimiques des deux comédiens sont irrésistibles et une certaine idée de la poésie de la vie. Ajoutez à cela des trouvailles scéniques surprenantes, et très drôles, une bande-son efficace, et vous comprendrez que cette fantaisie ludique se vit plus qu'elle ne s'apprivoise. Pour peu que l'on rentre dans l'imaginaire foisonnant de Ged Marlon, l'instant (suspendu) est divin ! Lelian, Le Courrier de l'Ouest (18/12/2012)

Marlon - Nouvelle Comédie Fluviale - Le Courrier de l'Ouest

"Je suis un contemplatif "

Marlon a installé sa barque au Quai. Sa Nouvelle comédie fluviale, qu'il interprète avec Jean-Claude Leguay, est à savourer jusqu'à vendredi, sur la Scène de répétition du NTA.

Comment est né ce spectacle?

Ged Marlon : "C'est une longue histoire. Je travaillais sur le spectacle Une bonne journée de vacance. On répétait sur un canapé et j'écrivais le texte au fur et à mesure. Un texte un peu fou déjà, un peu bancal. Le spectacle n'a pas tourné mais je voulais poursiuvre dans cette veine. J'ai donc réécrit cette histoire de deux types en smoking qui se réveillent dans une barque. Cela a donné Comédie fluviale, créé à Créteil, en 1997. J'ai voulu le reprendre dans le privé mais c'est un mauvais souvenir. Je suis parti sur autre chose avec Un simple froncement de sourcils et Ged Marlon Solo !. Et puis j'ai remis le nez dans cette "Comédie". Mon écriture étant plus solide depuis cinq-six ans, j'ai trouvé intéressant d'aller au bout de cette longue aventure".

Pourquoi avoir choisi la pêche comme activité de vos deux personnages?

"D'un côté il y a des souvenirs d'enfance, quand je voyais les pêcheurs, sur la Côte d'Azur, partir en mer. Je ne pêche pas régulièrement, mais cela m'arrive encore, à Pornichet, de le faire avec des amis. Mais c'est surtout pour ce que la pêche représente : c'est un temps suspendu, un moment arrêté qui est propice à la rêverie, qui permet à l'esprit de vagabonder. Je suis un contemplatif. Et j'aimais cette contrainte de la barque. Faire un spectacle avec un espace de deux mètres cinquante en y créant un imaginaire fantaisiste et en invitant le public à entrer dans ce monde est excitant. Je n'aime pas trop l'écriture réaliste. Aucune référence sociale ne caractérise mes personnages. Ils sont dans le présent et parlent de ce qui leur vient à l'esprit".

Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans l'élaboration de cette création?

"C'est très difficile à jouer. Il n'y a pas de mécanique à la Feydeau. Le plus dur est de rester simple dans le jeu. Il ne faut pas essayer de mettre du sens et trop s'investir dans le rôle. Cela nécessite un abandon. Le spectacle est aussi dans les silences, dans les moments de pêche. Mais nous sommes plus à l'aise, avec Jean-Claude, sur l'entraînement des scènes, les ayant bien mémorisées".

On pense à l'humour des Monty Python en voyant votre spectacle...

"Oui, c'est une référence possible. C'est l'humour à l'anglaise. Mais il y a aussi Tex Avery, Buster Keaton, Tati ou encore Raymond Devos, dans ce passage d'une situation banale à une plongée dans l'absurde".

Télé, cinéma, théâtre... Vous avez goûté à tout, les plaisirs sont-ils les mêmes?

"C'est bien de pouvoir faire un peu tout. Longtemps, je n'étais pas très détendu au cinéma. Le déclic, ce fut Laisser-passer de Bertrand Tavernier. Et j'ai pris beaucoup de plaisir avec Clinique de l'amour d'Artus de Penguern. Mais si j'avais été emporté par le cinéma, je n'aurais pas écrit mes spectacles. Et trouver mon écriture, aller au bout de moi-même est un vrai bonheur".

Une plongée dans l'absurde en jolie nage indienne

Deux types se réveillent sur une barque. L'un est Sitting Bull, l'autre Davy Crockett. Ils pêchent. Ils dissertent sur la vie, leur parcours, leurs interrogations. Et elles ne sont pas banales : "Et dire qu'à cet instant précis, quelque part dans le monde, des gens jouent au minigolf !". Vous le devinez, Nouvelle comédie fluviale marie avec bonheur un humour décalé par le verbe, un comique par le geste (les mimiques des deux comédiens sont irrésistibles et une certaine idée de la poésie de la vie. Ajoutez à cela des trouvailles scéniques surprenantes, et très drôles, une bande-son efficace, et vous comprendrez que cette fantaisie ludique se vit plus qu'elle ne s'apprivoise. Pour peu que l'on rentre dans l'imaginaire foisonnant de Ged Marlon, l'instant (suspendu) est divin !

Lelian, Le Courrier de l'Ouest (18/12/2012)

Publié le 23 janvier 2013